Parasite mérite-il son succès ?
En 2020, “Parasite”, le film évènement de Bong Joon-ho, est entré dans l’histoire du cinéma. À l’occasion de la 92e cérémonie des Oscars, le long-métrage a remporté quatre statuettes, devenant ainsi le premier film en langue étrangère à être sacré meilleur film. Retour sur le phénomène qui fait trembler le monde du cinéma.
Par Lolita Mang.
Meilleur réalisateur, meilleur scénario original, meilleur film et meilleur film étranger. Parasite, le film ovationné de Bong Joon-ho a fait sensation lors de la 92e cérémonie des Oscars. Après une Palme d’or au printemps dernier à Cannes, un coffret collector de prestige ou encore une version en noir et blanc, le long-métrage coréen entre au panthéon du cinéma. Retour sur le phénomène qui fait trembler le 7e art.
1. Parasite, victime de son succès
Depuis son passage plus que remarqué au festival de Cannes en 2019, Parasite n’a cessé de faire parler de lui. Mettant en scène l’histoire d’employés de maison au service de la riche famille Park, le récit empreint de cynisme creusait le terrain des inégalités sociales à grand renfort d’oppositions ombre et lumière, bagarres mortelles et giclées de sang. Dans la lignée de ses autres longs-métrages à la violence surréaliste, Bong Joon-ho y livrait son travail le plus abouti. Résultat ? Plus d’1,7 millions d’entrées en France. Un succès inédit pour un film lauréat de la Palme d’Or. En 2018, Une affaire de famille de Hirokazu Kore-Eda cumulait 728 905 entrées tandis qu’un an plus tôt, le rocambolesque The Square de Ruben Östlund n’atteignait “que” 339 172 entrées.
Rapidement, Parasite se transforme en un véritable produit marketing. Suite à sa réussite incontestable dans les salles du monde entier, la chaîne américaine HBO s’est penchée sur le phénomène, afin d’en réaliser une adaptation en mini-série, avec Bong Joon-ho aux commandes. En outre, la société de distribution et de production de Parasite, The Jokers, propose dès janvier 2020 une édition au format inédit qui rassemble documents d’archives et plus de quatre heures de bonus. Aux versions DVD Blu-ray et Blu-ray 4K HDR s’ajoutent le story-board intégral du long-métrage dessiné par Bong Joo-ho lui-même, un steelbook – boîtier en métal – ainsi qu’un documentaire exclusif sur la genèse du film. À peine un mois plus tard, le film ressort en salle, cette fois-ci en noir et blanc.
2. Un film qui fait trembler le monde cinéma
Faut-il pour autant haïr Parasite ? Certainement pas. Récompensé à quatre reprises aux Oscars, le long-métrage de Bong Joon-ho devient le premier film en langue étrangère à remporter la statuette dorée pour le meilleur film. Une telle récompense au sein d’une cérémonie qui a tant de fois été critiquée pour son manque de diversité n’est pas sans conséquence. En effet, la 92e édition des Oscars avait ravivé le vieux débat de la représentation des minorités à Hollywood : aucune femme nommée pour la meilleure réalisation, une actrice noire sur vingt nommés pour les prix d’interprétation…
En 2012, une enquête du LA Times sur l’Académie des Oscars révélait la composition de ses membres. Sur les 5 765 votants, on comptait 94% de Blancs, 77% d’hommes dont 86% de plus de 50 ans. À peine quelques années plus tard, la polémique virale #OscarsSoWhite (des Oscars si blancs) dénonce l’absence totale d’actrice et d’acteur non-blanc dans les nominations pour les prix d’interprétation lors des 87 et 88e éditions de l’institution.
3. Un brûlot politique
Malgré le bruit qui entoure désormais Parasite, il semble nécessaire de revenir à son essence même. Un film à la fois graphique et virtuose sur la lutte des classes. Un film résolument politique et dénonciateur. Interrogé sur les causes de son succès vertigineux, le cinéaste Bong Joon-ho jugeait que, sans doute, Parasite avait mis le doigt sur un problème non pas coréen, mais international.
Le film aurait pu sombrer dans l’autocaricature… mais il se renouvelle joliment grâce à un mélange des genres détonant, faisant malicieusement communiquer la tragédie familiale avec la comédie sardonique, le brûlot politique avec le thriller horrifique. D’une précision chirurgicale, Parasite est un bijou noir, devenu culte avant l’heure.
Découvrez le palmarès complet de la 92e cérémonie des Oscars
Film : Parasite de Bong Joon-ho
Réalisateur : Bong Joon-ho (Parasite)
Acteur : Joaquin Phoenix (Joker)
Actrice : Renée Zellweger (Judy)
Second rôle féminin : Laura Dern (Marriage Story)
Second rôle masculin : Brad Pitt (Once Upon a Time… in Hollywood)
Scénario original : Parasite de Bong Joon-ho
Scénario (adaptation) : Jojo Rabbit de Taika Waititi
Photographie : 1917 de Sam Mendes
Musique originale : Joker de Todd Phillips
Chanson originale : (I’m Gonna) Love Me Again (Rocketman) d’Elton John et Taron Egerton
Film international : Parasite de Bong Joon-ho
Film d’animation : Toy Story 4 de Josh Cooley
Documentaire : American Factory de Julia Reichert et Steven Bognar
Maquillage et coiffure : Scandale (Bombshell) de Jay Roach
Costumes : Les Filles du docteur March de Greta Gerwig
Montage son : Le Mans 66 de James Mangold
Mixage son : 1917 de Sam Mendes
Décors : Once Upon a Time… in Hollywood de Quentin Tarantino
Effets spéciaux : 1917 de Sam Mendes
Montage : Le Mans 66 de James Mangold
Court-métrage : The Neighbor’s Window de Marshall Curry
Court-métrage d’animation : Hair Love de Matthew A. Cherry et Bruce W. Smith
Court-métrage documentaire : Learning to Skateboard in a Warzone (If You’re a Girl) de Carol Dysinger