Agar Agar – Nap
C’était en novembre 2019, le public du festival Pitchfork, sous la Grande Halle de la Villette, quittait la scène de la Nef les jambes tremblantes et le regard hagard. Pour ceux qui redoutaient un set un peu mou, le duo formé par Clara Cappagli et Armand Bultheel avait remis les pendules à l’heure. Le duo sait jongler entre les ambiances, de la pop vaporeuse aux beats électro déchainés.
Il faut dire que depuis la sortie de son premier album, The Dog & the Future, en 2018, le groupe a habitué son public à des allers-retours entre une pop céleste et des beats électroniques. À ce titre, si le mini-EP Nap, paru aujourd’hui, porte le doux nom de “sieste”, il est lui aussi une belle preuve de l’ambivalence d’Agar Agar. Celui-ci débute avec le morceau éponyme Nap, qui malgré ce titre évocateur, ne donne en rien envie de retourner se coucher. Trip acide qui rappelle le brillant EP du groupe, Cardan, la voix de Clara Cappagli résonne comme un écho, sublimée par quelques notes de synthétiseur lumineux. Le second titre de cet opus, Aaaaah, tranche avec l’aspect entrainant du premier. Alors que le chant se fait plus délicat, les sonorités sont quant à elles plus aériennes, alors que les paroles évoquent une histoire de fantômes, à la fois lugubre et romanesque. On croirait presque avoir enfoncé une cartouche dans une vieille Game Boy pour lancer une partie de Zelda.
Comme de nombreuses productions musicales dévoilées ces dernières semaines, Nap a été finalisé pendant le confinement, à distance, entre Biarritz pour Clara Cappagli et un squat en banlieue parisienne pour Armand Bultheel. D’où, sans doute, l’arrière-goût de nostalgie et d’introspection procuré par ce second morceau contemplatif. Pour célébrer la sortir de l’EP, et la fin de leur enfermement, le groupe a créé un site sur lequel il est possible de télécharger Nap, gratuitement : “Ce sont des temps étranges, nous avons trouvé sage de faire une petite sieste” peut-on y lire, avant de plonger dans un voyage, certes bref, mais sidéral.
