31 oct 2019

Qui est Charli XCX, tête d’affiche du festival Pitchfork ?

Passée d’icône teenage provocatrice à star de la pop en quelques années, Charli XCX dévoile enfin son troisième album. Elle y confirme ses talents de funambule, entre tubes efficaces et sonorités plus expérimentales. Elle est en concert au festival Pitchfork le samedi 2 novembre.

Charli XCX aura réussi son hold-up sur la pop music. L’Anglaise découverte par le grand public en 2012 était considérée comme une teenage star volontairement provocatrice – mais sagement trash. Son électro-pop culbutée par un grunge acidulé s’aliénait encore les oreilles chastes des plus de 25 ans. L’exutoire pour adolescents formait pourtant une gourmandise réjouissante et émancipée. Charlotte Aitchison, de son vrai nom, était aussi (surtout, diront certains) une grande faiseuse de tubes… mais pour les autres (Icona Pop, Iggy Azalea, Selena Gomez pour ne citer qu’elles). Sa dernière mixtape Pop 2 (2017) a achevé de changer son image. Charli XCX s’imposait comme le meilleur espoir de la pop music, réunissant un best of d’invités autant qu’un best of de la musique actuelle. Le hip-hop queer de Mykki Blanco y côtoyait le mainstream de Carly Rae Jepsen, les rappeuses Brooke Candy et Cupcakke rencontraient l’indie pop de MØ. L’ensemble détonait par sa capacité à oser des productions hors norme, à la limite de l’expérimentation sonore.

 

 

Mais depuis, les vieilles recettes ont refait surface. Sur 1999, Charli XCX invite l’icône queer pour ados Troye Sivan à un exercice de nostalgie nineties, hommage potache et jouissif à l’eurodance et au Baby One More Time de Britney Spears. Plus récemment,Gone, avec Christine and The Queens, offrait à l’inverse une orientation mainstream plus contemporaineCes deux morceaux, présents sur son nouvel album Charli, se voient confirmés par un début d’opus nostalgique où les synthés résonnent à tout-va et par la pop sucrée de Warm, avec Haim en featuring, ou la ballade White Mercedes (comme un rappel à l’ordre adressé aux partisans du versant le plus progressiste de sa musique).

 

Malgré tout, des sommets d’inventivité et d’audace demeurent. Thoughts, avec ses nappes synthétiques et sa voix haut perchée façon FKA Twigs, révèle une Charlotte Aitchison moins badass et plus touchante. Official et Shake It s’éloignent du format pop et permettent à la musicienne de retrouver ses tapages expérimentaux, les effets cristallins ou high-tech qui rappellent les meilleures productions de son amie SOPHIE. On doit sans doute ces grands moments au producteur A.G. Cook, par ailleurs directeur du label PC Music et collaborateur de… SOPHIE. Autre beau moment de folie, le discordant Click avec, comme renfort à la production, le Français Ö et l’Américain Umru. Ces morceaux, à eux seuls, valent l’écoute de Charli.