Le retour fracassant de Denzel Curry, star intrépide du rap US
Disponible le 19 juillet, la nouvelle mixtape de Denzel Curry, King of the Mischievous South VOL. 2 propose une suite à l’opus éponyme de 2012. Le rappeur floridien distribue des morceaux foudroyants dans un opus pensé comme la plus ingénieuse des vitrines à sa technique.
Par Alexis Thibault.
King of the Mischievous South VOL. 2, la nouvelle mixtape frénétique de Denzel Curry
La nouvelle proposition de Denzel Curry est peut-être son disque le plus spontané. Comme s’il avait décidé d’entrer dans une immense cour de récréation en conviant tous ses amis, de New York à Los Angeles : A$AP Rocky, A$AP Ferg, Ty Dolla $ign ou encore Kenny Mason… Disponible à partir du 19 juillet, King of the Mischievous South VOL. 2 propose une suite à sa mixtape éponyme de 2012. On retrouve le même format mais avec trois titres en moins. Un opus pensé comme la plus ingénieuse des vitrines à sa technique et inspiré notamment par le King Of Da Playaz Ball de Kingpin Skinny Pimp, rappeur de Memphis (Tennessee) considéré comme l’une des figures les plus influentes du gangsta rap du sud des États-Unis. Après tout, quoi de mieux qu’un grand terrain de jeu pour frimer. Comme à son habitude Denzel Curry intègre les punchlines à ses poèmes dans un opus intense et volcanique, finalement, à l’image de son dernier concert parisien, en mai 2022, à l’Élysée Montmartre, dans une salle asphyxiée par une chaleur caniculaire. Certes, ce projet n’est pas son meilleur. Il est même assez loin de Melt My Eyez See Your Future, son excellent album de 2022 qui évoquait sa santé mentale sans détour. Mais le natif de Floride n’en a que faire. Il distribue des morceaux foudroyants dont les titres semblent presque avoir été trouvés en pleine nuit, en studio, au cours d’une nuit blanche.
– Cet album n’est clairement pas un album concept. Vous en aviez assez d’associer chaque disque à une idée bien précises ?
– Tout est venu assez naturellement. Ce n’était pas très difficile. J’ai fait exactement ce que je faisais avant : m’amuser avec des samples, sans vraiment savoir ce que j’allais obtenir à la fin. Les gens pourraient croire que ma musique ressemble à une toile de Jackson Pollock, parce que ça part dans tous les sens. Mais je n’aime vraiment pas les œuvres de cet artiste. Pour être honnête, je ne sais même pas comment la décrire cette mixtape.
Denzel Curry : “Écoutez G’Z UP, c’est le meilleur titre de la mixtape !”
En 2014, une faction de police de l’État de Floride a abattu un certain Treon Johnson. Il s’agissait du propre frère de Denzel Curry… C’est peut-être pour cela que le rappeur cherche à s’imposer comme un roi de l’égotrip. Collaborateur de Kid Cudi, Robert Glasper ou Madlib. Il a abandonné le cloud rap ou le punk rap pour un rap US plus conventionnel mais, il faut le dire, tout aussi efficace.
– Faites-vous de la musique pour vous-même ou pour les autres.
– Pour moi-même, heureusement. Si je faisais ça pour plaire aux autres, mes morceaux seraient misérables, vous ne croyez-pas ? Mais, des erreurs et des mauvaises décisions, il y en a eu des tas dans ma vie. Et il y en aura encore…
– Ah bon ? Quoi par exemple ?
– Promouvoir un nouveau projet beaucoup trop tôt. En cédant à l’excitation. Ça m’a presque tué un jour. J’étais trop pressé de sortir ma musique et je n’ai pas communiqué intelligemment.
Son morceau préféré du projet ? G’Z UP, en collaboration avec 2 Chainz et Mike Dimes, le septième titre de l’opus. Et même s’il se prélasse parfois dans la fame, Denzel Curry, 29 ans, reconnait, lorsqu’on insiste, que la célébrité le gêne plus qu’autre chose. Il conclura cet entretien avec quelques références cinématographique. La liste est assez populaire et totalement improbable : Star Wars, épisode V : l’Empire contre-attaque (1980), quelques Tarantino et la comédie d’animation Tempête de boulettes géantes (2009)…
King of the Mischievous South VOL. 2. de Denzel Curry, disponible le 19 juillet.