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Rachel Sennott nous raconte I Love LA, la série ultra Brat qu’elle a réalisée
Récemment à l’affiche du film Sam fait plus rire, Rachel Sennott, nouveau visage très Brat de la comédie américaine, enchaîne les projets. Le 3 novembre 2025, elle dévoilera sur HBO Max sa première réalisation, I Love LA, une série qui marche sur les pas de Sex and the City et de Girls. Rencontre avec la cool kid du cinéma indépendant US.
par Violaine Schütz,
et Ambra Flora.

I Love LA, une série brillante réalisée par Rachel Sennott
Figure incontournable de la comédie et du cinéma indépendant américains, la géniale Rachel Sennott se lance dans une nouvelle aventure excitante. Aperçue dans les excellents films Bottoms (2023) et Sam fait plus rire (2025), l’actrice et humoriste américaine âgée de 30 ans assume les responsabilités d’actrice principale, productrice exécutive, réalisatrice et scénariste d’une série, I Love LA (disponible sur HBO Max le 3 novembre 2025), pour la première fois de sa carrière.
Lors d’une conférence de presse qui avait lieu le 28 octobre 2025 en direct de Los Angeles, la star explique à propos de ses différentes casquettes : “J’ai adoré ces quatre boulots. J’ai pris mon pied avec chaque job. Et celui que je préférais changeait tous les jours ! Cependant, réaliser, c’était vraiment génial parce que c’était la première fois et j’étais nerveuse. Mais j’ai reçu un soutien incroyable de toute l’équipe.«
Un croisement entre Girls et Sex and the City
Le pitch de ce show irrévérencieux qui se moque de la culture des influenceurs et des it girls, de la quête effrénée de followers, et des habitants, parfois très superficiels, de Los Angeles ? “Un groupe d’amis se réunit afin de tenter de comprendre comment le temps passé, l’ambition et les nouvelles relations les ont changés. » La série décalée, aussi survoltée et messy qu’une chanson de Charli xcx (une amie de la créatrice du show), séduit grâce à l’humour caustique de sa scénariste qui dépeint le milieu du spectacle avec acuité et férocité.
Le programme de Rachel Sennott I Love LA s’inscrit dans le sillon des programmes comiques Girls (2012) de Lena Dunham et Insecure (2016) d’Issa Rae. Mais cette production qui laisse une grande part au sexe (dès sa première scène très osée) fait aussi songer à une version Gen Z de la série culte Sex and the City (1998).

“Pour la création de cette série, on s’est beaucoup inspirés des shows cultes de HBO.” Rachel Sennott
La réalisatrice proche de l’actrice Ayo Edebiri nous confie : “Je crois que, pour la création de cette série, on s’est beaucoup inspirés des shows cultes de HBO. On a beaucoup parlé de Sex and the City, de Girls, d’Insecure. Entourage a aussi été une référence importante, tout comme Atlanta. On a puisé notre inspiration dans de nombreuses séries, mais idéalement, on voulait créer notre propre style, quelque chose d’unique. On espère y être parvenus et que le public le ressentira. Mais je pense qu’il est impossible de ne pas s’inspirer d’autres œuvres exceptionnelles. Ensuite, on espère y ajouter notre touche.”
Leighton Meester dans le casting
Le charme d’I Love LA repose beaucoup, aussi, en plus de son ton décapant et de son rythme effréné, sur son casting décoiffant. L’énergique Rachel Sennott incarne avec brio le personnage de Maia, une responsable des relations publiques qui veut faire embauche dans son agence une amie créatrice de contenus qui ressurgit dans sa vie. Elle est entourée de l’acteur Josh Hutcherson (Hunger Games) qui joue son petit ami et du comédien Jordan Firstman (The English Teacher) qui interprète un styliste de célébrités.
Le casting se compose aussi de True Whitaker (Godfather of Harlem), la fille de Forest Whitaker qui interprète une nepo baby dont le père est producteur, ainsi que de la charismatique Odessa A’zion (Grand Army) qui se glisse avec aisance dans la peau d’une influenceuse. On retrouve aussi Leighton Meester (Gossip Girl) dans un rôle phare, celui de la patronne d’une compagnie de talents. Le résultat ? Une galerie de personnages hauts en couleur, agités et souvent névrosés.

“Je suis probablement une sacrée narcissique. C’est mon métier.” Rachel Sennott
Rachel Sennott précise cependant à leur sujet : “J’ai essayé d’aborder tous les personnages avec empathie. Je pense, évidemment, que ce sont des personnages comiques. Personnellement, je suis probablement une sacrée narcissique. C’est mon métier. Tout le monde a ses défauts, et c’est ce qui, à mon avis, rend les personnages intéressants. Mais je pense que nous avons aussi tenté de les regarder avec amour et humanité, de trouver différentes facettes à leurs personnalités et de leur donner du sens. »
La réalisatrice ajoute : “Tous les acteurs de la série étaient incroyables, ils ont vraiment donné de la profondeur à chaque personnage. N’importe lequel des personnages aurait pu facilement tomber dans le cliché. Or, chaque acteur a fait un travail formidable pour ancrer le personnage dans l’humanité, au point que même si on ne vit pas à Los Angeles, on se dit : “J’ai un ami comme ça.”
L’actrice Leighton Meester, qui joue la boss du personnage incarné par Rachel Sennott, explique, de son côté : “C’était si facile et vraiment agréable de jouer ce rôle. J’apprécie vraiment qu’on ait fini par découvrir petit à petit qu’elle n’était qu’un être humain avec tout un tas de choses qui se passaient en coulisses. Mais je pense que ce dont on avait parlé dès le début, c’était de l’ancrer dans la réalité et d’en faire quelqu’un d’assez impressionnant pour que Maia, le personnage de Rachel, ait envie de travailler avec elle. Mais je pense aussi que révéler ses insécurités et peut-être le cycle complet de sa tentative de rectifier le tir, voire de sur-rectifier ce qui lui est arrivé par le passé, c’était important. Elle vient d’un milieu professionnel très masculin et oppressant. Or, la boucle est bouclée, et elle en fait tout simplement trop.”

