Qui est BTS, le premier groupe K-Pop nommé aux Grammy Awards ?
Véritable phénomène, le boys band sud-coréen BTS est nommé aux Grammy Awards 2019 dans la catégorie “Best Recording Package” pour son dernier album Love Yourself : Tear sorti en mai 2018. Une nomination qui marque la reconnaissance par l’industrie musicale américaine du travail artistique du groupe et de la sphère K-Pop.
Loin du style ultra décalé de l’artiste sud-coréen Psy, dont le clip Gangnam Style (2013) fut visionné presque 3 milliards de fois, la pop musique coréenne se forge aujourd’hui une place de choix dans l’univers musical international. Pour la première fois, un groupe K-Pop est nominé aux Grammy Awards. Le boys band nouvelle génération BTS, composé de sept garçons, est nommé dans la catégorie “Best Recording Package” – prix attribué à la direction artistique d’un album pour valoriser la qualité visuelle qui l’accompagne – pour son dernier album Love Yourself : Tear. Nommé aux côtés des albums The Offering de The Chairman, Be the Cowboy de Mitski ou encore Well Kept Thing de Foxhole, l’album du groupe est bien parti pour la victoire à en juger par l’entrée triomphale qu’il avait réalisée aux États-Unis en se hissant en tête des ventes d’albums dès sa sortie en mai 2018. Un record historique qui lui a même valu les félicitations du président de la Corée du Sud Moon Jae-in.
Un boys band taillé pour réussir
Si BTS est l’acronyme de l’expression coréenne “Bangtan Sonyeondan” ou anglaise ”Bulletproof Boy Scouts” pour suggérer l’idée de “Boys scout à l’épreuve des balles”, le boys band a finalement précisé, en juillet 2017, que BTS signifiait “Beyond the Scene” (Au-delà de la scène). Une manière pour le groupe d’élargir à l’international les idées qu’il souhaite véhiculer aux plus grands nombre d’adolescents, qu’il s’agisse de lutter contre les pressions sociales, les critiques ou les stéréotypes auxquels ils peuvent être confrontés au quotidien. Les sept membres du groupe : les chanteurs Jimin, V, Jin et Jungkook ainsi que les rappeurs Suga, J-Hope et RM abordent les thèmes de la dépression (The Last), le système scolaire coréen (N.O, No More Dream), le consumérisme (Spine Breaker, Go Go) ou encore le féminisme (21st Century Girls).
Des looks adolescents, des coupes au bol à mi-chemin entre Justin Bieber et les Beatles, des chorégraphies bien calibrées et des titres hip-hop, les sept membres du boys band sud-coréen ont toutes les cartes en main pour captiver un public en proie au rêve et au spectacle. Signés par le patron du studio sud-coréen Big Hit, Bang Si-Huyk, les sept artistes ont été sélectionnés avec soin à Séoul pour former un groupe qui fait recette grâce à son imagerie soignée, son style musical hip-hop et ses engagements de société.
Une ascension internationale foudroyante
Le boys band qui a rempli l’AccorHotel Arena Bercy deux soirs de suite en octobre 2018 est devenu un phénomène planétaire qui affole les charts. C’est en 2013, avec le single No More Dream (issu de son premier album 2 Cool 4 Skool) que le groupe fait une entrée en scène fracassante, couronné plusieurs fois du prix du “Nouvel artiste de l’année” dans son pays. Loin de n’être qu’une grappe de beaux gosses en puissance susurrant des chansons niaiseuses et commerciales, les chanteurs coécrivent des titres et produisent même certains de leurs disques au style hip-hop, rap et pop. Loin d'être un feu de paille, le succès dure : en 2016, le groupe est élu “Artiste de l’année” au Mnet Asian Music Awards et en 2017, la consécration devient internationale puisqu'il rafle, sur le sol américain, le “Top Social Artist” aux Billboard Music Awards en 2017, devançant la star des adolescents Justin Bieber. En 2018, BTS devient carrément numéro 1 aux Etats-Unis dès la sortie de son album Love Yourself : Tear.
Une “A.R.M.Y” de fans sur les réseaux sociaux
Pleinement dans l’ère du temps, BTS est très suivi sur les réseaux sociaux, avec près de 15 millions d’abonnés Instagram et plus de 17 millions sur Twitter. Surnommée A.R.M.Y, cette fan base est très réactive et ne cesse de partager des dates de concerts, d’envoyer des centaines de milliers de messages et de commentaires admiratifs à leurs idoles et d’inonder la toile de photos et de moments filmés aux concerts.
Si ses millions de followers ne lui permettent pas encore de rivaliser avec les grandes stars américaines, cela n'empêche pas le groupe de battre tous les records de streaming et de vues sur les plateformes musicales. Son single IDOL (issu du dernier album) est devenu le clip le plus regardé sur Youtube en 24 heures, avec près de 45 millions de vues. BTS a d’ailleurs été élu "personnalité de l’année 2018" par les lecteurs du magazine américain Time.
La K-Pop, industrie culturelle et économique
Le groupe n’a aucunement l’intention de se réduire à un simple effet de mode et compte bien continuer à forger sa route en misant sur la performance, aussi bien visuelle (avec ses danses intensives) que musicale. Si les BTS ont un tel succès, beaucoup d’autres groupes de musique se sont imposés dans la sphère K-Pop, comme EXO et NCT 127. Un mouvement artistique qui a provoqué la “Hallyu” ou “Vague coréenne” dans le monde entier, et dont le gouvernement sud-coréen se réjouit. Cette influence culturelle est une véritable publicité pour la Corée du Sud. Elle permet d’exporter un style de vie apprécié vers d’autres pays d’Asie, d’attirer de nouveaux touristes – adeptes de ces groupes d’un nouveau genre – et même de gagner des parts de marchés dans les secteurs high-tech, cosmétiques et alimentaires.
La K-Pop peut ainsi se prévaloir d'un soutien de poids avec un gouvernement qui n’hésite pas à renforcer sa législation sur les droits d’auteur pour protéger les artistes et décourager les téléchargements illégaux. Le gouvernement coréen prévoit également de surfer sur cette vague ambitieuse avec la construction d’un parc d’attractions qui contiendra une ville K-Pop et des salles de concert K-Pop d’ici 2022.