À quoi ressemblent les nouvelles Birkenstock créées par les étudiants de la Central Saint Martins ?
Connu depuis des décennies, voire des siècles, pour ses sandales à la semelle en liège surélevée, le label allemand Birkenstock s’est engagé il y a trois ans dans un projet éducatif inédit avec la prestigieuse école de mode londonienne Central Saint Martins. Pendant des mois, certains étudiants ont eu accès aux archives de la griffe jusqu’à réinterpréter ses modèles phares : quatre projets de ces jeunes créateurs ont été retenus, produits en série et sont désormais disponibles.
Par Matthieu Jacquet.
Si la Birkenstock est devenue aujourd’hui une chaussure mythique et son nom connu de tous, rien de cela n’est dû au hasard. Car lorsque l’on se penche sur l’histoire de cette sandale allemande désormais culte, on découvre que l’ouverture de son premier magasin remonte en réalité à 1774, soit il y a deux siècles et demi – une ancienneté particulièrement surprenante pour une pièce aussi moderne. En réalité, l’entreprise familiale gagne véritablement en notoriété à la fin du XIX siècle lorsqu’un descendant de son fondateur crée l’une des premières chaussures à semelle intérieure orthopédique, qui se transformera peu à peu jusqu’à devenir le modèle que l’on lui connaît tant : une sandale dont la semelle en liège légèrement surélevée crée une sensation de confort et de légèreté particulièrement appréciée par celles et ceux qui la portent. C’est de cet héritage impressionnant – et souvent insoupçonné – qu’ont pu se saisir certains étudiants du Bachelor Fashion Histoire & Theory de la prestigieuse Central Saint Martins, grande école londonienne qui a vu passer entre ses murs des créateurs aussi éminents que John Galliano, Alexander McQueen et Phoebe Philo. En 2018, la griffe allemande leur donne exclusivement accès à ses archives pour nourrir une collaboration inédite à visée éducative : les créateurs en herbe voyagent entre les États-Unis et le Japon, entre l’Italie et l’Allemagne pour s’imprégner de l’histoire et l’ADN Birkenstock, avant d’en réinterpréter à leur manière des modèles emblématiques.
C’est finalement un jury prestigieux qui décidera, entre ces projets, de quatre finalistes dont le travail pourra être produit en série par Birkenstock. Parmi les heureux élus, l’un d’entre eux, Alecsander Rothschild, s’inspire particulièrement de la sculpture du début du XXe siècle et des œuvres de Brancusi pour proposer un modèle blanc à lanières argentées, dont le cuir dessine une forme lisse toute en courbes, tandis qu’un autre, Alex Wolfe, rallonge la sandale jusqu’au haut de la cheville en y intégrant un protège-tibia noir, rouge et violet qui rappelle les motos-cross. Les étudiants Saskia Lenaerts et DingYun Zang optent quant à eux pour davantage de sobriété, avec respectivement un modèle en cuir noir pourvu de surpiqûres blanches, et un modèle blanc dont les lanières peuvent se superposer d’un côté ou de l’autre – tous produits par la marque qui, pour l’occasion, inscrits les noms de ces quatre jeunes créateurs aux semelles des pièces. Ce projet inédit est également l’occasion pour Birkenstock de rééditer l’un de ses anciens modèles créé en 1990, la sandale Tallahassee, qui se distingue par sa double lanière en cuir noire attachée à la semelle par de plus fines lanières blanches. Un vent de nouveauté rafraîchissant pour le label allemand, qui propose ces créations depuis février dans plusieurs boutiques du monde entier et sur son site internet.