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CHAM, une mode pour les femmes qui n’aiment pas s’habiller
Lancée en 2023, CHAM réussit le pari de proposer une mode cool et sensuelle pour les femmes qui aiment les vêtements, mais détestent s’habiller. Un pari audacieux que relève haut la main Christy Cham, fondatrice de la marque, qui a débuté sa carrière comme costumière pour le cinéma.
par Léa Zetlaoui.

CHAM, une mode cool made in Los Angeles
L’expression Less is more semble avoir été pensée pour CHAM. Lancée en juin 2023 à Los Angeles cette jeune marque s’impose déjà comme une évidence pour les adeptes d’un style effortless sans être ennuyeux. Conçues dans une matière légère, moulante et confortable, déclinées dans des couleurs sobres, les pièces CHAM composent des silhouettes sensuelles et minimalistes.
Pourtant, rien ne prédestinait Christy Cham à lancer une marque de mode. En effet, avant de débuter l’aventure CHAM, l’entrepreneuse américaine imaginait des costumes pour le cinéma. Assistante de la célèbre costumière Jacqueline West, elle collabore notamment aux films Dune, de Denis Villeneuve. Pour Numéro, elle raconte son parcours et sa vision de la mode.


Les débuts de Christy Cham dans la mode
Numéro : Quel est votre tout premier souvenir lié à la mode ?
Christy CHAM : Mon tout premier souvenir lié à la mode remonte à l’enfance : je me déguisais et je m’introduisais en cachette dans le placard de ma mère pour essayer ses vêtements et ses chaussures, même si rien ne m’allait. Cela a déclenché mon amour pour la mode. Encore aujourd’hui, si je tombe sur une pièce que j’aime, je l’achète, peu importe si elle me va ou non. Je la fais retoucher, je la stylise et je me l’approprie.
Comment décririez-vous votre relation personnelle avec la mode — a-t-elle évolué avec le temps ?
Ma relation au style a définitivement évolué avec le temps. Au début, il s’agissait surtout de s’intégrer, de suivre les tendances ou de porter ce que les autres portaient. Mais en gagnant confiance en moi, mon style a commencé à refléter ma personnalité plutôt que les tendances. Aujourd’hui, je vois le style comme une forme d’expression personnelle. Ce n’est plus pour impressionner les autres, mais pour rester fidèle à moi-même.

De costumière de cinéma à créatrice de mode
Quand avez-vous réalisé que la mode était plus qu’une passion, que c’était une voie professionnelle à suivre ?
J’ai compris que la mode était plus qu’une passion quand elle s’est intégrée naturellement à tout ce que je faisais. Que ce soit aider mes amis à composer des tenues ou chercher du tissu à apporter à un couturier, cela ne m’a jamais semblé être un travail, mais une vocation. Le déclic s’est produit quand j’ai commencé à recevoir des retours sincères et des encouragements pour mon œil du détail et mon originalité. J’ai alors su que je voulais transformer cette passion en profession — pas seulement parce que je l’aimais, mais parce que je savais que j’avais quelque chose à apporter à l’industrie.
Vous avez débuté aux côtés de la célèbre costumière Jacqueline West. Qu’est-ce qui vous a attiré vers le costume pour le cinéma ?
Au cours de mes études à Otis, j’ai été placée par hasard dans un cours de design de costumes. Jusqu’alors, je n’avais jamais vraiment considéré l’importance du costume et à quel point il reliait mode et narration. Ce cours a complètement changé ma perspective, et j’ai compris la puissance du costume au cinéma : il peut définir un personnage, créer une ambiance, transporter un public à une autre époque — sans dire un mot. C’est ce qui m’a attirée vers ce domaine, et c’est avec cette même curiosité que j’ai abordé des projets comme Dune.
Un souvenir marquant de cette période ?
Il y a quelque chose de très stimulant à se poser la question : “Que porteraient les gens dans 20 000 ans ?” Sur Dune, Jacqueline et moi avons commencé avec les descriptions de Frank Herbert [auteur du roman qui a inspiré les films, ndlr], puis collaboré étroitement avec Denis Villeneuve pour créer un univers visuel à la fois futuriste et ancré dans le réel. Mélanger cela à la fonctionnalité, à la symbolique et au style a rendu ce processus créatif à la fois stimulant et incroyablement gratifiant.
“Nous concevons pour la femme qui aime les vêtements, mais déteste s’habiller.” Christy Cham.


