Eydis Evensen, la pianiste qui danse au-dessus des volcans
Dans son premier album, la jeune pianiste islandaise Eydis Evensen compose un panorama musical à l’image des paysages de son pays natal : contemplatif, doux et bercé de vents contraires. Il oscille entre le feu et la glace au gré des envolées post-classiques de la musicienne. Un pur moment de musique, vivifiant et rafraichissant.
Par Alix Leridon.
Une impression de calme après la tempête. Piano, cordes et cuivres coulent et orchestrent ce premier album méditatif et prometteur, dans une douceur héritée de sa compositrice. Derrière Bylur (« tempête de neige » en islandais), la pianiste Eydis Evensen au visage magnétique une jeune prodige éprise de musique classique depuis ses six ans. Alors qu’elle grandit entre geysers et glaciers dans une province reculée du nord de l’Islande, elle se plonge très tôt dans l’apprentissage du piano et compose ses premiers morceaux alors qu’elle est encore une enfant. Deep Under, qui ouvre l’album, serait d’ailleurs l’aboutissement d’une création datant de ses 12 ans.
À Reykjavik, elle entre à la Hamrahlíðarkórinn, chorale dirigée par la célèbre chef-d’orchestre Þorgerður Ingólfsdóttir, par laquelle sont déjà passés Björk et plusieurs membres du groupe Sigur Rós. Mais c’est finalement loin des reliefs tourmentés de son pays qu’elle commence à chercher son langage sonore. Alors qu’elle entame une carrière de mannequin entre Londres et New York, elle se libère des carcans de son apprentissage classique pour expérimenter et créer son propre son, convoquant aussi bien Tchaikovski que Thom Yorke, Philip Glass et Led Zeppelin. Décrite par son label XXIM (nouvelle branche de Sony dédié aux musiques instrumentales innovantes) comme une pianiste « post-classique », elle appartient à cette génération d’artistes contemporains redéfinissant le genre, à l’instar de son brillant compatriote Jóhann Jóhannsson.
Produit par Valgeir Sigurosson (ayant notamment collaboré avec Björk), l’album est intimement lié au climat et à l’imagerie du pays des fjords et des volcans. Ses premiers clips, comme celui de Bylur tourné en hélicoptère au dessus d’un volcan en éruption, rendent hommage à la nature sauvage, désolée et violente qui reste la première source d’inspiration de la musicienne. Sans fioriture, aériens et épurés, ses morceaux sont tantôt des solos de pianos, tantôt des ensembles piano, cordes et cuivres, mais c’est peut-être Midnight Moon, seule piste chantée, qui est notre plus gros accroche-coeur. Avec la voix enchanteresse de la chanteuse GDRN, le morceau est le point d’orgue d’un premier disque très réussi.
Bylur, d’Eydis Evensen, disponible sur toutes les plateformes d’écoute.