1 avr 2020

The final secrets of the legendary Nina Simone

Ce vendredi, sort un album live sublime de l’icône du jazz Nina Simone, You’ve Got to Learn, enregistré en 1966 à Newport. Alors que l’on commémore cette année 2023 les 90 ans de la naissance et les 20 ans du décès de cette immense chanteuse, retour sur les derniers secrets qui entourent le mythe.

Nina Simone (1933 – 2003) le 30 octobre 1969. Photo par Jack Robinson/Hulton Archive/Getty Images

1. Nina Simone : une vie d’activiste qui a commencé tôt

 

Pianiste émérite qui a débuté enfant en jouant Bach et chanteuse à la voix bouleversante, l’icône du jazz Nina Simone n’a pourtant trouvé un sens à sa vie que lorsqu’elle a commencé à se battre pour le mouvement des droits civiques. Sur son album Nina Simone In Concert sorti en 1964, elle évoque l’inégalité raciale qui meurtrit les États-Unis avec la chanson Mississippi Goddam intervenant après un attentat dans une église d’Alabama ayant tué quatre enfants noirs. Mais Eunice Kathleen Waymon (de son vrai nom), née en 1933 à Tryon en Caroline du Nord, n’a pas attendu la gloire pour se battre contre les injustices. À 12 ans seulement, elle refuser de jouer du piano dans une bibliothèque lors de son premier récital public. La raison ? Ses parents étaient sommés de se tenir au fond de la salle pour ne pas incommoder les blancs. Elle exigea qu’ils puissent se tenir au premier rang avant de se produire. Un acte de bravoure dans le sud de l’Amérique de l’époque pour celle qui soutenait la révolution par la violence. Nina Simone a rencontré Malcolm X et Martin Luther King et sorti en 1958 l’hymne du mouvement “black power” : To Be Young, Gifted and Black.

2. Une escapade parisienne tumultueuse

 

Nina Simone a toujours eu un penchant pour la France. Elle a d’ailleurs emprunté le prénom de Simone Signoret, fascinée par l’actrice. En janvier 1982, alors que sa carrière est à l’arrêt, la pianiste enregistre, aux studios Davout à Paris, l’album intimiste et sombre Fodder on My Wings après une proposition du label Carrère. Elle vit dans la capitale française entre 1981 et 1983, résidant à la Villa Montsouris, en face du parc du même nom. Elle se produit ces années-là dans des petites salles du Quartier Latin, de l’Île Saint-Louis et Palais des Glaces rue du faubourg du Temple devant des publics clairsemés. Certains soirs, elle joue du piano mais refuse de chanter. D’autres, elle s’arrête de jouer quand les spectateurs parlent. Mais les quelques âmes présentent se souviennent de prestations à l’intensité rare.

3. Une vie violente

 

Toute sa carrière, la diva n’en a fait qu’à sa tête, se fâchant avec les hommes, le fisc, l’Etat ou les maisons de disques. Réputée pour ses caprices, elle était dans les années 70 en froid avec beaucoup de monde, ce qui la pousse à quitter les États-Unis en 1970 pour la Barbade. Elle quitte aussi son mari manager (un ex flic) qui la bat. Victime de violence, elle sera une mère absente et instable pour sa fille, Lisa, militaire dans l’US Air Force avant de devenir chanteuse. Nina Simone a été diagnostiquée comme souffrant d’un trouble bipolaire dans les années 80 et devait alors prendre du Trilafon, un puissant médicament à l’effet tranquillisant pour gérer ses hauts et ses bas. Son comportement pouvait changer d’une minute à l’autre et la conduire à jeter des objets ou à se mettre dans des colères noires. Son tempérament en forme de montagnes russes terrorisait ses proches et les spectateurs qu’elle gratifiait d’un regard inquiétant avant de délivrer des concerts passionnels.

4. Des addictions destructrices

 

Les troubles de l’humeur difficiles de Nina Simone ont été accentuées par la prise de drogues en tout genre et d’alcool. Dans le documentaire 20,000 Days on Earth, Nick Cave et Warren Ellis – qui a écrit un livre intitulé Le Chewing-gum de Nina Simone – se remémorent de leur rencontre étrange avec l’une des héroïnes, lors d’un festival à Londres, en 1999. Ils se souviennent de l’attitude badass de la star qui déposait son chewing-gum sur son piano, avant d’entamer son live. À la fin, elle réclamait du « champagne, de la cocaïne et des saucisses ». Une exigence d’écorchée vive qui rappelle les tendances autodestructrices de sa plus proche héritière vocale : Amy Winehouse.