CHAM, une mode cool et sensuelle
Qu’est-ce qui vous a inspirée à lancer Cham votre propre marque ?
J’ai toujours su que je voulais créer ma propre marque, mais je savais aussi que si je le faisais, ce devait être quelque chose d’unique, qui comblait un vide sur le marché. Je ne voulais pas créer pour créer, mais offrir une marque avec une vision claire et un but. Dans un monde de mode rapide, je voulais proposer quelque chose de différent.
Comment décririez-vous le style et l’essence de vos collections en quelques mots ?
“Des basiques qui n’ont rien de basique” : c’est la description parfaite, car un basique peut être bien plus qu’un simple t-shirt.
Que signifient pour vous la féminité et la sensualité, et comment ces concepts s’expriment-ils dans vos créations ?
Chaque élément — les couleurs, les styles, les silhouettes — est pensé avec intention. Les tissus sont choisis non seulement pour leur confort, mais pour valoriser et accompagner le corps.
Quel message ou quelle émotion souhaitez-vous transmettre à travers vos créations ?
Je veux éliminer le stress de “je n’ai rien à me mettre”. Nous concevons pour la femme qui aime les vêtements, mais déteste s’habiller. Nos pièces sont pensées pour simplifier cette routine, offrant des essentiels fiables et élégants qui la font se sentir confiante sans se prendre la tête.
Comment conciliez-vous tendances et intemporalité dans vos collections ?
C’est exactement pourquoi j’ai bâti ma marque autour de basiques haut de gamme. Je voulais créer des pièces au-delà des tendances passagères. Les tendances vont et viennent, mais je me concentre sur des silhouettes intemporelles, des détails soignés et une qualité durable.
La durabilité devient un enjeu majeur dans la mode — quelle est l’approche de CHAM à ce sujet ?
Chez CHAM, la durabilité commence par la longévité. Nous créons des pièces faites pour durer, autant par leur qualité que par leur style. Nos tissus sont testés pour résister à l’usure, et nos coutures sont pensées pour tenir dans le temps. Nous choisissons des coupes et des couleurs intemporelles pour que nos pièces restent pertinentes saison après saison. C’est un design réfléchi, qui encourage à garder les vêtements, et non à les jeter.
Et pour la suite de CHAM? Des projets à venir à partager ?
Nous étions prêts à nous lancer dans l’univers des accessoires, mais pas avec des produits déjà vus. Il fallait que ce soit nouveau, unique. Nous sommes ravis de lancer cette nouvelle catégorie en juin et avons hâte de la partager avec le monde.


En tant qu’entrepreneure de la mode, quel a été votre plus grand défi ?
L’un des plus gros défis a été de voir mes créations copiées. Même si l’inspiration fait partie du processus créatif, c’est frustrant de voir des idées reprises sans originalité. Heureusement, l’un de nos plus grands atouts est notre tissu exclusif. Sa complexité rend sa reproduction très difficile : seule une usine spécialisée peut le produire. Ce niveau d’exclusivité protège notre marque et nous distingue dans un marché compétitif.
Comment définissez-vous le succès en tant que créatrice et cheffe d’entreprise ?
Pour moi, le succès se mesure à l’impact. Ce n’est pas qu’une question de ventes ou de reconnaissance, mais de connexion. Quand je croise quelqu’un qui porte du CHAM, ou que je vois une photo d’une cliente qui se sent belle et confiante grâce à une de nos pièces, c’est ça la vraie réussite. Savoir que ce que je crée peut aider quelqu’un à s’exprimer et à se sentir bien, c’est la plus grande récompense.