5 mai 2021

Chantal Thomass : trois looks extravagants en vente chez Drouot

Principalement connue pour sa ligne de lingerie, Chantal Thomass fût aussi créatrice de prêt-à-porter. Son univers pop et débridé est à redécouvrir en ce début du mois de mai à travers une vente aux enchères de quelques 274 pièces à l’Hôtel Drouot.

© Jo Zhou

Avant de devenir l’un des grands noms de la lingerie française, Chantal Thomass a évolué dans le prêt-à-porter, du début des années 70 à la fin des années 90. Avec des créations pop présentées dans des défilés-spectacles, elle a contribué à célébrer une mode festive et débridée. Proche de Kenzo Takada, qui l’a aidé à mettre en place ses premiers shows, et de Jean-Charles de Castelbajac, elle fait partie de cette génération de créateurs qui n’a eu de cesse que de vouloir dérider la mode, avec beaucoup d’humour et une grande liberté. Le jeudi 6 mai, 274 de ses pièces seront mises aux enchères par la maison de ventes Millon. Avec des pièces uniques et des vêtements et accessoires de prêt-à-porter, la vente retrace près de 40 ans de mode, de plumes et d’audace. A cette occasion, Numéro a sélectionné trois des plus beaux lots qui sont à découvrir à l’Hôtel Drouot. 

Le manteau en marabout et plume d’autruche porté par Isabelle Adjani (catalogue de vente) © Jo Zhou – Millon

1. Manteau blanc en marabout et plume d’autruche (automne-hiver 1984) 

 

Porté par Isabelle Adjani à l’occasion de la cérémonie des César en 1984, ce manteau blanc en marabout et plumes d’autruche est une pièce unique, emblématique de l’imaginaire burlesque et fantasque de Chantal Thomass. Ce soir là, l’actrice avait été récompensée pour sa prestation dans L’Eté Meurtrier, de Jean Becker. Ayant fréquemment travaillé avec des plumassiers parisiens pour ses créations, Chantal Thomass fait dans la démesure avec cette pièce XXL, conçue dans l’esprit cancan qui traverse toutes ses collections. Alliant légèreté et extravagance, le manteau se veut à la fois spectaculaire et confortable à porter, loin de ce que l’on pouvait observer à l’époque sur les tapis rouges. Instrument de séduction, fantaisie rieuse, la plume (autruche, marabout, duvet) devient rapidement le matériau phare de Chantal Thomass, qu’elle décline en boléro, bustier, mules ou éventails. 

Ensemble en vichy (printemps-été 1988) © Jo Zhou

2. Ensemble en vichy coton et lycra (printemps-été 1988)
 


Avec son soutien-gorge et sa capeline assortis, cet ensemble en vichy coton et lycra rose et blanc a été porté par Carla Bruni pendant le défilé printemps-été 1988. Rappelant le style Bardot, entre la fin des années 50 et le début des années 60, le motif vichy est particulièrement apprécié par la créatrice qui en a fait la star de plusieurs de ses défilés. Trois ans plus tard, en 1991, le créateur Azzedine Alaïa centrait à son tour sa collection printemps-été sur le motif vichy, directement emprunté à la toile de bâche de Tati. À propos de l’ensemble, Chantal Thomass explique qu’il témoigne du début des mélanges de matières qui donnaient de l’élasticité aux vêtements, permettant de tailler des silhouettes très près du corps sans pour autant renoncer au confort. Avec sa composition en lycra, l’ensemble introduit le pantacourt sculptant, des années avant le retour du cycliste dans nos pages mode. La veste tailleur ajustée s’inscrit dans l’ère du power dressing, tendance majeure des années 1980, célébrant la puissance et l’assurance de la femme active moderne.  

Ensemble en vichy (printemps-été 1988) © Jo Zhou

3. Ceinture de chasteté (automne-hiver 1993/1994)

 

Si elle lance sa ligne de lingerie en 1999, plusieurs années après avoir arrêté les défilés, les dessous ont toujours eu une place importante dans ses collections, depuis ses premiers pas sur les podiums. Comme elle l’affirme dans le catalogue de la vente, la lingerie est “l’accessoire indissociable de sa mode”. Souvent détournés de leur usage premier, les sous-vêtements deviennent des tenues à part entière et ne disparaissent pas sous les vêtements. Au contraire, ils acquièrent une place de choix sur ses catwalk, à l’image de cette ceinture de chasteté en cuir argenté clouté présentée lors du final de son défilé “Hard Rock Médiéval” (1993/1994). Avec ses jarretelles en chaînes et ses bottes compensées en cuir noir, la ceinture était la pièce maîtresse du look de  mariée du défilé, comme une réinterprétation irrévérencieuse de la robe blanche et virginale à laquelle on est habitué.  

 

CHANTAL THOMASS « 40 ans de Mode »
Commissaire-Priseur Maître ALEXANDRE MILLON Expert DIDIER LUDOT 

Vente aux enchères publique – Drouot – Salle 5
Jeudi 6 mai 2021– 14h

Exposition publique – Drouot – Salle 5
Mardi 4 mai – 11h / 18h
Mercredi 5 mai – 11h / 20h
Jeudi 6 mai – 11h / 12h