L’objet du jour : l’incroyable pendule art déco Cartier en vente chez Piasa
Le 19 mai prochain, la maison parisienne Piasa organise une vente aux enchères consacrée à la joaillerie et l’horlogerie. Parmi la centaine de lots comportant de nombreux bijoux au style Art déco, on découvre une horloge de table de Cartier du début des années 30 : aussi précieuse qu’exceptionnelle, cette pièce met à l’honneur l’une des grandes innovations horlogères de la maison française, qui lui a valu le nom de “pendule mystérieuse”…
Par Matthieu Jacquet.
Posé sur deux colonnes noires en onyx, le cadran d’une horloge de table semble flotter dans le vide, comme par magie, encadré par sa structure en marbre rouge ornée des 12 chiffres argentés indiquant les heures. À mieux regarder, on discerne sur les deux aiguilles la silhouette d’un gratte-ciel bien connu : l’Empire State Building, chef d’œuvre architectural new-yorkais de l’Art déco inauguré en 1931 à Manhattan. D’ailleurs, les lignes géométriques aux angles saillants, les volumes cubiques, parallélépipédiques et les octogones que dessinent le cadran et le diamètre des piliers contribuent tous à ancrer cet objet précieux dans ce mouvement artistique qui a émergé en Occident dès les années 1910, et a touché de nombreuses créations, des affiches ou bagues à tabac aux bâtiments de hauteur inédite.
Datée du début des années 30, cette pendule de table exceptionnelle est l’œuvre de l’une des plus prestigieuses maisons françaises : Cartier. Car si l’empire de l’entreprise né au milieu du XIXe siècle s’est construit sur la joaillerie et le bijou de luxe, son activité s’est dès 1853 – soit six ans après sa création – étendue à l’horlogerie à travers la fabrication de montres. Dès les années 1900, sur l’impulsion de Louis Cartier, petit-fils de son fondateur Louis-François Cartier, la maison commence à investir davantage ce terrain et propose de somptueuses pendules de table utilisant régulièrement le marbre et l’onyx, comme ce modèle s’en fait l’exemple. Mais l’objet comporte une autre particularité, due à l’horloger Maurice Couët : grâce à un astucieux système utilisant un disque de cristal de roche et dissimulant le reste dans l’encadrement, l’homme parvient à faire disparaître le mécanisme des aiguilles, permettant de les apercevoir de face comme de dos au milieu du vide. Le principe, qui devient signature de l’horlogerie Cartier dès les années 1910, est baptisé “pendule mystérieuse”.
90 ans après sa création, l’une de ces pendules mystérieuses au style Art déco fera donc pour la première fois son apparition le 19 mai dans une vente aux enchères de la maison parisienne Piasa. Un événement si rare qu’il mérite d’être souligné : pour l’occasion, Piasa dévoile même un court film de Jérémy Jaoui mettant en scène cet objet d’exception, manipulé méticuleusement par une paire de mains gantées, afin de souligner son éclat incroyable. Déjà estimée entre 400 000 et 600 000 euros, la pièce est indubitablement le lot phare de cette vente de joaillerie et d’horlogerie, qui comporte également une centaine de bijoux et de nombreuses créations au style Art déco. On y retrouve notamment un fin bracelet Cartier agrémenté de personnages des films de Charlie Chaplin, ou encore un bracelet en or serti de diamants et rubis de Lacloche Frères.
Vente de joaillerie et d’horlogerie, le 19 mai à la maison Piasa, Paris.