17 juin 2023

Qui est Justine Clenquet, la créatrice des accessoires punk adoptés par Rosalía et Dua Lipa ?

Bijoux à l’allure de piercings, chaussures à brides et depuis peu sacs baguette… Les accessoires du label lillois Justine Clenquet, lancé en 2010, ne cessent de séduire une communauté toujours plus grande d’adeptes d’un style punk saupoudré d’une touche pop lumineuse. On compte parmi eux Dua Lipa et Rosalía. Rencontre avec la jeune créatrice Justine Clenquet.

propos recueillis par Erwann Chevalier.

Justine Clenquet, la créatrice qui redéfinit les codes de l’accessoire

 

Unisexes, fantaisie, abordables et robustes, les accessoires signés Justine Clenquet détiennent toutes les qualités pour se hisser au rang d’incontournables. Et c’est un fait avéré : Dua Lipa, Bella Hadid et même Rosalía ont déjà succombé à cet univers mêlant pop et mouvement punk des eighties et des nineties.

 

Flashback. Alors qu’elle est encore sur les bancs de l’école d’arts appliqués Duperré à Paris en 2010, Justine Clenquet est fortement encouragée par ses proches à lancer son label d’accessoires. Pas forcément emballée par cette idée, la créatrice originaire du Nord de la France commence néanmoins à développer son univers, d’abord au travers de bijoux à l’allure dangereuse s’inspirant frontalement des piercings et des accessoires puisés dans le dressing grunge. Une épingle à nourrice rehaussée d’un petit cristal coloré devient une boucle d’oreille, un septum (bijou que l’on vient poser à travers la paroi qui sépare les deux narines) se transforme en bague tandis que des colliers de chien à picots menaçants se portent en chokers.

 

10 ans plus tard, le label désormais basé à Lille développe une ligne de chaussures. Des paires de bottes, de bottines et de mules revisitées à partir des babies dites aussi Mary Jane en anglais (chaussures avec une bride sur le dessus du pied) viennent compléter les nombreuses collections de bijoux déjà bien lancées. Un développement naturel de la marque selon Justine Clenquet : “J’ai toujours voulu nous positionner comme une marque d’accessoires et non comme une marque de bijoux, car je pense les bijoux comme des accessoires de mode au même titre qu’une paire de lunettes, un sac ou des chaussures.” Récemment, c’est une collection de sacs qui voit le jour au sein de la galaxie de la créatrice. De la taille d’un sac baguette à porter sur l’épaule, ces nouvelles pièces, déclinées dans différents coloris allant du noir au rouge métallique en passant par le jaune, composent un look Y2K post-punk. Numéro a profité de l’occasion pour s’entretenir avec la talentueuse créatrice.

Quelles sont les pièces de votre label les plus emblématiques ?
Certaines pièces sont dans nos collections depuis près de dix ans et font clairement partie de nos intemporels, comme le collier Dana, le choker Hari ou les boucles d’oreilles Kirsten. Pour les chaussures, ce sont les Kim Mary-Jane ou encore les bottes hautes Chloë. Et concernant les sacs, comme nous venons tout juste de lancer nos premiers modèles, il faudra quelques saisons avant de voir lesquels s’imposeront comme nos intemporels.

 

Vous avez enrichi votre label d’une ligne de chaussures en 2020, et maintenant, de sacs. Était-ce une évolution que vous envisagiez depuis vos débuts ?
Oui, j’ai toujours rêvé d’étendre mon label à des accessoires que j’aime acheter comme les sacs et les chaussures. Cela a pris plus de temps à mettre en place que les bijoux, car je voulais que la marque soit bien établie avant de lancer de nouvelles catégories de produits. Notre nouvelle collection s’intitule Teenage Dream et s’inspire de l’insouciance de la jeunesse des années 90. On retrouve aussi des inspirations de la culture grunge ou encore de films qui ont marqué mon adolescence comme Nowhere (1997) de Gregg Araki ou encore Kids (1995) de Larry Clark. 

 

Les accessoires Justine Clenquet sont à retrouver dans plus de 80 points de vente dans le monde et sur le site  justineclenquet.com

 

Interview de Justine Clenquet, créatrice d’accessoires abordables et subversifs 

 

Numéro : Qu’est-ce qui vous a poussée à lancer votre propre label ?

Justine Clenquet : En fait, je n’ai jamais vraiment voulu lancer mon label, les choses se sont enchaînées spontanément ! À ce moment-là, je ne trouvais pas sur le marché de bijoux qui soient à mon goût et abordables. J’ai donc commencé à créer des pièces avec des éléments recyclés que je chinais en brocante. Mes amis se sont mis à les porter, puis la marque a commencé à se développer par le bouche à oreille. J’aime mixer les codes, mélanger les genres, travailler avec les opposés pour avoir un parfait équilibre entre masculinité et féminité, ce qui séduit de plus en plus de monde.

 

Pourquoi qualifiez-vous vos pièces de “haute fantaisie” ?

Je n’ai jamais trop aimé le terme “fantaisie”, car je trouve qu’il a une connotation péjorative. Nous ne faisons pas non plus de la joaillerie pour les lignes de bijoux, donc je pense que “haute fantaisie” leur correspond bien. Cela se ressent également dans les tarifs. Avec l’inflation, nous avons été obligés d’augmenter nos prix, mais je souhaite toujours proposer une gamme large de produits pour que chaque personne puisse s’offrir une pièce.

 

Quelles sont vos inspirations ?

L’esthétique punk fait partie de mes sources d’inspiration depuis les débuts. Je suis passionnée par la culture underground, que ce soit la musique punk, grunge ou l’idée du DIY, très présente dans ce mouvement. Sinon, je trouve l’inspiration dans le design et l’architecture. J’aime trouver des objets ou encore des magazines vintage lors de mes voyages, que ce soit à Berlin, Londres ou bien Tokyo. Nos clients sont aussi une source d’inspiration, car j’adore les voir s’approprier les accessoires que nous concevons. Les mix & match qu’ils composent sont très inspirants.

Comment sont confectionnés vos accessoires ?
L’artisanat est très important pour moi et je l’ai encore plus compris pendant la période de la Covid. Nous avons eu la chance de pouvoir continuer notre activité à 100% grâce à la proximité avec nos fabricants et nos fournisseurs. L’an dernier, j’ai notamment été contactée par une artisane de verre soufflé qui exerce dans ma région [Hauts-de-France]. J’ai trouvé ça intéressant de pouvoir travailler avec quelqu’un qui habitait à seulement 10 minutes de chez moi. J’ai donc créé une collection exclusive avec des éléments en verre soufflé. Pour la partie maroquinerie et chaussures, c’était également important de pouvoir travailler au maximum avec des partenaires proches comme notre entreprise et que je puisse pouvoir aller les rencontrer facilement. Nous produisons en Italie, en Espagne et au Portugal.

 

Les matériaux sont-ils issus d’un circuit écoresponsable ?

Je ne dirais pas écoresponsable, car avec tous les matériaux que nous utilisons, cette démarche serait très compliquée à mettre en place. Mais depuis les débuts, ça a toujours été très important de recycler, de réutiliser un maximum de fournitures et d’éléments de nos collections précédentes. Lors de la création des bijoux, nous récupérons tous les morceaux de chaînes pour les réutiliser, par exemple, sur une paire de boucles d’oreilles ou sur une bague.