The White Lotus sur OCS: excursion décevante sur une île paradisiaque
Diffusée dès le 12 juillet sur OCS, la toute nouvelle production HBO The White Lotus nous embarque dans l’hôtel de luxe du même nom, à Hawaii, aux côtés de vacanciers toujours plus névrosés les uns que les autres.
Par Chloé Sarraméa.
Étouffés par la cacophonie du Festival de Cannes et les sorties en salle de certains films en compétition, on n’en oublierait presque les séries télévisées. Et c’est parfois pour le mieux. Nouvelle création prometteuse d’HBO qui, après le flop monumental de The Nevers, sa dernière production fantastique sur fond d’époque victorienne (rien que ça !), a dévoilé des programmes plus que réjouissants – de la saison 4 d’In Treatment au génial polar Mare of Easttown –, The White Lotus (le Lotus Blanc, en français), mini-série satirique centrée sur le séjour de riches vacanciers dans un resort hawaïen, se révèle décevante. D’une durée de six épisodes, le show, qui augurait un humour grinçant, des situations hilarantes et une bonne dose de sévérité envers ses riches personnages ne fait que dresser le portraits d’humains plutôt lisses dans des moments pas vraiment drôles. Il nous pousse donc à nous interroger : “Pourquoi perdre six précieuses heures de notre temps ?”
Que vaut la série The White Lotus ?
Créé par Mike White (qui s’est amusé à donner son nom de famille à l’hôtel dont le titre de la série est tiré), un showrunner et réalisateur star américain à qui l’on doit le carton comique Rock Academy (2003) et la série mémorable avec Laura Dern Enlightened, ce nouveau programme tourné en pleine pandémie réunit une petite dizaine de personnages tous étrangers les uns aux autres, qui doivent partager leur quotidien, le temps d’une semaine, dans un hôtel de luxe sur une île paradisiaque. D’entrée de jeu, on sait qu’aucun n’en ressortira indemne : un futur marié quitte Hawaï sans sa fiancée tandis qu’un cercueil nous pousse à penser que l’un des vacanciers ne reviendra carrément pas chez lui… Mais revenons à l’arrivée de cette petite troupe d’Américains au Lotus Blanc.
Le premier épisode nous permet déjà de cerner chaque personnage. Tanya (Jennifer Coolidge), une femme vieillissante et obsédée par la spiritualité et le bien-être jette son dévolu sur la directrice du spa (Natasha Rothwell), fatiguée de toujours devoir prendre soin des autres. Shane (Jake Lacy), qui a emmené sa fiancée (Alexandra Daddario) en lune de miel, se révèle enfin sous son vrai visage : un gosse de riche qui enchaîne les caprices. Nicole (Connie Britton), elle, qui ne voit que par son travail et ses responsabilités, se retrouve à gérer les crises d’angoisse de son mari qui craint d’avoir un cancer aux testicules tandis que son fils est collé à son smartphone et que sa fille (Sydney Sweeney, vue dans Euphoria), adolescente, ne cherche qu’à se droguer avec son amie métisse pour tuer l’ennui suscité par cet endroit de rêve.
Voulant tourner ses personnages en ridicule et montrer à quel point les humains ont du mal à vivre ensemble, Mike White passe à côté de ce qui aurait fait le sel de sa série : la cruauté. Tanya, Shane ou Nicole accumulent les clichés, enchaînant les situations grotesques et dégoulinent de superficialité. Ils sont riches, blancs, nantis, et jamais leurs petites manigances ou petits défauts ne sont poussés à l’extrême. Du moins pas assez pour les rendre vraiment détestables.
Toujours dans le souci du “politiquement correct”, Mike White aborde gentiment des thèmes actuels et problématiques de nos sociétés contemporaines, comme la discrimination au travail, à travers l’histoire de Lani (Jolene Purdy), une employée d’origine hispanique qui a caché sa grossesse afin de trouver un job d’intendante dans l’hôtel. Extrêmement caricaturale, sa manigance n’est démasquée que lorsqu’elle perd les eaux devant son supérieur sur le sol en marbre de la réception. Ce dernier étant censé n’avoir rien remarqué depuis son arrivée… Noyés par leurs névroses et obnubilés par leurs petits nombrils, tous les personnages apparaissent ici comme ultra désagréables, sans pour autant être assez bien écrits pour sembler détestables. The White Lotus rate donc sa cible : condamner la bourgeoisie 2.0.
The White Lotus (2021), une mini-série créée par Mike White, disponible sur OCS.