5 juil 2024

Paris 2024 : dans les coulisses des Jeux Olympiques (épisode 7/10)

Outre leur aspect sportif, les Jeux Olympiques 2024 mettent également en avant un volet social et inclusif, et un autre écologique, qui nécessitent la coopération étroite de multiples acteurs de secteurs divers. À l’approche des JO, Numéro revient ici sur la préparation de cet événement en dix épisodes, au fil d’une chronique racontée à la première personne, articulant les interventions de personnalités majeures. Au programme de ce septième volet : l’organisation de la cérémonie d’ouverture sur la Seine…

Propos recueillis par Olivier Joyard.

Dans les coulisses des Jeux Olympiques 2024 © Mario Palmieri.

Thierry Reboul n’exagère peut-être pas tant que cela. Marqueur des Jeux Olympiques de Paris 2024, la cérémonie d’ouverture pharaonesque sur la Seine a fait l’objet de fines tractations en coulisse depuis plusieurs années, notamment concernant la jauge de spectateurs autorisés à assister à l’événement. Ce point est devenu un sujet de crispation majeur, jusqu’au ministère de l’Intérieur et à l’Élysée.

La cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 organisée sur la Seine

Thomas Jolly : Une multitude de contraintes différentes se télescopent : sécuritaires, techniques, budgétaires, logistiques, climatiques, environnementales et sociales… On ne peut pas maîtriser la réalité, elle nous échappe. La jauge de spectateurs influe peu sur le travail que nous avons à mener, en revanche elle joue énormément sur le site que nous avons choisi. Sortir la cérémonie d’un stade, et la proposer simultanément de façon gratuite – sur les quais hauts – et payante – sur les quais bas – reste pour moi une très belle idée. Mais c’est le ministère de l’Intérieur, qui est en charge de la sécurité, qui prend les décisions.

Pierre Rabadan : La jauge sera déterminée par le préfet de police de Paris. [Le préfet Laurent Nuñez, favorable à l’événement, décidera officiellement au printemps du chiffre final des spectateurs autorisés.] Au départ, on avait imaginé davantage de personnes, mais on ne vit pas dans un monde qui permet des flux de circulation libres, et les gens doivent être contrôlés. De chaque côté de la Seine, il y aura 17 zones déterminées à l’avance. Il faudra s’inscrire pour y accéder. Les restrictions de sécurité et la nécessité d’offrir des vues dégagées font qu’on arrivera à une jauge située entre 250 000 et 300 000 personnes. Par rapport à un stade, c’est immense.

Thierry Rey : [Gérald] Darmanin s’arrache les cheveux tous les jours, mais putain ! on est la France ! On doit y arriver !

Thierry Reboul : Des moments difficiles, il y en a dix fois par jour. C’est un truc de fou… Je n’en dors pas la nuit. Il ne vous aura pas échappé que nous sommes observés de très près. En tout cas, on essaie de créer quelque chose qui va rester dans les mémoires. L’avenir nous le dira.

Thomas Jolly : Le projet est politique. Je l’ai présenté au président de la République, à Anne Hidalgo et au CIO. À toutes les étapes, il a été validé. Je n’ai connu ni censure, ni réécriture, ni ingérence de la part de tous ces organes, si ce n’est pour des questions d’aménagement de l’espace public et de sécurité. Mais sur le fond, zéro ingérence. C’est une belle caractéristique française qui s’appelle la liberté de création, et qui figure dans la loi.

Cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Paris 2024 le 26 juillet prochain.