Lolo Zouaï: the revival of American R’n’B comes from France
Adulée aux États-Unis, la chanteuse et productrice d’origine franco-algérienne Lolo Zouaï n’a pas encore sorti son premier album. Elle incarne pourtant déjà le renouveau d’un R’n’B multi-culturel et onirique qui ensorcelle autant que son allure de tomboy sexy.
Par Violaine Schütz.
Photos François Quillacq.
Réalisation Guillaume Boulez.
By Violaine Schütz.
Photos François Quillacq.
Production Guillaume Boulez.
Tête haute et regard fier… lorsque Lolo prend la pose pour Numéro dans des looks aussi sculpturaux que sa beauté juvénile, elle évoque à la fois la top-modèle Rosie Huntington-Whiteley, la reine des dragons de Game Of Thrones et la Sharon Stone frondeuse de Basic Instinct. Un tempérament effronté qui se confirme quand la jeune fille de 23 ans se confie à nous. Lovée dans sa doudoune XXL jaune canari, au fond d'un café des beaux quartiers parisiens, elle prévient : “Mes chansons ressemblent à des bonbons, mais elles sont douce amères. Ce sont des anti-chansons d'amour, car je ne tombe jamais amoureuse. Elles contiennent beaucoup de mélancolie et, en même temps, on peut danser dessus. Mon animal totem, c'est le pokémon Rondoudou, parce qu'il endort les gens en chantant avec sa voix toute douce mais qu'après il devient méchant. Un peu comme ma musique, c'est de la sorcellerie douce.”
“Dans la même journée, je dansais dans une soirée sublime, puis je rentrais dans mon appart minuscule déprimer car il ne me restait plus que sept dollars en poche.”
Head held high with a proud look on her face… when Lolo strikes a pose for Numéro in sculptural outfits with her youthful beauty, she looks like a delicious mix of top model Rosie Huntington-Whiteley, the dragon queen in Game of Thrones and the trouble-making Sharon Stone in Basic Instinct. Her cheeky temperament is confirmed when the 23-year old starts confiding in us. Wrapped up in her canary yellow XXL down jacket, at the back of a café in a beautiful Parisian neighbourhood, she warns: “My songs looks like candy, but they're bitter sweet. They’re anti-love songs, because I never fall in love. They contain lots of melancholy and at the same time you can dance to them. My totem animal is the Pokémon Jigglypuff, because he makes people fall asleep by singing with its soft voice but then it gets nasty. A bit like my music, it a sort of gentle witchcraft.”
“In the same day I danced at a fabulous party and then went home depressed to my tiny flat because I only had seven dollars in my pocket.”
À l'image de son avatar kawaï, la productrice d’origine franco-algérienne exilée à New York a ensorcelé le monde entier. Sa voix suave, puissante et poétique est l'une des plus prisées sur Spotify et Youtube en matière de R'n'B. Le tube langoureux qui l'a fait connaître fin 2017, High Highs to Low Lows, cumule presque 10 millions d'écoutes en streaming. En quelque mois seulement, Lolo Zouaï est devenue un phénomène que s'arrachent des artistes comme Myth Syzer, Oxmo Puccino, Orelsan ou le collectif H.E.R. Mais elle a travaillé dur pour en arriver là. “Je suis arrivée à San Francisco à l'âge de 3 ans avec mes parents qui avaient obtenu la green card, et je me souviens qu'ils bossaient tout le temps. Quand à 19 ans, j'ai déménagé à New York après un détour par Nashville dans une école de musique, j'ai enchaîné les petits boulots. J'ai tout fait : plier les vêtements dans une boutique, préparer les milkshakes dans un restau de burgers et même cuisiner des sushis vegan. À côté, je continuais toujours la musique. J'étais persuadée que c'était mon destin et que ça finirait par marcher. Et c'est ce qui s'est finalement passé quand j'ai enfin osé poster ma chanson.”
“Au lycée j'écrivais des chansons rap-punk. Je manquais trop de confiance en moi pour les faire écouter. Et puis je n'avais pas encore trouvé mon son.”
