16 nov 2020

3 créateurs de bijoux à découvrir sans attendre

Hugo Kreit, Maria Nilsdotter, Florence Tétier pour Tétier Bijoux : chacun à leur manière, ces trois jeunes créateurs accomplissent à travers leur label une vision nouvelle du bijou, répondant aux enjeux artistiques, éthiques et conceptuels qu’appelle notre époque. L’occasion de découvrir leur travail plus en détail.

À l’aube des années 2020, le bijou n’a pas fini de connaître des mutations, inspirées par les nombreuses dynamiques et changements qui traversent notre monde contemporain. Si, pour certains, il s’envisage comme une sculpture miniature, il peut aussi devenir le réceptacles de contes et légendes implantées dans l’inconscient collectif d’une culture, d’une civilisation, d’une région. Mais tout comme le vêtement, il ne peut désormais s’abstraire des enjeux écologiques et éthiques qui traversent la mode aujourd’hui, auxquels de nombreux créateurs tentent de trouver leurs propres solutions. Focus sur trois jeunes créateurs chez qui le bijou propose déjà un aperçu édifiant de ses futures transformations. 

 

 

1. Hugo Kreit : le créateur-plasticien

Accrochée au lobe, une forme circulaire violette semble imiter les reliefs de l’oreille. Une autre, rouge et pleine cette fois-ci, rappelle l’intérieur d’un coquillage d’où pendent quelques gouttes immobiles et solides. En-dessous, des dizaines de petites perles d’hématite blanches s’agrègent pour former un collier encerclant le cou tel les anneaux d’un serpent sans tête. Pour réaliser ces pièces étonnantes, Hugo Kreit travaille comme un plasticien : il sculpte le polymère à la main, enfile les perles et tisse lui-même leurs assemblages, fige les larmes dans le chrome liquide. Formé en design industriel, passé chez Hermès puis en tant que set designer dans la société d’événementiel de luxe Bureau Betak, le créateur dévoile sa première collection de bijoux à son nom en 2019, et lance son label l’année suivante. Imprégnées aussi bien de la science-fiction que des formes organiques trouvées dans la nature, nimbées d’un goût certain pour l’extravagance et le monstrueux, ses créations sont semblables aux fossiles d’un monde inconnu, voire extra-terrestre. Jouant de l’ambiguïté entre le beau et le laid, entre le solide et le mou, elles s’approchent de sculptures miniatures formant un écrin aussi remarquable que la précieuse perle qu’ils contiennent.

 

hugokreit.com

 

 

2. Maria Nilsdotter : la conteuse d’histoires

Utiliser les bijoux pour raconter des histoires : c’est le pari que s’est lancé Maria Nilsdotter il y a bientôt dix ans. Passionnée par les contes et le folklore de son pays, la Suède, la créatrice de joaillerie entend bien puiser dans cet imaginaire foisonnant pour concevoir ses propres pièces, toutes faites à la main. Nullement surprenant, alors, que ces dernières adoptent des formes familières : les croissants de lune plantent un décor mystique voire ésotérique pendant que des créatures chimériques et magiques à l’instar des licornes et animaux sacrés, de mâchoires à crocs et corps sinueux à écailles, donnent aux bijoux le rôle de talismans ou d’amulettes qui incitent à l’accumulation… Tenant à utiliser des matériaux d’exception tout en respectant l’environnement, Maria Nilsdotter travaille uniquement un argent recyclé et un or issu du commerce équitable auxquels elle ajoute des pierres précieuses de choix. Ici, une bague en forme de tête de tigre est incrustée de diamants, là des boucles d’oreilles mêlent pierre de lune et lapis lazuli, tandis qu’une autre bague est sertie d’un rubis en forme de cœur. Parfois, des mots tels que “Poetry”, “Weird” ou encore les initiales de la créatrice se glissent même sur des boucles d’oreilles. D’ailleurs, le nom de sa dernière collection “Lightyears ago” (À des années lumière) s’amuse explicitement de ses propres inspirations ancestrales, rappelant combien la joaillerie possède, tout comme les contes et légendes, cette part d’éternel.

 

marianilsdotter.com

 

 

3. Tétier Bijoux : la touche-à-tout éco-responsable

Tétier Bijoux, collection Tétier x Preen. Photo : Nicolas Coulomb

Si Tétier Bijoux n’a que trois ans d’existence, sa créatrice n’est pas pour autant une inconnue du monde de la création. Co-fondatrice du magazine Novembre, photographe au sein du duo Florence + Nicolas, étudiante en design graphique avant de devenir professeure dans les deux plus prestigieuses écoles d’art suisses (la HEAD et l’Ecal), Florence Tétier est en effet une véritable touche-à-tout. Un jour, la jeune femme a une idée : créer des bijoux entièrement à partir de matières recyclées – un parti pris bien plus rare et audacieux dans ce domaine que celui du vêtement, où il ne cesse de se démocratiser au fil des années. En proposant des pièces uniques, toutes réalisées à Paris, son label Tétier Bijoux se fait un nouveau témoignage de sa créativité autant que de son engagement éthique. Pour la plupart des pièces, la créatrice fait fondre des objets déjà existants en plastique – à l’instar de barrettes ou pinces à cheveux – qu’elle remodèle ensuite puis agrémente parfois de divers matériaux réutilisés, perles en résine ou fils iridescents. Déclinées dans des couleurs vives ou bien laissées incolores mais toujours translucides, ses bagues, colliers, boucles d’oreilles et broches composent un répertoire de formes semblables à diverses espèces florales qui viendraient éclore sur les corps. Une approche créative et plastique toute en poésie qui valut à Florence Tétier de collaborer avec plusieurs des labels de mode les plus en vue ces dernières années, tels que Charlotte Knowles, Neith Nyer et Supriya Lele.

 

Tétier Bijoux