Christine and the Queens joue son EP surprise au palais Garnier
Hier soir, la chanteuse française Christine and the Queens a dévoilé non pas un clip mais un court-métrage surprise de treize minutes tourné dans le palais Garnier. “La Vita Nuova” est à la fois le titre de ce film réalisé par Colin Solal Cardo et celui d’un EP inédit de six morceaux, incluant une collaboration avec la chanteuse américaine Caroline Polachek.
Par Lolita Mang.
Le soleil se couche au loin, baignant les toits de Paris dans une lumière dorée. Au sommet du palais Garnier, Chris(tine and the Queens) commence à danser, comme prise dans une transe langoureuse. Les folies du célèbre Joker ne sont pas bien loin, plutôt dans sa version la plus récente réalisée par Todd Phillips, où Joaquin Phoenix se laissait entraîner dans une valse psychotique dans les rues malfamées de Gotham. Dans La Vita Nuova, un court-métrage réalisé par le Français Colin Solal Cardo, Héloïse Letissier – de son vrai nom – glisse sur une pente tout aussi sanglante. La chanteuse s’est installée dans l’antre sacro-sainte de l'opéra pour illustrer chacun des six titres son nouvel EP dévoilé par surprise, La Vita Nuova.
L’emprunt à la langue italienne n’a rien d’anodin. À la fois suave et caressante, non seulement celle-ci se prête à merveille à l’univers érotique et sensuel de Chris, mais elle est aussi la langue de la commedia dell’arte, à laquelle La Vita Nuova ne cesse de faire référence. Genre de théâtre populaire italien où l’improvisation faisait loi, elle voit par exemple naître le personnage d’Arlequin, rendu célèbre par son costume fait de pièces triangulaires de toutes couleurs, auquel fait écho un haut bariolé porté par la chanteuse.
À mesure que les images défilent, le court-métrage emmène vers une ambiance de plus en plus sombre. Le point d'acmé se situe dans les derniers instants du film, où Chris retrouve la chanteuse américaine Caroline Polachek au sein d’une fête aux airs de secte. Au sein de cette fiction vampirique ultra-sensuelle où coups de langues et coups de dents se confondent, on pense au Thriller de Michael Jackson dont la mise en scène proposait déjà la chorégraphie de personnages horrifiques. Autre apparition fantasmagorique : celle de Félix Maritaud – déjà aperçu dans 120 battements par minute et premier rôle du film Sauvage –, qui hante les plans de ses cornes et de ses yeux rouges.
Moins d’un mois après son passage remarqué sur la chaîne YouTube de Colors Studios, Christine and the Queens présente à travers ce film captivant les extraits d'un nouvel EP écorché, tranchant avec la tension érotique et les sonorités plus funk de son dernier album, Chris, sorti en 2018. Sur la couverture de La Vita Nuova, la chanteuse apparaît désormais adossée à un réverbère au Clair de Lune, le regard tourné vers le passé comme habité par la contemplation. Musicalement, l'EP alterne entre ballades mélancoliques – Mointains (we met) –, ritournelles – Nada – et morceaux plus électroniques. Si subsiste un morceau débordant de phéromones, en featuring avec Caroline Polachek (La Vita Nuova), le reste du disque semble revisiter les souvenirs chagrinés d’une histoire d’amour perdue à l'instar du déchirant Je disparais dans tes bras, sonnant comme la description poétique d'une relation toxique.