5. Des problèmes avec la justice

 

En 1995, Nina Simone est poursuivie par la justice pour avoir blessé un adolescent de 15 ans avec un pistolet à grenaille parce qu’il était trop bruyant. Le jeune garçon passait la journée dans la villa des parents d’un ami, à Bouc-Bel-Air, entre Aix et Marseille, maison située à côté de celle de l’artiste depuis quatre ans. La justice fut clémente avec la pianiste en raison de sa santé mentale. Nina Simone est morte le 21 avril 2003 à 70 ans dans le Sud de la France, à Carry-Le-Rouet, dans une maison qu’elle adorait, ayant alors trouvé ici un semblant de paix. Ses cendres ont été dispersées, comme elle le souhaitait, dans plusieurs pays africains. 

 

 

You’ve Got to Learn [Verve/Universal] (2023) de Nina Simone, disponible.

Nina Simone (1933 – 2003) le 30 octobre 1969. Photo par Jack Robinson/Hulton Archive/Getty Images

 

1.    An activist’s life that started early 

 

A distinguished pianist who started out by playing Bach and a singer with an incredible voice, the jazz icon only found meaning in her life when she started fighting for the civil rights movement. On her album Nina Simone In Concert, released in 1964, she evokes the racial inequality damaging the United States with the song Mississippi Goddam after an attack on an Alabama church that killed four black children. But Eunice Kathleen Waymon (her real name), born in 1933 in Tryon, North Carolina, hadn’t waited until she got famous to fight injustice. At the tender age 12, she refused to play the piano in the local library during her first public recital. Why? Her parents had been ordered to stand at the back of the room so as not to bother the whites. She refused to play until they were seated in the front row. An act of bravery in the southern states of America at a time when those who supported the revolution did so with violence. Nina Simone would go on to meet Malcolm X and Martin Luther King and in 1958 she released what would become the anthem of the “black power” movement: To Be Young, Gifted and Black.

 

2. A tumultuous Parisian getaway

 

The singer had always been fond of France and even her stage name was inspired by Simone Signoret – she was fascinated by the actress. In January 1982, while her career was in a lull, the pianist recorded the intimate and sombre album Fodder on My Wings at the Davout studios in Paris, after being contacted by the Carrère label. She lived in the French capital between 1981 and 1983, residing at Villa Montsouris, opposite the park of the same name. During those years she would perform in small venues in the Latin Quarter, Île Saint-Louis and at the Palais des Glaces on rue du faubourg du Temple before sparse audiences. Some evenings she would play the piano but refuse to sing. Other times she would just stop playing if someone in the audience spoke. But the few souls present certainly remember performances of a rare intensity.

3. A violent life

 

Throughout her career, the diva did what she wanted, getting angry with men, with the taxman, the State and the record companies. Known for her moods, she fell out with a lot of people in the 1970s, pushing her to leave the USA for Barbados. She also left her manager/husband (an ex-cop) who would beat her. As a victim of domestic violence, she was an absent and unstable mother for her daughter, Lisa, a soldier in the US Air Force before becoming a singer. Nina Simone was diagnosed with bipolar disorder in the 1980s and started taking Trilafon, a powerful tranquiliser to help manage her ups and downs. Her behaviour would switch from one minute to the next, objects were thrown and her anger was barely controlled. Her roller-coaster temper terrorised her loved ones and the audiences whom she would glare at before delivering passionate concerts.

 

4. Destructive addictions 

 

Nina Simone's mood disorders were accentuated by the use of all kinds of drugs and alcohol. In the documentary 20,000 Days on Earth, Nick Cave and Warren Ellis recount their strange meeting with one of their idols at a 1999 festival in London. They remember the badass attitude of the star who stuck her chewing gum on her piano, before starting her live set. At the end, she demanded "champagne, cocaine and sausages". An attitude that recalls the self-destructive tendencies of her closest vocal heir: Amy Winehouse.

5. Problems with the law

 

In 1995, Nina Simone was prosecuted for injuring a 15-year-old boy with a shotgun because he was being too noisy. The boy was spending the day in the villa of a friend's parents, in Bouc-Bel-Air, between Aix and Marseille, located next door to that of the artist. Justice was lenient with the pianist because of her mental health. Nina Simone passed away on April 21st, 2003 at the age of 70 in the South of France in the house she adored and where she had finally found a semblance of peace. Her ashes were scattered, as she wished, in several African countries.

 

 

Fodder On My Wings, re-released on April 3rd on CD and vinyl by Verve/Universal.