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07 Crash, le film scandaleux de Cronenberg ressort en salle

Crash, le film scandaleux de Cronenberg ressort en salle

Cinéma

Alors que la ressortie en salle d'“Elephant Man” de David Lynch a réuni plus de 10 000 personnes en seulement une semaine, Carlotta prépare un nouveau gros coup. Le distributeur de films de patrimoine propose dès le 8 juillet le retour au cinéma du très sulfureux “Crash” de David Cronenberg, sorti en 1996 et récompensé du Prix spécial du jury à Cannes. Pour la première fois, il sera visible dans sa version restaurée 4K. 

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Pour certains, une bonne séance de sexe se résume à quelques caresses et une pénétration tendre, suivis d’une jouissance rapide et d’un câlin amoureux, le tout sur un classique (mais très efficace) Barry White en fond sonore. Pour d’autres, dont le cinéaste David Cronenberg, une partie de jambes en l’air réussie réside dans une tout autre équation : la banquette arrière d’une voiture bien crade, des porte-jarretelles accrochées à des collants résille, des griffures et des coups, le tout sur une partition très sombre, faisant frémir des enceintes poussées au maximum. Le pitch de Crash, quatorzième long-métrage du réalisateur canadien, pourrait se résumer ainsi : un film de charme BDSM. Evidemment, son scénario va beaucoup plus loin. 

 

Adapté d'un roman de J.G. Ballard – écrivain de science-fiction et d'anticipation sociale britannique décédé en 2009 –, Crash dessine les obsessions d'abord sexuelles, puis morbides d'un couple de nantis libertins. Après un accident de voiture quasi mortel, le mari, James Ballard entamme une relation extra conjugale avec la femme qui l'a percuté, Helen Remington. Obnubilé par cette dernière, le blessé la suit partout, se colle à elle, la pénètre, aussi bien sur le siège poussièreux d'une voiture cabossée que sur son pare-brise fissuré. Car pour rugir de plaisir, cette maîtresse se contente de peu : après l'orgasme, elle veut entendre un moteur démarrer et un frein à main se desserrer. Membre d'un groupe aux sexualités stimulées par les accidents de la route, Helen, aussi glaciale qu'ardente, mène le néophyte James vers Vaughan, un cascadeur loufoque et balafré, qui initiera bientôt le couple Ballard à des rites charnels mortuaires où se confondent odeurs de sperme, de sang et de tôle calcinée.

 

© 1996 ALLIANCE COMMUNICATIONS CORPORATION, IN TRUST. Tous droits réservés. © 1996 ALLIANCE COMMUNICATIONS CORPORATION, IN TRUST. Tous droits réservés.
© 1996 ALLIANCE COMMUNICATIONS CORPORATION, IN TRUST. Tous droits réservés.

Une esthétique fétichiste

 

Avec des plans saccadés rappelant les mouvements d'un coït violent, David Cronenberg zoome sur les détails avec insistance. Comme le personnage d'Alex DeLarge, forcé, à l'aide d'écarquilleurs, à regarder des images insoutenables dans Orange Mécanique (1971), le spectateur est ici contrait d'adhérer aux délires fétichistes du couple libertin. Plus encore, il finit par y prendre plaisir. Avec Crash, on se perd dans les trainées de fumée bleue et rouge de Peter Suschitsky (directeur de la photographie anglais ayant collaboré à dix reprises avec David Cronenberg), les traumatismes deviennent jubilatoires, la froideur brûlante et le sexe aussi savoureux qu'abrasif. Jupes trouées à l'entre-jambe, gants en cuir rouge, porte-jarretelles et prothèses tibiales ultra sexy : les costumes signés par la soeur du réalisateur de Videodrome (1983) rappellent ceux d'un bon film porno (s'il en existe) des années 90.

 

Plus qu'un film décortiquant les liens entre érotisme et technologie, Crash est un hommage à l'amour. Pour la musique, d'abord, puisque ce film parfois d'une extrême violence envers ses personnages semble pourtant les envelopper dans une atmosphère protectrice, celle de la bande originale d'Howard Shore – avec lequel le cinéaste canadien a collaboré sur tous ses films, à l'exception de Dead Zone (1983). Embarquant le clan sadomasochiste vers un terrain parfois tendre (comme lorsque le couple Ballard fait l'amour lentement, jusqu'à la jouissance partagée), souvent glauque et toujours viscéral, les notes électroniques aussi font preuve de l'amour de David Cronenberg pour une esthétique à part entière : celle des années 90. Tout dans Crash fait regretter l'époque du tout puissant nightclub The Haçienda de Manchester, de la fin du Minitel et des débuts des Motorola portables. On s'offusque alors lorsque Catherine Ballard grille une cigarette à l'hôpital au chevet de son mari convalescent, et on est scandalisés de voir les scènes de sexe si nombreuses et les préservatifs inexistants. Finalement, (re)découvrir le Prix spécial du jury cannois décerné en 1996 presque vingt-cinq ans après, c'est aussi regretter que des films aussi libres ne sortent plus en salle aujourd'hui. 

 

Crash (1996) de David Cronenberg, en salle demain.

Crash de David Cronenberg : bande-annonce 2020