Qui est Låpsley, le modèle de Billie Eilish ?
Après un album sorti à l'âge d'à peine 20 ans, l'auteure-compositrice-interprète britannique Låpsley revient ce vendredi avec un troisième EP intitulé “These Elements”. L'occasion de revenir sur la déjà remarquable carrière de cette jeune prodige à la voix d'or.
Par Matthieu Jacquet.
Elle n’a que 23 ans, déjà un album dans les bacs ainsi que trois EP, dont le dernier vient à peine d’être dévoilé. En l’espace de quelques années, Låpsley a su prouver son talent et sa précocité dans le foisonnant paysage de la pop indé, jusqu'à être citée par l’étoile montante Billie Eilish comme l’une de ses inspirations majeures. Originaire de Southport, une station balnéaire à quelques kilomètres de Liverpool sur la côte est de l’Angleterre, cette Britannique défie les clichés dans lesquels on pourrait aisément l’enfermer : mélancoliques sans être désespérées, ses douces ballades surprennent en s’aventurant parfois aussi bien du côté du R’n’B que de l’électro, attestant de son goût pour l’expérimentation et, surtout, de sa grande liberté.
Holly Fletcher (de son vrai nom) commence ses débuts dans la musique sous l’alias Holly Lapsley, du nom de jeune fille de sa mère, qu’elle stylisera ensuite “Låpsley” – comme un clin d’œil à son attrait pour la culture scandinave et son attachement à ses origines écossaises. Dès son premier EP Monday, enregistré dans sa chambre à 18 ans, elle se démarque par un des arrangements electro pop feutrés alliés à son timbre très soul dont elle n’hésite pas à altérer la tessiture par des effets vocaux, passant de soprano à baryton à l’instar d’une Agnes Obel ou d’une Fever Ray. Mais c’est véritablement lorsqu’elle signe chez le prestigieux label XL Recordings, où elle sort son deuxième EP Understudy puis son album Long Way Home âgée d’à peine 20 ans, que s’affirme sa maturité vocale impressionnante. Si certains la comparent à celle d’une Adele à ses débuts, l’artiste contourne l’habituelle complainte au piano par un mélange des styles : ainsi, le très dansant Operator (He Doesn’t Call Me) surprend par un détour du côté des rythmes et mélodies propres au funk et au disco. Mais malgré ces incursions, sa thématique principale reste la même. Morceau après morceau, l’auteure-compositrice-interprète raconte l’amour, de ses passions bourgeonnantes à ses frustrations et ses déceptions.
Trois ans plus tard, on retrouve Låpsley avec son nouvel EP These Elements, revenant en quatre puissants titres sur les sentiments et pensées qui l’ont traversée ces dernières années. Empreint de nostalgie, son premier extrait My Love Was Like The Rain dévoilé il y a plus d’un mois sonne comme une revanche sur une relation amoureuse destructrice. Låpsley y raconte comment son amour fut comparé aux éléments naturels, de la pluie déferlante à la rose épineuse : “So I embodied these éléments / I wear them like a fragrance” (“Donc j’ai incarné ces éléments / Je les porte sur moi comme un parfum”), déclame-t-elle, se les réappropriant avec détermination. Dans son clip réalisé par Camille Summers-Valli, des jeunes hommes se maintiennent en apnée dans le fond d’une piscine pendant que la chanteuse se joint à une foule en folie dans un décor stroboscopique, où elle semble fusionner avec la foudre qui zèbre le ciel. Plus loin avec Ligne 3, le troisième morceau de l'EP, sa voix se décuple si bien qu’on croirait l’entendre chanter en trio avec elle-même, tandis que le titre final Drowning synthétise parfaitement la mélancolie rythmée de sa musique.
Immortalisée par la photographe britannique Maisie Cousins, qui a récemment tiré le portrait de Björk ou encore d’Anna Calvi pour son dernier album, la couverture de These Elements cadre un gros plan sur les yeux bleu-vert de Låpsley, plongés dans le vide. Une image qui, comme les quatre chansons de ce nouvel EP, nous invite à s’y noyer.
Låspley, These Elements (EP), sortie le 6 décembre chez XL Recordings.
En concert le 29 janvier 2020 à la Boule Noire.