23 juil 2019

Un documentaire retrace l’obscure histoire du cinéma hollywoodien

Des débuts du cinéma au show business juteux, en passant par la censure et les film provoc’ des année 70, le documentaire d’Arte “Hollywood Confidential : les égouts du paradis” revient sur la construction d’un mythe sans pareil. Sorti en 2016, et réalisé par Jérôme Korkikian, ce documentaire est rediffusé sur le site web d’Arte jusqu’au 26 juillet. 

Hollywood Land – 1923

En croisant les témoignages du cinéaste et critique américain Peter Bogdanovich et celui de l’historien du cinéma Peter Biskind, Hollywood  Confiential : les égouts du paradis revient sur histoire du cinéma hollywoodien. Signé Jérôme Korkikian, ce documentaire dépeint en filigrane l’évolution de la société américaine en s'appuyant sur des extraits de films emblématiques de l'époque et portrait d'icônes d’Hollywood.

 

Dans les années 20, l’industrie cinématographique fait ses premiers pas à Los Angeles, ville de néant où tout est à créer. Afin de promouvoir un lotissement dans les hauteurs de la ville, d’énormes lettres blanches sont installées, marquant ce qui deviendra plus tard l’épicentre du cinéma international : Hollywood. Inventant seul les règles de cet univers à part, le cercle fantasque du cinéma du début du siècle se transforme rapidement en nouvelle Sodome, où drogue, violence sexe et alcool coulent à flots. Les excès et les atrocités de certains acteurs délurés sont dévoilés dans les médias : les ligues de vertu sont horrifiées et se mobilisent vigoureusement. De la pédophilie de Charlie Chaplin, à la toxicomanie de Judy Garland, les scandales éclatent et, en 1930 le code de censure Hays (du nom du sénateur William Hays, président de la Motion Picture) est édifié.

 

Alfred Hitchcock et Janet Leigh sur le tournage de “Psychose”

Accusés par les groupes religieux de pousser à la violence, les films du début du cinéma choquent et provoquent la controverse. Tel un prescripteur de bonne conduite, le code de censure Hays moralise la profession et le contenu cinématographique, prônant le respect de l’état et des valeurs de la religion. Mais dans les années 30, une crise économique coule l’Amérique, poussant les réalisateurs dans l’aire “pré-code” : des films à sensation, où monstres, gangsters et sexualité débridée crèvent l’encrant. Très vite, ils relancent l’attrait du public pour le divertissement cinématographique. King Kong de Merian C. Cooper, film où un singe titanesque s’éprend d’une jolie blonde (Fay Wray) en est l’exemple le plus saisissant. En 1934, le code de censure est finalement appliqué. Mais à peine une décennie plus tard, le moralisme frénétique des groupes de pression ecclésiastiques s’éreinte, accompagné de l’arrivée de la télévision dans les maisons et de la montée en puissance de la liberté d’expression. Le Nouvel Hollywood nait au début des années 70, s’affranchissant totalement du code Hays. Les films de ce mouvement, comme ceux de Kubrick (Orange mécanique) et de Scorsese (Taxi Driver) secouent et commotionnent le public : ils créent le dialogue et amènent à réfléchir sur la société.

 

Mais rapidement, la libre réflexion cinématographique se voit opprimée par un nouveau despote, qui n’est ni dogme ni pression : son nom est dollar. Contraints par les lois du marché, les producteurs vouent un culte aux blockbusters : des histoires simples et directes qui ne font jamais débat (sauf sur leur degré de médiocrité). Des Dents de la mer de Steven Spielberg au lancement de la saga Star Wars en 1977, les films se transforment en superproductions à gros budget et effets spéciaux en tous genres. Résolument consensuelles, les adaptations filmographiques des bandes dessinées Marvel sont largement exploitées et les super héros perdurent dans le temps. Dernier exemple en date : Captain Marvel avec Jude Law, sorti au cinéma en mars dernier.

 

À regarder jusqu’au 26 juillet 2019 sur Arte.