Il y a tout juste un an, Lolo écrivait encore ses démos dans sa petite chambre de Brooklyn, et il lui arrivait parfois de déchanter : “J'avais des amis qui connaissaient beaucoup de stars, et je me suis retrouvée avec eux dans des fêtes sur des yachts ou dans des lieux somptueux. Ma vie était faite de hauts et de bas (de “highs” et de “lows”), de moments de découragement, et d'autres, de luxe fou. Dans la même journée, je dansais dans une soirée sublime, puis je rentrais dans mon appart minuscule déprimer car il ne restait plus que sept dollars en poche. Une fois, je portais un tee-shirt acheté en fripes à un dollar et quelqu'un m'a demandé de quel créateur il s'agissait. C'est là que me sont venues ces paroles : ‘They think it so Gucci but it’s 99 cents.’ Aujourd'hui, je n'arrive pas à croire que des marques comme Tommy Hilfiger me donnent des vêtements alors qu'il y a un an, je rêvais d'en porter.”
ust like her kawaii avatar, the Franco-Algerian producer living in New York has bewitched the whole world. Her sweet, powerful and poetic voice is one of the most popular on Spotify and YouTube in the R’n’B genre. The languorous track that got her known in late 2017, High Highs to Low Lows, has been streamed nearly 10 million times. In just a few months, Lolo Zouaï has become a genuine phenomenon bigged up by artists like Myth Syzer, Oxmo Puccino, Orelsan and the H.E.R collective. “I arrived in San Francisco at the age of three with my parents who’d got green cards, and I remember that they worked all the time. When I was 19 I moved to New York, via a music school in Nashville, and got lots of little jobs. I did everything: folded clothes in a store, made milkshakes in a burger restaurant and even prepared vegetarian sushi. At the same time, I always carried on doing music. I was convinced that it was my destiny and that it would end up working out. And it did when I finally dared to post my song.”
“At high school I wrote rap-punk songs. But I was too shy to play them to anyone. And I hadn’t found my sound yet.”
Just a year ago, Lolo was still writing her demos in her small room in Brooklyn, and sometimes she’d be disappointed: “I had friends who knew lots of famous people and I ended up with them at parties on yachts and in sumptuous places. My life was made up of highs and lows, moments of discouragement and others of crazy luxury. In the same day I’d dance at a fabulous party, then I’d go home depressed to my tiny flat because I only had seven dollars in my pocket. Once I was wearing a t-shirt bought from a second-hand shop for a dollar and someone asked me who the designer was. That’s where the lyrics ‘They think it so Gucci but it’s 99 cents,’ comes from. Today I still can’t believe that labels like Tommy Hilfiger give me clothes that a year ago I could only dream of wearing.”
La bombe platine aurait pourtant pu ne pas exploser. Elle a refusé à ses début les ponts d'or de gros producteurs de L.A. qui voulaient la formater, jetant à la poubelle plus de cinquante chansons. “Certains pensent que je ne sais pas ce que je fais, car je suis jeune et que je suis une fille, mais je ne suis pas du genre à me laisser faire. Je tiens ça de ma mère qui avait beaucoup de caractère et qui est une vraie bosseuse”, nous glisse-t-elle. Une mère qui jouait du saxophone à ses heures perdues et a donné le la des ambitions musicales de sa fille. “J'ai découvert ma voix à 6 ans, avoue Lolo. Je chantais tout le temps et faisais des solos dans des chorales à l'école. Ma sœur et moi avons appris enfants le piano. Je mémorisais par cœur comment placer mes mains, sans connaître le solfège, puis j'ai pris des cours de trompette au collège pour imiter mon grand père qui en jouait, et ensuite, je me suis mise à la guitare. Au lycée, je rêvais de participer aux talents shows et j'écrivais des chansons rap-punk, mais j'avais peur et j'étais très timide. Je manquais trop de confiance en moi pour les faire écouter. Et puis je n'avais pas encore trouvé mon son.”
The blonde bombshell could have very easily never been discovered. In the beginning she refused the golden bridges of the big L.A. producers who wanted to format her, throwing more than 50 songs in the trash. “Some of them thought I had no idea what I was doing because I was young and a girl, but I’m not the kind of person you tell what to do. I get that from my mother who has lots of character and is a real worker”, she tells us. A mother who plays the saxophone in her spare time and handed her musical ambitions to her daughter. “I discovered my voice aged 6, I would sing all the time and had the solos in the school choir. My sister and I had learnt piano when we were kids. I always learnt the fingering by heart without being able to sight read, then I took trumpet lessons at school following in the footsteps of my grandfather who played it, and finally I started playing the guitar. At high school I dreamed of taking part in a talent show and would write rap-punk songs but I was scared and very shy. I didn’t have enough confidence in myself to play them to anyone. And I hadn’t yet found my sound.”