6 sept 2020

“Pose”, the series that invites us into the queer dancefloors of 1980s New York

Enthousiasmante nouvelle série produite par Ryan Murphy, "Pose" nous plonge dans le New-York des années 80, au cœur des nuits folles de la communauté queer et de la ball culture. Le New York des dancefloors où les fêtards déchaînés adeptes du voguing s'affrontaient toute la nuit à coups de looks déments et de chorégraphies sophistiquées.

Dans les années 1980, la communauté queer new-yorkaise marquée par le sida s’offrait, la nuit, d’intenses respirations, perpétuant la  “ball culture”, cette culture des bals LGBTQ née soixante ans plus tôt. Le documentaire culte de Jennie Livingston Paris is Burning (1990), visible actuellement sur Netflix, montre comment des équipes (les “houses”) qui incluaient de nombreuses femmes transgenres, rivalisaient sur la piste de danse à coups de costumes extravagants en exhibant leurs talents pour le voguing, ces chorégraphies parodiant les poses des mannequins sur les shootings. À l’époque, le New-Yorkais Steven Canals était un peu jeune pour fréquenter ces lieux. Mais il a vu le film. Devenu scénariste, il a fini par vendre au puissant producteur Ryan Murphy (American Crime Story, Nip/Tuck) une série inspirée de cet univers. L’une des plus enthousiasmantes de l’année.

 

Pose est centrée autour de quatre personnages, trois femmes transgenres participant à ces bals et un jeune homme gay plein d’espoir quant à une carrière de danseur. Pour la première fois dans l’histoire hollywoodienne – et peut-être mondiale –, la minorité trans tient le devant de la scène le plus naturellement qui soit. Les producteurs ont embauché deux scénaristes trans pour l’écriture, Our Lady J et Janet Mock, et insisté pour qu’aucune personne cisgenre ne joue le rôle d’une trans.

Sur cette base, la série déploie un univers de soap sentimental et sophistiqué aux références joyeuses, de Ru Paul’s Drag Race à Flashdance – qui a droit à son hommage direct – en passant par l’éternellement chic Dynastie. Le too much est un peu la règle, comme dans beaucoup de séries pilotées par Ryan Murphy. Mais Pose est née pour cela : redonner à une culture dominante et mainstream ses racines underground, ses élans venus du bas de l’échelle sociale. Cette vitalité se voit chaque seconde à l’écran. Si les personnages galèrent, dépendent d’hommes puissants et riches pour avancer dans la vie, c’est d’abord la mise à distance d’une aliénation, de toutes les aliénations, qu’embrasse la série avec un optimisme communicatif.

 

Autant que de la nostalgie des années 80, c’est aussi de l’Amérique actuelle que parle la création de Steven Canals, en faisant notamment le choix très malin d’un personnage de cadre de la finance travaillant à la Trump Tower, où les patrons sniffent de la coke sur leur bureau. Irrévérencieuse et pleine de souffle, Pose affirme la nécessité d’une révolution tranquille des représentations, et montre que les minorités n’accepteront plus d’être reléguées au rang de note de bas de page dans l’histoire. Il était temps.