25 mai 2023

Ce qu’il faut savoir du défilé Louis Vuitton croisière 2024 sur l’incroyable Isola Bella en Italie

Aprés un défilé pre-fall 2023 à Séoul, Nicolas Ghesquière a choisi l’Isola Bella, île du lac Majeur, dans le palais baroque de la famille Borromée pour présenter la collection croisière 2024 de Louis Vuitton.

Le défilé Louis Vuitton Cruise 24 à Isola Bella

 

Nicolas Ghesquière n’a pas son pareil pour nous transporter aux confins de mondes nouveaux, hybrides, comme sortis d’un film d’anticipation. Après un défilé Louis Vuitton pre-fall 2023 à Séoul, le directeur artistique avant-gardiste a convié les journalistes et clients du monde entier sur l’Isola Bella, île du lac Majeur, dans le palais baroque de la famille Borromée pour présenter la collection croisière 2024 de Louis Vuitton. Lieux fantastiques, d’aspect quasi-légendaire, le palais et ses jardins fabuleux sont le fruit du travail d’une centaine d’architectes, ingénieurs, peintres et ébénistes, qui ont édifié, à partir des années 1630, ces merveilles aujourd’hui célébrées dans le monde entier. Le défilé devait originellement se tenir dans les extraordinaires jardins qui aux côtés de ceux de l’Isola Madre font partie, depuis 2002, du circuit prestigieux de la Royal Horticultural Society. Y prend place notamment le Teatro Massimo, un monument constitué de statues, obélisques et fontaines et de terrasses végétalisées ceintes d’une sculpture représentant une licorne, symbole héraldique de la famille Borromée. Tout autour de cette construction baroque époustouflante, des arbres, fleurs et plantes rares constituent un véritable paradis botanique. La météo capricieuse ayant eu raison des intentions initiales de la maison Louis Vuitton, c’est à l’intérieur du splendide palais, parmi ses salles tapissées de plus de 130 tableaux dont certains sont l’œuvre de maîtres tels que Titien ou Raphaël, que les mannequins se sont élancés.

 

Nicolas Ghesquière revisite l’histoire de l’art

Dans ces lieux, l’art du syncrétisme propre à Nicolas Ghesquière prenait un tout nouveau relief. Entre monde végétal, monde aquatique et monde légendaire, le directeur artistique de Louis Vuitton proposait une nouvelle interprétation des explorations postmodernes et rétrofuturistes dont il est coutumier. “Un aller-retour entre le familier et le singulier, l’ordinaire vers l’extraordinaire”, expliquait sobrement le communiqué de presse de la collection. Des sirènes à l’allure déterminée, quasi-guerrière, évoquant l’heroic fantasy, prenaient ainsi d’assaut la terre ferme, pour le plus grand plaisir du public. Surmontés parfois de coiffes ou casques extraordinaires dignes de combattantes légendaires, leurs looks évoquaient l’élément aquatique et ses créatures – notamment, des jupes constituées d’écailles de sequins XXL translucides. Taillés dans du Néoprène, des ensembles constitués de pantalons larges ou jupes courtes et crop tops, se paraient de volants rappelant la forme de nageoires. Comme autant de variations sur le thème de la robe sirène, une série de superbes robes longues en mousseline dont les jupes évasées, structurées, répondaient à d’imposantes manches gaufrées ou à ruchés, concluait le défilé et convoquait elle aussi des créatures hybrides, fantastiques. Ailleurs, des broderies de perles élégantes déclinaient des motifs végétaux, dans des harmonies de couleurs pastelles quasi nacrées. Des chevalières et chevaliers des temps modernes s’avançaient en bottes plates ou chaussures montantes de boxe revisitées, dans des looks suggérant fortement des armures souples : plastrons ronds, pleins et plats remontant très haut, taillés dans des tissus matelassés remplaçant avantageusement le métal. Des drapés retravaillés, contrecollés, évoquaient quant à eux davantage les compressions des sculpteurs César ou John Chamberlain, plutôt que la théâtralité du baroque. Voilant parfois les regards des mannequins, des masques de créatures extraterrestres comme sortis d’un film de science-fiction, achevaient d’ancrer ce monde fabuleux dans notre présent. Plus précisément, dans un présent où le passé et le futur entreraient en collision. Dans la collection croisière 2024 de Louis Vuitton, leur choc frontal provoque une pluie de sublimes étincelles.