Who is Alan Moore, writer of Watchmen and V for Vendetta?
À l’occasion de la sortie de son second roman évènement “Jérusalem” aux éditions Inculte le 30 août prochain, retour sur la carrière d’Alan Moore, romancier, musicien et scénariste de bande dessinée aussi énigmatique que talentueux. Une référence de la pop culture actuelle
Par Alexis Thibault.
Un scénariste issu de l'underground
À 63 ans, le Britannique est le ponte de la bande dessinée. Le natif de Northampton près de Londres, avait les pieds ancrés dans la contre-culture seventies bien avant de redonner son titre de noblesse au comic strip. Ado anarchiste vendeur de LSD, auteur pour le New Musical Express, il dégaine le pseudonyme de Curt Vile pour ses piges. De l’hebdomadaire de science-fiction 2000 AD au Warrior de Marvel UK (1982-1985) Alan Moore, nostalgique des héros costumés des années 50, scénarise des utopies, balades mélancoliques mêlant merveilles et sombres chroniques fantastiques. Épris du verbe de Lovecraft, inspiré par la Beat generation de William S. Burroughs, Alan Moore a connu la pauvreté dans son enfance. Le jeune homme s’essaye au dessin, le scénario sera son terminus. Approché par l’éditeur américain Len Wein, créateur du célèbre Wolverine, Moore se réapproprie le personnage chancelant de Swamp Thing (DC Comics). Il fait remonter les ventes et s’octroie les faveurs de la critique. Suivront des “mises à jour” de Green Arrow, Omega Men, Batman avec l’excellent Killing Joke, ultime éclat de rire du Joker aux côtés de l’illustrateur Brian Bolland. Autant d’œuvres qui lui permettent d’enchaîner les récompenses littéraires. En 1996, Alan Moore publie son premier roman, Voice of the Fire (Top Shelf Productions), vingt ans plus tard, Jérusalem est le fruit d’une décennie d’écriture, une autobiographie aux éléments fantastiques, l’œuvre la plus attendue de la rentrée littéraire.
Le Roi du roman graphique
1981 signe la rencontre entre le scénariste et l’illustrateur David Lloyd. La bande dessinée V pour Vendetta voit le jour au sein du mensuel indépendant Warrior et paraît cinq ans plus tard, après la faillite du titre de presse, sous forme de roman graphique aux éditions DC. Un mystérieux justicier masqué sévit, perdu dans une Angleterre néo-thatchérienne critiquée prônant l’anarchie comme seul rempart à la dictature politique. Quelques années plus tard, signé avec le dessinateur Dave Gibbons, le roman graphique Watchmen : les gardiens fascine les lecteurs. Sombre dystopie sur fond de guerre froide, cette œuvre d’anticipation sera citée par le Times parmi les “100 meilleurs romans en langue anglaise depuis 1923”. Pièce maîtresse d’Alan Moore, l’implication scénaristique ressentie dans Watchmen forge sa réputation. L’auteur au physique atypique, mi-Gandalf, mi-dandy biker, ne s’arrête pas là et, avec dix volumes publiés de 1991 à 1996, Moore dévoile l’ampleur de son talent dans From Hell. Le titre est emprunté à l’en-tête d’une lettre de Jack l’Éventreur, le fameux serial killer qui mutilait les prostituées de Whitechapel.
V pour Vendetta, Watchmen : Alan Moore, grand absent des génériques
V pour Vendetta fascine Lana et Lilly Wachowski, qui souhaitent le transposer sur grand écran. C’est finalement le réalisateur James McTeigue qui se chargera du justicier théâtral, les deux sœurs était trop occupées par leur Matrix mais signeront le scénario. Le succès d’Alan Moore a transcendé le médium bande dessinée. Profitant du succès de 300, le cinéaste émérite Zack Snyder se charge de Watchmen en 2009. Il signe là, l’adaptation la plus fidèle, allant jusqu’à composer le story-board à partir des planches du roman graphique. Le long-métrage est salué par Dave Gibbons, dessinateur originel : “J’ai le sentiment que nous avons réussi quelque chose de particulier – un film qui ne satisfait pas uniquement les fans que compte le roman graphique depuis sa parution, mais attire également les néophytes”, déclarait le réalisateur. “Et si, au final, Watchmen est considéré comme une bande-annonce de deux heures trente pour le livre, ce sera ma plus belle récompense. ” Mais le scénariste amateur d’épopées narratives refuse de voir son nom apparaître au générique. D’ailleurs, il s’est vu dépossédé de ses droits. Comme il confiait récemment à nos confrères des Inrockuptibles “Watchmen m’a été volé en 1985 du fait d’un contrat compliqué et tordu entre une société hyper puissante et un jeune gars, moi, qui a grandi sans avoir l’eau courante chez lui […] Aujourd’hui, j’aurais préféré avoir écrit des romans plutôt que Watchmen et V pour Vendetta”.
Jérusalem le roman choc de la rentrée
Avec Jérusalem, Alan Moore ne cache pas ses ambitions, les personnages historiques (Lady Di, William Blake) font irruption dans une atmosphère où lyrisme et fantastique sont les maîtres mots. Entre fiction et autobiographie, ce nouveau roman est une affaire de famille au sein d’un décor que Moore connaît bien : un Northampton romancé qui symbolise le globe dans son ensemble. Best-seller du New York Times et œuvre choc de la rentrée 2017, les 1 200 pages de Jérusalem comptent bien asseoir un peu plus encore la réputation de l’auteur britannique.
Jérusalem disponible le 30 août (Éd. Inculte).