3 jeunes labels d’accessoires innovants et éco-responsables
Aujourd’hui dans la mode, l’engagement éthique et écologique n’est plus une question. Nombreux sont les jeunes créateurs et labels à s’emparer de ces enjeux pour proposer des pièces innovantes, aussi bien dans leurs formes, leurs techniques et leurs matériaux que dans leurs modes de production et de distribution. Et si le vêtement en est le reflet, l’accessoire n’est pas en reste : Numéro s’attarde ici sur trois jeunes labels caractérisés par leur démarche originale et leurs produits de qualité.
Par Matthieu Jacquet.
1. Published By : la rencontre entre conception 3D et industrie automobile
Lorsque l’on voit un accessoire de mode, on s’attend généralement à ce que celui-ci provienne d’un atelier de couture, de maroquinerie ou encore d’assemblage de chaussures. Rarement à ce que sa fabrication ait lieu… dans une usine de construction automobile ! C’est pourtant là toute la particularité des pièces phares du label autrichien Published By. Charpentier de formation, son fondateur Christoph Tsetinis a choisi en 2017 de se reconvertir dans le design en lançant une ligne d’accessoires associant les nouvelles technologies de conception en volume et les savoir-faire et machines industrielles. Modélisées en 3D sur ordinateur, ses formes abstraites tout en courbes – qui pourraient bien rappeler les œuvres des maîtres de la sculpture moderne Barabara Hepworth et Jean Arp – sont ensuite reproduites sur des métaux comme le chrome réutilisés d’après d’anciens fragments de voitures, assemblés ensuite au textile pour former sacs, pochettes et autres coques pour téléphone. Agrémentés de maillons ou de cordes en cuir, ces objets d’apparence liquide sont ainsi recouverts d’une étonnante carrosserie qui reflète leur environnement comme un miroir déformant. À ces pièces radicales et originales qui font toute sa singularité, Published By ajoute également plusieurs modèles de sacs en cuir déclinant ces mêmes volumes organiques, ainsi qu’une série de bijoux élégants associant perles, argent et acier sur des chaînes portées en broche, boucle d’oreille, collier ou harnais.
2. Sarah Lévy : des accessoires insolites pour des modes de vie contemporains
Sur une brassière en cuir maintenue par une chaîne, les deux bonnets sont pourvus de zip. À des moufles rembourrées, des zips son intégrés pour sortir les mains si besoin. Sur une casquette rouge, une lanière est fixée pour lui permettre aussi bien de protéger la tête que de se porter en bandoulière, comme une pochette où ranger ses clés. Aussi insolites qu’ingénieuses, les créations de Sarah Lévy explorent sans cesse les limites de l’équilibre propre au design entre la forme et la fonction. Une approche sans doute héritée du métier d’architecte, que la Belge exerce pendant dix ans tout en entamant une thèse d’urbanisme, avant de passer par la prestigieuse école de La Cambre section accessoires. Point commun de ce parcours riche et atypique : une observation attentive des comportements humains et sociaux, de leur évolution et des nouvelles habitudes générées par les nouveaux objets et nouveaux espaces. Passionnée par le corps, la trentenaire collabore d’ailleurs dès la création de son label avec des prothésistes et orthopédistes afin d’inventer des objets adaptés aux modes de vie contemporains, comme un long gant fusionné avec une coque de smartphone, un étui en cuir pensé comme porte-cigarette électronique, et même un sac ouvert à double anse pour porter son chien. De ce design non-conventionnel, la créatrice de 38 ans n’exclut pas non plus la dimension éco-responsable en travaillant notamment avec la maison Delvaux, qui lui fournit ses fins de stock de cuir. Mêlant innovation et humour un poil cynique, les pièces de Sarah Lévy lui valent en 2019 de remporter le prix du public au 34e festival d’Hyères.
3. Phi 1.618 : la quête de la perfection formelle
Dans l’alphabet grec, Phi est la 21e lettre qui renvoie au son de la lettre ‘f’. Depuis, elle renvoie aussi à l’étoile d’une constellation, à l’abréviation des sciences “philosophie” et “physique”, et est même devenue l’emblème d’un parti politique français. Mais sa désignation la plus connue reste sans doute celle du nombre d’or, proportion mathématique retrouvée dans les éléments à l’harmonie visuelle parfaite, établie dès l’Antiquité grecque et qui inspira de nombreux artistes depuis la Renaissance. C’est précisément cet idéal formel que poursuit Juliette Angeletti avec son label de haute maroquinerie Phi 1.618. Pour imaginer ses pièces, la créatrice française puise dans toutes les formes, naturelles ou artificielles, s’approchant de la perfection : la voûte parfaite des coquillages inspire des sacs en demi-cœur, les compositions géométriques esquissées par Leonard de Vinci au XVe siècle se retrouvent dans la forme épurée d’un sac en trapèze maintenu par une boucle circulaire, tandis qu’un grand sac baptisé “Philomène” dessine lui aussi un cercle parfait, agrémenté d’une poignée en lanière de cuir dont le nœud signe l’emblème du label. Afin de s’ancrer lui aussi dans une mode éthique, le label met en place le circuit le plus court possible en produisant l’intégralité de ses pièces en France, dans des éditions très limités, et en utilisant du cuir de veau pioché parmi les nombreuses chutes des grandes maisons de mode françaises. Afin de renouveler des accessoires à l’allure intemporelle, Phi 1.618 collabore parfois avec des artistes comme avec la doreuse d’art Lucie Monin : sur le cuir des ceintures signatures du label, la jeune femme a discrètement gravé des motifs d’inspiration Art déco.