27 oct 2020

Qui était Selena Quintanilla, surnommée la “Madonna mexicaine”?

Chanteuse, actrice, top model, créatrice de mode… Telles étaient les nombreuses casquettes portées par la chanteuse Selena, qui en seulement quatorze années de carrière, a su se hisser au rang d’icône. À l’occasion de la sortie de la nouvelle série Netflix “Selena: The Series” retraçant la carrière de la chanteuse – attendue pour le 4 décembre –, retour sur la vie de celle que l’on surnommait la “Madonna mexicaine”.

Des origines modestes

 

Avant de remplir toutes les plus grandes salles des États-Unis telles que le Madison Square à New York, ou le Fillmore de San Francisco, la jeune Selena Quintanilla connait des débuts de carrière plus modestes. Tout juste âgée de 10 ans, le jeune fille officie à la tête du groupe de musique familial se produisant sur la scène de “Papa Gayo’s”, le restaurant mexicain tenu par son père au Texas. En 1980, l’affaire est touchée par la crise du pétrole, se retrouve sans le sou et dans l’obligation de fermer ses portes. La jeune Selena – qui marque déjà les esprits par sa prestance et ses performances vocales – devient la bouée de sauvetage de la famille Quintanilla. Ensemble, ils parcourent le Texas pour se produire lors de quinceñeras (fête des quinze ans) ou de mariages. Le reste du temps, le groupe familial dorénavant nommé “Selena y Los Dinos” joue dans la rue et fait la manche.

 

Une femme dans une industrie masculine

 

Grâce à la popularité grandissante de sa chanteuse, Selena y Los Dinos enregistre son premier LP en 1984. Portant le nom du groupe, ce premier opus présente des sonorités Tejano, un genre musical populaire chez les mexicains vivant aux États-Unis, mixant à la fois la polka, le jazz et la country. Ce choix musical se fait à l’encontre de la volonté de Selena. Cette dernière préférerait enregistrer des chanson en anglais, mais son père estime qu’elle doit embrasser son héritage culturel et chanter en espagnol. Une décision controversée, car le Tejano est, jusqu’alors, un style dominé par le genre masculin.

 

Avec Selena en figure de proue, le groupe essuie plusieurs refus de la part de nombreuses salles de spectacle du sud des États-Unis. Les programmateurs mettent en garde le père de la chanteuse et estiment que le projet ne fonctionnera jamais avec une femme à sa tête. Malgré un grand nombre de détracteurs et le machisme qui l’entoure, la chanteuse continue d’enregistrer de nouveaux titres Tejano. En 1984, Selena remporte la distinction de “meilleure artiste féminine de l’année” aux Tejano Music Awards, une récompense qu’elle obtiendra pendant neuf années consécutives. Forte de ce succès et de cette nouvelle reconnaissance, Selena dévoile quatre nouveaux LP en l’espace de deux ans, s’imposant comme la nouvelle figure dominante d’un genre musical historiquement réservé aux hommes.

https://youtu.be/JInSy-fHmJk

La création d’un mythe

 

En 1989, la chanteuse sort finalement Selena, son premier album studio. L’artiste présente alors une assurance nouvelle et écrit My Love, un titre enregistré en anglais venant trancher avec les autres pistes produites en espagnol. L’opus se hisse jusqu’à la septième place du classement US Billboard Regional Mexican Album. Selena commence alors à attirer l’attention de grandes compagnies et devient même la porte-parole de Coca-Cola au Texas. Trois ans plus tard, la chanteuse sort Entra a Mi Mundo (1992), son troisième opus studio qui dominera les charts du classement Billboard durant huit mois consécutifs, une prouesse jamais réalisée auparavant par une artiste de Tejano. Très vite, Selena gagne le cœur de millions de fans et devient une icône populaire. Son album Live! (1993) est consacré aux 36e Grammy Awards, remportant la distinction de “meilleur album mexicain/américain”.

Selena dans l’une de ses tenues iconiques

Avec cette nouvelle popularité et son style distinctif – à base de combinaisons pattes d’éléphants, de ceintures à strass et de perfectos à franges – Selena est rapidement approchée pour créer sa propre ligne de vêtements. La chanteuse ouvre alors deux boutiques nommées “Selena Etc.” au Texas. Rapidement, les magasins sont pris d’assaut et rapportent la coquette somme de cinq millions de dollars à l’artiste, selon le magazine Hispanic Business. La chanteuse devient alors une nouvelle référence de l’industrie de la mode… Elle gagne le titre de “Madonna mexicaine”, soulignant le côté avant-gardiste de son vestiaire.

La chute d’une légende

 

En 1995, Selena détient deux Grammy Awards, près d’une dizaine de Tejano Awards, est à la tête d’un label florissant et remporte le titre de “Reine du Tejano”, un genre musical qu’elle a grandement re-popularisé. Alors que la carrière de la chanteuse semble atteindre son apogée, Selena est abattue par Yolanda Salívar, la meneuse du plus gros fan club de l’artiste et ancienne partenaire sur les boutiques “Selena Etc”. Le meurtre de Selana a un énorme impact sur la communauté mexicaine des États-Unis et est même comparé aux assassinats de John Lennon, Elvis Presley ou John F. Kennedy. La photo de la chanteuse fait la une du New York Times deux jours d’affilé et ses fans se rendent en masse sur les lieux de son meurtre et sur sa tombe. Au Texas, les chansons de Selena sont diffusées en continu sur les radios et plusieurs monuments à sa mémoire sont érigés. Deux semaines après les événements, George W. Bush – alors gouverneur du Texas – fait de l’anniversaire de la chanteuse (le 16 avril) le “Selena Day”, une journée en l’honneur de sa carrière. En 1997, Jennifer Lopez incarne la reine du Tejano dans un premier biopic signé Gregory Nava. Le projet reçoit un bon accueil critique et remporte notamment quatre distinctions aux ALMA Awards. Plus de deux décennies après le décès de l’artiste, l’actrice Christian Serratos (The Walking Dead) prêtera ses traits à la chanteuse mexicaine dans une nouvelle série Netflix, attendue pour le 4 décembre prochain.

 

Selena: The Series (2020) de Hiromi Kamata, sortie le 4 décembre.