Une championne d’échecs réclame 5 millions de dollars à Netflix
La joueuse d’échecs géorgienne Nona Gaprindachvili, une légende dans sa discipline, attaque la plateforme de streaming en justice et lui réclame cinq millions de dollars pour avoir dépeint un tableau “sexiste et dénigrant” de sa vie dans la série Le Jeu de la dame (2020).
Par La rédaction.
Voilà une affaire qui risque d’entacher la réputation de série formidable et iconoclaste que s’est forgée Le Jeu de la dame, depuis sa diffusion sur Netflix, en octobre 2020. La joueuse d’échecs géorgienne Nona Gaprindachvili, une légende dans sa discipline, attaque la plateforme de streaming en justice et lui réclame cinq millions de dollars. Elle l’accuse d’avoir, selon l’AFP, “menti effrontément et délibérément sur [ses] succès” avec la série. Le Jeu de la dame, show aux quelques soixante-deux millions de visionnages dans le monde [en décembre 2020], raconte l’histoire, en pleine guerre froide, de Beth Harmon, une jeune fille, initiée aux échecs par un employé marginal de l’orphelinat sinistre où elle a été placée à 9 ans après le suicide de sa mère. Anya Taylor-Joy, révélée par la série, y incarne une prodige qui brille dans le monde des échecs, dominé par les hommes. Un récit qui semblerait donc directement inspiré de la vie de Nona Gaprindachvili, devenue la première femme grand maître d’échecs de l’histoire en 1977.
Or, selon la championne des échecs soviétiques aujourd’hui âgée de 80 ans, cette interprétation de sa vie est totalement erronée. Dans la série, le personnage de Beth n’aurait “jamais affronté d’hommes”, tandis que lors de sa carrière, Nona Gaprindachvili a affronté des dizaines de joueurs masculins de premier plan et en a battu vingt-huit. Une vision “manifestement fausse, ainsi que grossièrement sexiste et dénigrante” selon la Géorgienne, qui a enregistré sa plainte jeudi 16 septembre dans un tribunal californien. “Ajoutant l’insulte à l’outrage, Netflix décrit Gaprindachvili comme étant russe, alors qu’ils savent qu’elle est géorgienne et que les Géorgiens ont souffert de la domination russe lorsqu’ils faisaient partie de l’Union soviétique”, peut-on également lire dans l’extrait. Netflix assure, quant à elle, avoir “le plus grand respect pour Mme Gaprindachvili et son illustre carrière”, tout en ajoutant que cette plainte “n’a aucun fondement”. La plateforme aux 208 millions d’abonnés passera-t-elle à la caisse ? Affaire à suivre.
Le Jeu de la dame (2020), une série créée par Scott Frank et Allan Scott, disponible sur Netflix.