25 avr 2024

Comment la créatrice Emily Bode réinvente les pièces d’archives Nike ?

Si Nike multiplie les collaborations, sa toute dernière avec Emily Bode ne ressemble à aucune autre. Perles, nœuds, et esthétique rétro : la créatrice américaine s’est plongée dans les archives de la marque de sport pour en réinventer les modèles iconiques de façon aussi surprenante que désirable. Rencontre.

Propos recueillis par Camille Bois-Martin.

Nike x Bode : une collaboration mode entre artisanat et sport

 

Difficile d’imaginer des pièces novatrices pour une marque comme Nike, qui cumule depuis des décennies les collaborations avec de prestigieuses marques, et possède déjà une ribambelle de baskets et de vêtements précurseurs depuis sa fondation en 1964. Pourtant, ce pari, Emily Bode l’a relevé haut la main au gré d’une collection mêlant artisanat et matériaux anciens, qui réinvente totalement l’esthétique du label de sport, tout en célébrant son histoire. 

 

Pour l’imaginer, la créatrice américaine, qui a fondé sa marque Bode en 2016, s’est aventurée dans les riches archives de Nike, où elle a pioché les pièces les plus iconiques, et où elle a également profité pour rencontrer des personnalités fondatrices, à l’image du premier employé de la marque, Jeff Johnson. En ressort une collection sobre et moderne, qui affiche déjà sold-out depuis sa sortie aux États-Unis. À l’occasion de la mise en vente de la collaboration Bode x Nike au Nike Lab de Paris, puis de sa sortie dans tout l’Hexagone à partir du 1er mai 2024, Numéro est allé à la rencontre d’Emily Bode, pour parler mode, histoire et, bien sûr, sport. 

 

Rencontre avec la créatrice de mode Emily Bode pour sa collaboration avec Nike

 

Numéro : Comment les équipes de Nike vous ont-elles approché pour cette collaboration ?

Emily Adams Bode Aujla : Nous avons commencé à échanger avec Nike il y a déjà presque cinq ans, d’abord à propos d’une collaboration sur une paire de chaussures spécifique. Puis les discussions ont continué et je pense que les équipes ont apprécié l’univers de ma marque, et son identité visuelle très marquée.

 

Comment était-ce de travailler pour une marque internationale comme Nike, plutôt que pour votre label ?

C’était très fun ! J’ai toujours voulu travailler avec Nike car c’est une marque américaine historique. J’ai lu et relu L’art de la victoire [publié en 2016 par Philip Knight, P-DG de 1964 à 2004] depuis sa sortie, et j’ai toujours été fascinée par l’histoire de la marque et de ses fondateurs, que je trouve tellement inspirante. Quand nous avons commencé à discuter de cette collaboration, c’était dès le début très important pour moi de pouvoir discuter avec les premiers employés de Nike, d’avoir une image réelle, concrète, à propos des débuts.

 

Qu’est-ce qui vous a attiré dans cette collaboration avec Nike ?

Ce qui m’a fascinée, c’est vraiment la passion qui anime leurs équipes depuis la fondation de la marque. Tous les premiers acteurs ne considéraient pas forcément Nike comme une nouvelle carrière ; ils étaient tous coachs ou athlètes en parallèle. Donc, toutes les pièces techniques qu’ils ont conçues, c’était naturel pour eux. Et c’est comme ça que j’ai moi-même lancé Bode : je fabriquais des vêtements de façon naturelle, à partir de pièces que je collectionnais depuis petite.

 

Est-ce donc la raison pour laquelle Bode et Nike font la paire ?

Oui ! Surtout, le timing s’est avéré important. J’ai fondé la ligne Bode Recreation en début d’année : l’idée de proposer des collections mixtes autour des vêtements de sport et de loisirs, en mettant l’accent sur l’histoire institutionnelle du sport américain. Comment celui-ci a façonné notre culture, influencé notre identité… Je voulais aussi travailler sur des vêtements plus techniques, centrés autour des questions de portabilité et de durabilité. M’associer à une marque comme Nike prenait donc beaucoup de sens, tant ils sont déjà très impliqués sur ces sujets.

Pour imaginer cette collection, vous vous êtes donc plongée dans les archives de Nike…

J’avais plusieurs bases d’inspiration pour cette collection. L’une des premières étant que mon père était un co-capitaine de son équipe de football au lycée et à l’université, et j’ai noté dans un coin de ma tête l’année 1971, qui est celle de son obtention de diplôme. Cette date a vraiment été le point de départ de ma collection. Et il se trouve que, la même année, Nike a été chargé de réaliser des baskets compatibles avec du gazon esthétique : les fameuses Astro Grabber.

 

Que vous avez donc réinterprété au sein de cette collaboration.

J’ai imaginé deux versions des chaussures Astro Grabber : l’une en cuir noir, l’autre en maille de coton écru. J’ai beaucoup institué sur cette deuxième version car, la façon dont elle était fabriquée à l’origine, ne leur permettrait pas de résister à des climats humides ni au temps. C’était donc important pour moi de relancer cette paire avec une méthode plus durable.

 

Comment avez-vous réussi à préserver votre identité visuelle au sein de cette collaboration avec Nike ?

Mon identité et celle de Bode transparaît vraiment au sein de cette collection, que ce soit au travers de la technique artisanale ou des ornementations des vêtements. Les liens, les épingles, les liens, les perles… Tout a été finalisé à la main, ce qui est très nouveau pour une collection Nike. Sans oublier les cracker jack charms, que je collectionnais petite et que j’ai décidé d’accrocher sur plusieurs pièces, dont les Astro Grabber.

 

Cette collaboration sur des vêtements de sport avec une grande marque est lancée à l’approche des Jeux Olympiques de Paris 2024… Quel est votre lien personnel avec le sport ?

J’ai grandi en étant très sportive, je jouais au tennis et au softball. J’ai d’ailleurs envisagé de faire une université de softball ! Mais, aujourd’hui, j’appréhende le sport de manière plus philosophique, dans ses concepts plus larges de challenge et de loisir, qui nous permettent de se construire en tant que personne.

 

La collection Bode Rec. x Nike disponible à Paris exclusivement au Nike Lab, 12 Rue des Hospitalières Saint-Gervais, Paris 4e, puis sur nike.com et dans les boutiques Nike à partir du 1er mai 2024.