Entre l’ode à Los Angeles… et la satire
Mais le personnage principal de la série reste la ville américaine célèbre pour ses palmiers et sa luminosité, mais aussi pour sa dualité, ses contradictions (de grands échecs côtoient de grandes réussites), ses boissons hors de prix aux vertus supposément holistiques et ses jeunes femmes très bien habillées. L’actrice de Shiva Baby (2020) et The Idol (2023) explique : « J’ai écrit la série en m’inspirant de ce que j’ai ressenti en arrivant à Los Angeles pendant la pandémie. Je me sentais vraiment isolée, je n’avais pas beaucoup d’amis, et j’ai commencé à vivre mon Retour de Saturne et à déprimer. C’était le chaos. J’avais un accident de voiture tous les trois mois. J’habitais à North Hollywood. Et ça n’a pas changé. J’ai toujours autant d’accidents. Tous les six mois environ. Enfin, je n’en ai pas eu un seul depuis la Saint-Valentin. Espérons que ça continue. Touchons du bois.”
Si son show est une ode à Los Angeles, dans ce que la ville a de plus chaotique, la star, qui est originaire du Connecticut et a fait ses études à New York (avant de déménager à LA en 2020), ajoute avoir eu du mal à s’adapter à ce nouveau lieu de vie au départ : “On arrive à LA sur la défensive, en se disant : “Je déteste cet endroit. Je retourne à New York. Le froid me manque. Quand arrive à LA, c’est difficile. Surtout quand on vient de la côte Est et qu’on apporte cette énergie ici. Au début, je résistais. J’avais clairement cette attitude new-yorkaise en arrivant à Los Angeles. Je pense que ça joue un rôle important au début de la série.”
Une attitude qu beaucoup d’Américains ont déjà eu selon la créatrice du show : “Beaucoup de mes amis étaient comme ça. En grandissant à New York, ils disaient : “Oh mon Dieu ! Je déteste tellement LA !” J’ai l’impression que les New-Yorkais disent toujours ça de cette ville. Ensuite, on est à Los Angeles et on voit nos amis new-yorkais et on leur dit : “Essayez la lumière directe du soleil, ça vous ferait du bien. » Petit à petit, on se détend e on apprend à l’aimer, et même, à l’adorer.”

“À Los Angeles, il y a des opportunités et des amis à se faire, mais rien ne vous tombera du ciel.” Rachel Sennott
Rachel Sennott poursuit : “J’adore New York et je ne cesserai jamais de l’aimer. Mais je crois que c’est en passant du temps ici qu’on lâche prise et qu’on finit par tomber amoureux de l’endroit. J’ai l’impression que c’est comme si on trouvait ses amis, son quartier, ses endroits favoris. Et puis tout à coup, un jour, on regarde autour de soi et on se dit : ”J’adore cette ville.” C’est comme si c’était chez moi. Je l’ai ressenti en faisant cette série et en tournant ici avec cette équipe incroyable. On a pu tourner dans des endroits où on va tout le temps comme le Silver Lake Reservoir.”
La réalisatrice a tourné aussi chez Erewhon, une chaîne d’épicerie américaine haut de gamme et healthy dont les stars raffolent. Ils sont les premiers, selon la créatrice du show, à avoir eu l’autorisation de filmer une fiction dans ce temple du cool.
Si Rachel Sennott a fini par aimer LA et ses lieux branchés, elle note cependant qu’il ne faut pas se laisser aller si on veut s’y faire une place au soleil : “Je dirais que pour s’installer ici, il faut être très actif dans sa vie. Il y a des opportunités et des amis à se faire, mais rien ne vous tombera du ciel. Il faut aller les saisir et les concrétiser. C’est d’ailleurs l’un des plus grands atouts de Los Angeles : ça m’a poussée à être plus active à bien des égards. Et à faire des changements, à prendre des décisions. Ensuite, je dirais qu’il faut créer son réseau. Il faut trouver ses amis, travailler avec eux et se soutenir mutuellement.”
“J’adore les films de mafia et pourtant, je ne suis pas mafieuse.” Rachel Sennott
Une stratégie payante comme l’avoue la comédienne. “Il faut commencer par trouver des gens de votre niveau et progresser avec eux. On peut toujours viser haut et fort. Mais pour ma part, j’ai toujours eu des opportunités en regardant autour de moi. Mes amis, dès le début, m’ont dit : “Ouais, je veux bien faire ton spectacle d’humour bizarre dans une cave. Je ferai ce que tu as écrit. Je ferai tout ce que tu veux. Puis, des années plus tard, cette même amie me dit : “Tu es une actrice star. Tu veux bien venir faire deux jours de tournage ?” Et tu réponds oui. Garder la même communauté, c’est vraiment important.”
Mais rassurez-vous, il n’est pas nécessaire d’être fan de culture américaine et de Los Angeles pour apprécier la série déjantée d’HBO. La star de Bodies Bodies Bodies (2022) précise que même si tout est très spécifique, on peut s’identifier aux problématiques traitées : “J’adore les films de mafia et pourtant, je ne suis pas mafieuse. Mais je comprends ce qu’ils racontent dans Casino. Pour la série, on a essayé de trouver un équilibre par rapport aux blagues internes en établissant assez de règles pour que les gens comprennent le show. Et je pense que les personnages et leurs relations sont universels.”
I Love LA (2025), créée par Rachel Sennott, disponible le 3 novembre 2025 sur HBO Max.