Le phénomène pop Sliimy devient Yanis, artiste électro chic
Aussi sobre et stylé que son alter ego Sliimy était excentrique et coloré, Yanis dévoile un nouvel EP, “L’Heure bleue”, qu’il présentera le 17 février au Badaboum. À cette occasion, Numéro a rencontré cet artiste à l’univers élégant et singulier.
Propos recueillis par Léa Zetlaoui.
Numéro : Vous avez opéré un changement radical d’univers, de style et de musique, que s’est-il passé ?
Yanis : Ce qui paraît radical l’est moins en réalité. Lorsque j’avais 13 ans, j’ai créé un alter ego, Sliimy, sans penser qu’il irait si loin. Grâce à lui, j’ai pu sortir de ma bulle. Sliimy a protégé l’adolescent que j’étais et m’a surtout permis de m’exprimer sans peur, et de dépasser les limites de mon quotidien assez sombre. Ces dernières années, j’étais plus serein et j’ai pu renouer avec ma véritable identité. La ville de Berlin a été un déclic pour moi. J’y ai vécu une véritable métamorphose et j’ai composé beaucoup de titres là-bas. “L’heure bleue”, dans la langue française, désigne cet instant où il ne fait pas tout à fait nuit et pas complètement jour, où tout est incertain. Le bleu apaise et rassure, ce que j’ai ressenti pour la première fois de ma vie. Finalement, les textes que j’ai composés ne pouvaient pas être chantés par un alter ego, ce devait être moi.
Quelles ont été vos influences pour ce nouvel EP ?
Mes influences sont extrêmement diverses. Il y a le bleu comme leitmotiv, mais je m’inspire aussi de la nature pour certains sons. Dans Y&I, je voulais me rapprocher de la sensation d’une vague par exemple. J’adore également le metteur en scène et auteur de théâtre Joël Pommerat, ses pièces sont incroyables. Et la culture pop, évidemment, m’influence toujours autant, d’Andy Warhol à Lady Gaga. Chaque titre traite de l’abandon et de la recherche de soi dans le regard de l’autre. Du coup, la vie est la première source d’inspiration, dans ses expériences les plus brutes. Transformer une douleur en musique me permet d’avancer.
D’où vous vient cet intérêt pour la couleur bleue ?
Le bleu me fascine par sa profondeur, c’est une couleur qui laisse place à l’imagination et à la contemplation. C’est aussi un clin d’œil à mes origines maternelles, car c’est une couleur importante dans la culture marocaine. C’est une manière de rendre hommage à ma mère qui m’a inspiré la musique.
Sur votre compte Instagram, vous révélez un univers surréaliste, quel message souhaitez-vous faire passer ?
La vie est une sorte de cadavre exquis, le surréalisme est partout. J’adore m’amuser à apporter aux situations hyperréalistes une pointe de surréalisme. D’ailleurs, je me suis inspiré du surréalisme de l’œuvre The Gigantic Days de Magritte pour le clip de Crave. J’aime qu’il n’y ait pas de message précis et que le surréalisme ait le pouvoir d’éveiller l’inconscient de chacun.
Il y a dans vos clips une vraie performance visuelle en plus de la performance vocale, est-ce indissociable pour vous ?
C’est indissociable car le visuel est l’extension de ma musique et quand je compose, j’ai des couleurs et des images en tête comme un tableau qui prend forme. Je me suis toujours senti proche d’artistes très visuels comme Björk ou Kate Bush. Le visuel – les clips comme la scène – permet de vivre l’expérience à 100 % et L’Heure bleue s’écoute aussi avec les yeux.
Quelle expérience souhaitez-vous partager avec le public ?
Je m’exprime beaucoup par la danse, les chansons prennent une autre dimension quand on les met en mouvement. Sur scène, c’est un voyage de sensations. J’aime que le public passe d’une émotion à une autre, d’un état de contemplation à un état de lâcher-prise. La scène a le pouvoir de suspendre le temps et d’explorer une émotion. C’est mon but pour la tournée de L’Heure bleue.
Yanis en concert le 17 février au Badaboum, 2, rue des Taillandiers, Paris XIe.
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