Que nous réserve la saison 3 de Succession, la série sur des ultra riches américains?
On n’avait qu’une hâte : découvrir à quelle sauce va être dévoré Kendall (Jeremy Strong), l’enfant prodigue du clan Roy, qui, à la fin de la saison 2, vient juste de révéler les vilains agissements de son milliardaire de père (Brian Cox) à toute la presse américaine – et donc au monde entier. Après la diffusion, lundi, du premier épisode de la saison 3, les huit autres seront dévoilés un par un, chaque semaine, sur OCS.
Par Chloé Sarraméa.
Dans la déferlante de Squid Game, on aurait presque zappé la sortie, hier, du premier épisode de la troisième saison de Succession. Et puis non, en fait… Comment l’oublier ? Il faut dire que ce nouveau volet de la série créée par Jesse Armstrong pour HBO est attendu depuis deux ans – Covid-19 oblige –, faisant se languir des fans – nous y compris – qui n’avaient qu’une hâte : découvrir à quelle sauce va être dévoré Kendall (Jeremy Strong), l’enfant prodigue du clan Roy. À la fin de la saison 2, il vient juste de révéler les vilains agissements de son milliardaire de père (Brian Cox) à toute la presse américaine – et donc au monde entier. Cette même presse qui est détenue en grande majorité par ce même patriarche et qui est, comme nous depuis la diffusion des premiers épisodes à l’été 2018, suspendue aux lèvres de chacun des membres du clan lors de ses prises de parole publiques – ou privées, dans notre cas.
Parce que la force de cette série, c’est exactement ça : elle nous embarque dans un tourbillon médiatique à l’échelle mondiale, nous fait scruter les moindres faits et gestes d’une famille si riche qu’elle parcourt le monde en un claquement de doigt (ou en quelques rotations d’hélices) et nous embarque dans une oligarchie capitaliste ultra perverse… le tout, dans la plus stricte intimité, à la manière d’une télé-réalité ou d’un documentaire, en accumulant les plans resserrés sur le clan et ses individualités qui se bouffent entre elles comme des piranhas. En bref, regarder Succession c’est se sentir à la fois l’intrus et l’invité d’honneur d’un Bal des débutantes version smartphones implantés dans toutes les paumes et rails de cocaïne sur des vasques en marbre.
Cette sensation de propulsion à l’intérieur même de la psyché d’un personnage atteint donc son climax lorsque l’on retrouve, dès les premières minutes de la troisième saison, Kendall Roy, le visage émacié et les yeux exorbités par l’adrénaline. Il vient de dénoncer l’implication de son père Logan dans une affaire de délits commis à l’encontre de petits employés des parcs de loisirs qu’il a fondé, Waystar Royco. Et cet épisode s’ouvre sur les prémices d’un combat mortel : qui du père ou de son fils aîné remportera cette première bataille médiatique ? Et qui d’entre eux, c’est inévitable, finira en prison ?
On comprend tout de suite les enjeux de ce conflit, qui revêt la forme, dès la première saison, d’un déchirement entre les quatre enfants du clan pour reprendre les rênes de l’empire. Là, il mue en guerre de position. Kendall se terre avec l’équipe qu’il constitue dans l’appartement new-yorkais de son ex-femme pour y établir sa stratégie. Logan, lui, s’exile à Sarajevo. Et comme cet homme mégalo, cruel et fin stratège, ne choisit rien au hasard, son pays d’accueil a ici toute son importance : il faut qu’il n’ait signé aucun traité d’extradition avec les États-Unis. Il s’entoure donc de ses proches, dont ses trois enfants Siobhan (Sarah Snook), Roman (Kieran Culkin) et Connor (Alan Ruck) et de ses employés, pour décider comment il va engloutir son fils chéri. Car c’est à ça qu’il faut s’attendre avec ce troisième volet sur la dynastie plus ou moins inspirée de celle de Rupert Murdoch (le milliardaire australo-américain, proche de Trump et propriétaire de The Australian, The Sun, The Times, The Wall Street Journal ou la chaîne Fox News) : un renvoi de balle incessant entre un père et fils prêts à en découdre, quitte à broyer, au passage, tous les autres membres de leur famille. Et peut-être le spectateur avec.
Succession (2021), saison 3, de Jesse Armstrong, un épisode chaque semaine sur OCS.