16 avr 2021

Eartheater se contorsionne et retrouve la foi dans son nouveau clip

Après avoir dévoilé son quatrième album studio “Phoenix: Flames Are Dew Upon My Skin” et défilé pour la collection printemps-été de Mugler, la chanteuse d’une folk éthérée et expérimentale Eartheater est de retour avec un clip illustrant le dernier titre de son opus, “Faith Consuming Hope”. En habit de nonne, l’Américaine y apparaît dans une église orthodoxe à Kiev avant de libérer et dénuder son corps avec sensualité.

Six mois après la sortie de son dernier album, c’est dans une église orthodoxe ukrainienne que l’on retrouve Eartheater. La tête recouverte d’un voile noir, Alexandra Drewchin – de son vrai nom – y allume un cierge grimée en nonne avant de déambuler dans les rues de Kiev, dévoilant sous sa pudique cape un buste corseté. Dans le clip de Faith Consuming Hope, titre qui clôt en beauté l’album Phoenix: Flames Are Dew Upon My Skin, la chanteuse et musicienne américaine met en scène les passions et paradoxes qui l’animent. Son rapport complexe et ambivalent à la religion, d’abord, nourri par une fascination pour les sœurs pratiquantes avec lesquelles elle a grandi autant qu’un regard critique sur la culture stricte et dévote dans laquelle ses parents l’ont élevée, mais également l’expression d’une sexualité libre voire dominatrice où son corps occupe le premier rôle. Ainsi, après avoir délaissé son costume de nonne, la trentenaire erre dans un tunnel souterrain vêtue d’un trench rouge sang avant qu’un homme n’apparaisse à ses pieds, agenouillé dans une position de prière, puis se dévoile presque nue et se contorsionne dans un décor obscur. En novembre dernier, l’artiste confiait d’ailleurs à Numéro : “Il y a beaucoup de sexualité dans tout ce que je fais. C’est une force très puissante que je mobilise quand je chante.”

 

De la prude croyante à la sensuelle séductrice, le parcours illustré dans ce clip réalisé par Elliott Power raconte le rapport d’Eartheater à la foi, qu’elle préfère s’approprier pour la substituer à l’espoir. “Lorsque je travaillais dans un monastère, je me souviens avoir senti une pulsion puissante et coquine émerger en moi. J’ai suivi cette luxure, sans la craindre ni l’échouer ni la comprendre de travers, jusqu’à ma propre divinité indéterminée par un quelconque dogme, et je ne peux que décrire ce sentiment par le fait d’avoir la foi.”, écrit la jeune femme pour expliquer les inspirations de son clip. Bercé par les cordes de douces guitares, le morceau enregistré comme tout son album lors d’une résidence de l’artiste à Saragosse, en Espagne, reprend les paroles et la mélodie de son titre d’ouverture Airborne Ashes, comme un point final au voyage introspectif auquel elle nous invite. “The only way out of this through / Cross my heart and hope / To die is to elope” (“La seule issue est de passer à travers / De promettre et d’espérer / Mourir c’est s’enfuir”) y chante d’une voix douce et éthérée celle qui défilait récemment pour la nouvelle collection de Mugler.

 

Si le passé de violoniste et le présent de guitariste aguerrie d’Eartheater nourrissent dans ce morceau – comme dans l’album – une composition remarquable où triomphent sa voix et l’instrumentation acoustique, la musique de la chanteuse semble également marquer l’avènement d’une nouvelle ère de la folk – une ère où l’expérimentation trouve avec la simplicité de la mélodie chantée un équilibre harmonieux. En février, la chanteuse dévoilait d’ailleurs une nouvelle version des titres de son album, ralentis et dilués pour former des nappes sonores vaporeuses façon ambient où les paroles disparaissaient dans des mélopées chorales. Une nouvelle confirmation du talent d’Alexandra Drewchin à repousser les frontières de son propre travail pour explorer des territoires inconnus.