4 jan 2022

Les 5 clichés à retenir de l’exposition de la Philharmonie sur le hip-hop

Après avoir célébré des figures majeures de la musique telles qu’Etienne Daho ou le Velvet Underground, la Philharmonie de Paris consacre actuellement une exposition immersive et interactive au hip-hop français d’hier et d’aujourd’hui sous le nom d’Hip-Hop 360. Afin de retranscrire la vivacité de cette culture venue de la rue, le musée regroupe des rares photos et des vidéos diffusées sur un écran 360 ainsi que des objets étonnants, des disques et une frise chronologique très didactique. On a sélectionné cinq des clichés dévoilés tout au long du parcours qui nous plongent parfaitement dans les grandes heures de ce mouvement aussi féroce que fascinant.

1. MC Solaar entouré d’enfants

MC Solaar à la sortie de son 45T Bouge de là, premier single d’or du rap français, avec les gamins du quartier (1990) © Maï Lucas

Dans les années 90, MC Solaar fait partie des artistes majeurs qui, en France, ont réconcilié de nombreux auditeurs frileux avec le hip-hop. Les qualités littéraires et poétiques de ses textes ainsi que sa musique inventive influencée autant par Serge Gainsbourg que par les sonorités africaines (ivoiriennes, maliennes, tchadiennes) et le jazz ont façonné un style inimitable et fédérateur. Ici, le rappeur sensible est photographié au moment de la sortie de son 45T Bouge de là (1990), premier single disque d’or du rap français.

2. Les Fly Girls dans le métro

Fly Girls en veste de policier et bob Kangol © Maï Lucas

Le hip-hop, depuis sa naissance à New York dans les années 70 jusqu’à aujourd’hui, où il domine le monde, a souvent été un univers macho reléguant les femmes au rang de groupies ou de danseuses dénudées dans ses clips. Pourtant, il y a toujours eu des filles dans l’action évoluant au sein de cette culture qui émerge en France dans les années 80. On les appelle les Fly Girls et elles font leurs armes au micro, aux platines, derrière l’objectif ou les bombes de peinture. Dans l’Hexagone, les Fly Girls les plus connues restent Diam’s et Lady Laistee. Ici deux d’entre elles évitent de payer leur ticket de métro dans un geste punk tout en affichant un look fort : veste de policier et bob Kangol. Une marque qui sera superbement portée par la mythique Pam Grier (en béret) dans le Jackie Brown (1997) de Quentin Tarantino.

3. JoeyStarr en sueur

JoeyStarr dans le studio de l’émission Sky.B.O.S.S. installé dans sa cave (2003) © Nathanaël Mergui (Nathadread Pictures)

JoeyStarr symbolise à lui seul l’évolution du hip-hop en France (et dans le monde), passée de musique underground aux textes rageurs effrayant les bien-pensants, parce qu’affiliée à la drogue et aux gangs, à culture la plus puissante du moment. De même, le rappeur a fait du chemin entre son statut de bad boy éructant dans Suprême NTM et celui d’égérie mode et acteur validé par tous. Sur cette image, prise dans le studio de l’émission Sky.B.O.S.S. installé dans sa cave, l’artiste montre la facette la plus sauvage de sa personnalité.

4. La troupe de breakdance Aktuel Force

La troupe de breakdance Aktuel Force © Marc Terranova

Pluridisciplinaire, la culture hip-hop comprend non seulement la musique, la mode, le graffiti mais aussi le breakdance. Ce style de danse impressionnant a été développé à New York dans les années 1970 avant d’être de plus en plus adopté en France dans les années 80 et 90. Caractérisée par ses mouvements saccadés influencés par de multiples univers (capoeira, kung-fu…) et ses figures au sol acrobatiques, cette pratique a été popularisée par l’émission télévisée de Sydney, H.I.P. H.O.P., ou encore la compagnie pionnière de danse hip-hop dans l’Hexagone, Aktuel Force, immortalisée en pleine action sur ce cliché vibrant.

5. Uncle O et Fab 5 Freddy aux Bains Douches

Uncle O et Fab 5 Freddy aux Bains Douches, Paris (1984) © Sophie Bramly

C’est dans la rue, lors notamment des block parties dans le Bronx que l’éclosion du hip-hop a eu lieu aux États-Unis dans les années 70. En France, tout se jouait aussi sur l’asphalte ou dans des lieux clos, soit à l’hippodrome de Pantin, près du parc de la Villette, à la Grange-aux-Belles, au fort d’Aubervilliers, dans le quartier de la Chapelle mais aussi dans lors de fêtes organisées au Bataclan et du Globo dans la capitale hexagonale. On peut également ajouter à cette liste les Bains Douches, club parisien mythique qui a accueilli en live Joy Division et sur sa piste de danse, Mick Jagger, Andy Warhol et Prince. C’est ici que se sont produits en 1984 le graffeur Fab 5 Freddy – aperçu dans un clip de Blondie – et le DJ Uncle O, deux grands précurseurs de la culture hip-hop.

 

« Hip-Hop 360 » jusqu’au 15 juillet 2022 à la Philharmonie, Paris 19e.