11 mai 2018

À quoi ressemble la première collection de Casey Cadwallader pour Mugler ?

Nommé directeur artistique de Mugler en décembre 2017, Casey Cadwallader vient de présenter sa première collection automne-hiver 2018-2019 pour le label. Le présage d’une femme Mugler moins fatale et plus cérébrale.

Il est arrivé chez Mugler sans que personne ne l’y attende. En décembre 2017, Casey Cadwallader prenait la direction artistique de Mugler et succédait ainsi à David Koma. Diplômé de l’université de Cornell en architecture, le designer de 38 ans a fait ses armes chez Narciso Rodriguez et Loewe époque Stuart Vevers avant de dessiner pendant deux ans les pré-collections féminines du label suédois Acne. Absent de la Fashion Week parisienne automne-hiver 2018-2019 en mars dernier, il vient de présenter, par le biais d’une série de photos d’Arnaud Lajeunie, sa première collection siglée Mugler.

 

La collection : une mode cérébrale et architecturale

 

Synthèse entre l’héritage laissé par Manfred Thierry Mugler et le style arty de Casey Cadwallader, cette première collection offre de nouvelles perspectives au label après les créations sculpturales de David Koma. Sur Instagram, on décèle l’affection de Casey Cadwallader pour l’art abstrait d’Ellsworth Kelly, de Clyfford Still ou d’Arshile Gorky ainsi que pour le mobilier d’Ettore Sottsass, figure éminente du groupe de Memphis. Si, comme Manfred Thierry Mugler, Casey Cadwallader est diplômé en architecture, cela se traduit cependant différemment dans ses créations. La taille n’est plus étranglée, seulement soulignée par de larges ceintures. Sur une veste et un pantalon en jean ou en velours vert, un réseau de coutures évoquent les nervures d’une voûte de cathédrale autant que celles qui parcourent la façade de l’Institut Français de la Mode sur les quais de Seine. Posées en équilibre, les boucles d’oreilles oversized ressemblent davantage à des sculptures miniatures. Avec leurs inclusions de dentifrice, de curry, de chewing-gums ou de lotion auto-bronzante, les trenchs en PVC sont le nouveau support de l’artiste britannique Samara Scott qui joue les mannequins pour l’occasion. Dans le sillage de labels comme Eckhaus Latta ou Sies Marjan et dans la lignée de Phoebe Philo époque Céline, Casey Cadwallader propose avec cette collection automne-hiver 2018-2019 une vision plus cérébrale que son prédécesseur.

 

En tant que sculpture habitable, le vêtement partage avec l’architecture la même vocation.

 

Le lieu : le Ricardo Bofill Taller de Arquitectura à Barcelone et la maison de l'architecte sur la Costa Brava

 

C’est devant deux bâtiments intimement liés au travail de l’architecte espagnol Ricardo Bofill que Casey Cadwallader a choisi de photographier cette première collection pour Mugler. Une manière de renforcer les liens inhérents à l’ADN Mugler qui unissent vêtements et architecture. Car en tant que sculpture habitable, le vêtement partage avec l’architecture la même vocation. Le Ricardo Bofill Taller de Arquitectura (RBTA) est la première œuvre architecturale à servir de décor pour cette série de photos. Située à Barcelone, cette ancienne cimenterie est aujourd’hui le QG de l’architecte espagnol qui emploi une équipe d’urbanistes, de graphistes mais aussi d’économistes. Enfin, c’est dans le jardin planté de palmiers ou au bord de la piscine en carreaux de ciments rouge de la maison de campagne de Ricardo Bofill sur la Costa Brava que d’autres mannequins prennent la pose.

 

 

Fini les castings sulfureux de l’ère Manfred Thierry Mugler qui autorisaient une Ivana Trump fraîchement divorcée à défiler sur le même catwalk que Jeff Stryker, star du porno.

 

 

Le casting : les nouvelles muses Mugler

 

Avec un casting empreint de diversité, Casey Cadwallader souligne le rôle de la culture dans l’empowerment de la femme du 21ème siècle. Fini les castings sulfureux de l’ère Manfred Thierry Mugler qui autorisaient une Ivana Trump fraîchement divorcée à défiler sur le même podium que Jeff Stryker, star du porno. Pour cette première collection, Casey Cadwallader a choisi de mettre en avant dix femmes aux occupations moins sexuelles : Jess Cole, mannequin, journaliste et écrivaine, Ami Suzuki, mannequin japonais, Debra Shaw, ancien mannequin travaillant aujourd’hui pour le consulat britannique, Samara Scott, plasticienne, Dustin Muchuvitz, DJ parisienne, Anna Santamans, nageuse olympique, Anna Brewster, actrice, Dani 070 Shake, rappeuse et Amy Wesson, mannequin de 40 ans et ancienne égérie du parfum Angel. De quoi représenter l’ensemble du spectre de la féminité.