7
7
Rencontre avec Eva : “L’argent et la reconnaissance ne sont pas ce qui me rend heureuse”
Propulsée tôt sous les projecteurs, Eva s’est imposée en jeune star de la musique française avant de redéfinir sa direction artistique pour Page blanche, son album paru en 2024. Déterminée à rester fidèle à ses désirs, cette amie de la marque L’Oréal Paris se livre ici, en toute sincérité.
Photographie Fernando Gómez ,
propos recueillis par Sula Sinclair ,
réalisation Anna Castan.

Eva, l’emblème d’une génération
C’est sur les hauteurs niçoises, à Colomars, que grandit Eva Garnier, qui allait embrasser un destin stellaire sous son seul prénom, Eva. À 17 ans, la jeune fille presque comme toutes les autres connaît un succès fulgurant, grâce aux réseaux sociaux : Mood, sorti en 2018, devient disque d’or. Un an plus tard, le titre On Fleek, manifeste pop pensé comme un selfie musical, la révèle au grand public.
Aujourd’hui, avec quatre albums à son actif, Eva fait partie des rares stars capables de rassembler un large public qui se reconnaît en elle comme dans un miroir. À 24 ans, elle cristallise les paradoxes d’une génération façonnée par les réseaux sociaux : ultra exposée, mais en quête d’intimité.
Ni provocatrice ni distante, Eva incarne une féminité accessible mais affirmée, et trace une trajectoire où la beauté devient un langage, et la vulnérabilité une force.

L’interview de la chanteuse
Numéro : Quel morceau de votre répertoire conseilleriez-vous à quelqu’un qui ne vous connaît pas encore ?
Eva : Je choisirais À moi, le premier morceau de mon dernier album [Page blanche, sorti en 2024]. C’est celui qui a été le plus difficile à composer. Je traversais une période compliquée et je commençais à prendre conscience des rouages du métier, des attentes du public… J’avais perdu toute confiance en moi. L’argent, le pouvoir, la pression, ce ne sont pas des choses qu’un être humain est censé gérer au quotidien. On finit par s’égarer si l’on pense que l’art n’est qu’une suite de performances. C’est bien plus que cela. L’amour du public, c’est comme se prendre un train en pleine face, et puis ensuite… plus rien. Le silence. On est seul dans sa chambre d’hôtel. Je finis toujours par revenir à l’essentiel. Un morceau sincère est bien plus puissant qu’un hit pensé pour cartonner.

“L’argent et la reconnaissance ne sont absolument pas ce qui me rend heureuse.” Eva
Comment surmonte-t-on une exposition médiatique aussi soudaine que la vôtre ?
En restant très proche de sa famille et en conservant une certaine forme d’insouciance. J’ai été propulsée dans cet univers à 17 ans. J’avoue avoir encore du mal à réaliser… Au départ, j’étais très gênée : lorsque les gens m’apostrophaient dans la rue, je devenais écarlate. J’ai appris à maîtriser mon exposition. Je choisis ce que je souhaite partager et ce que je préfère préserver. Aujourd’hui, je ne me sens pas étouffée par la notoriété. Ce métier est un jeu, et mon travail consiste d’abord à rester alignée avec moi-même. L’argent et la reconnaissance ne sont absolument pas ce qui me rend heureuse.
Pensez-vous qu’il faille masquer sa vulnérabilité pour devenir une femme de pouvoir ?
Je ne sais pas si je me considère comme une femme de pouvoir. En tout cas, je suis bien consciente que ma voix porte. Quant à la vulnérabilité, elle est bel et bien une force, surtout chez les femmes. Il est important de pouvoir reconnaître que l’on vit parfois des moments difficiles, et d’en parler. C’est peut-être pour cela que j’ai commencé à m’assumer différemment, à me montrer plus naturelle, sans maquillage. La puissance et les failles ne sont pas des choses contradictoires.

“Le maquillage et la beauté sont de véritables outils d’empowerment.” Eva
Qu’est-ce qui vous a amenée à devenir une amie de la marque L’Oréal Paris ?
J’ai toujours aimé les valeurs véhiculées par cette marque. La puissance féminine s’y incarne à travers des gestes simples, qui peuvent sembler anodins, mais qui ne le sont pas. C’est un honneur pour moi de représenter une marque comme celle-là. Le maquillage et la beauté sont de véritables outils d’empowerment. J’ai moi-même l’impression d’incarner différents personnages dans mes clips. Dans Bottega [2024], par exemple, je suis tour à tour femme d’affaires, athlète, figure gothique ou punk. Je me transforme autant que je m’affirme. Ce n’est pas seulement un rituel, c’est une armure.
Page blanche (2024) d’Eva, disponible.