5 controverses musicales de 2023 : affaire sordide et petits scandales

1. Le scandale Rammstein éclabousse le milieu du métal

 

Imagerie SM, performances obscènes, artificiers surentraînés en coulisses… Les prestations du groupe Rammstein ont des allures de freak show démesuré. Aussi provocateur que controversé – esthétiquement et musicalement – le groupe allemand mené par Till Lindemann a toujours promis à son public un concert inoubliable. À ses débuts, la formation reste un savant mélange de Kraftwerk et de Depeche mode (dont ils reprendront certains titres). Rammstein parle de sexe de façon crue et se positionne comme un groupe exubérant sous couvert de metal industriel : une sorte de metal-punk subversif, parfois dissonant, qui utilise des éléments de la musique électronique. Mais la formation ultra populaire est aujourd’hui dans la tourmente. Au mois de mai, une femme irlandaise de 24 ans accuse le leader Till Lindemann de droguer des femmes à leur insu, puis de les agresser sexuellement. Suivront plusieurs témoignages dénonçant le même modus operandi : il s’agirait en réalité de tout un système parfaitement rodé; des individus proches du groupe se chargent de repérer des groupies sur les réseaux sociaux ou en plein cœur de la fosse, pendant les concert. Elles seraient ensuite photographiées puis présentées à Lindemann qui choisira ou non de les inviter en backstage. Le gouvernement allemand réagit aussitôt et propose la mise en place de zones de protection destinées aux femmes. Plusieurs associations font pression pour annuler les représentations de Rammstein en Suisse et en Autriche. Et l’affaire atterrit en France lorsque le Hellfest, festival de musique metal, est sommé – notamment par Mediapart – de réagir aux accusations qui éclaboussent tout le milieu du métal, un genre musical jusqu’ici réputé pour sa franche camaraderie. Le Hellfest reconnaitra la programmation de plusieurs artistes mis en cause pour des violences sexistes et sexuelles. Il assumera également son line up.

 

2. Beyoncé débarque à Dubaï pour 20 millions de dollars

 

Organisation désastreuse, pluie torrentielle et concert quasi inaudible… Le 11 juin, la prestation de la chanteuse Beyoncé au stade Vélodrome de Marseille sera qualifiée de “désastreuse” par la plupart des spectateurs; ils en voulaient davantage à l’équipe technique et au mauvais temps qu’à l’artiste américaine. La controverse qui nous intéresse remonte au 21 janvier, lorsque Queen B débarque sur la scène de l’Atlantis The Royal, un nouvel hôtel de luxe à Dubaï, pour une soirée privée. À l’époque, elle ne s’est pas produite depuis quatre ans. Mais le show – aussi sensationnel soit-il – ne fera pas l’unanimité… Réservé à 1500 spectateurs triés sur le volet. Parmi eux, se trouvaient des journalistes, un parterre de célébrités et quelques infuenceurs mélomanes. Tous avaient interdiction de poster des vidéos du concert. Étonnamment, la star ne jouera aucun morceau de son album Renaissance, sorti un an plus tôt. La polémique enfle. Pour beaucoup, il était impossible que Beyoncé interprète des titres de ce disque hommage à la communauté queer et la culture ballroom… à Dubaï. Là-bas, de nombreux membres de la communauté gay ont été condamnés à des peines de prison en raison de leur sexualité. Pire encore, Beyoncé aurait accepté 24 millions de dollars (soit 22 millions d’euros), pour se produire dans cet hôtel de luxe, sans prendre en compte la position des femmes au sein des Émirats arabes unis. Depuis plusieurs années, la star affiche son engagement féministe…

3. Indochine et Louise Attaque refusent de jouer à Perpignan

 

Tout commence par un simple changement de programme. Pour de multiples raisons le festival Les Déferlantes doit déménager. Impossible pour lui d’accueillir 100 000 festivaliers en 4 jours sans quitter Céret, la commune du sud de la France qui l’accueille depuis 2022. La ville de Perpignan sera finalement son hôtesse. Mais alors que le déménagement est en bonne voie, le groupe Indochine annonce aussitôt sur les réseaux sociaux qu’il annulera sa participation si le festival se déroule véritablement à Perpignan, ville sous l’égide du Rassemblement National qui s’est, quant à lui, félicité de l’arrivée de l’événement dans son fief. Dans la foulée, le groupe Louise Attaque embraye et exprime, lui aussi, sa déconvenue :“Nous avions prévu de jouer au festival Les Déferlantes le 9 juillet prochain. (…) Il a été déplacé sur la commune de Perpignan par les organisateurs, sans que nous ayons été concertés. Le maire RN de la ville de Perpignan [Louis Aliot ndlr] s’en est aussitôt félicité […] Nous ne cautionnons ni la méthode du fait accompli, ni la possible récupération du festival par la mairie…” La polémique atteint tous les bords politiques. Un artiste doit-il exposer ainsi ses convictions au risque de mettre tout un festival en péril ? Fin de la discussion, Les Déferlantes se dérouleront finalement au Barcarès, sur le littoral catalan, du 6 au 9 juillet.

4. Usher et ses places de concert au prix exorbitant

 

Faut-il vraiment se ruiner pour voir Usher ? Si on ne présente plus la star américaine de 44 ans aux huit Grammy Awards, il faudra peut-être lui rappeler que Las Vegas et Paris ne partagent pas la même culture du show… Après plus de 50 concerts à guichets fermés dans la ville du péché, le chanteur et danseur, huit fois récompensé aux Grammy Awards, a annoncé une nouvelle série de concerts, exclusifs en Europe, à La Seine Musicale de Paris. Au programme : “Un spectacle aux costumes inédits, avec des éclairages et des effets spéciaux à la pointe de la technologie”. Problème, le prix des places oscille entre 130 et 450 euros… Un tarif qui n’a pas manqué de faire réagir ses fans, d’autant que La Seine Musicale, aussi agréable soit-elle, n’a que peu de choses en commun avec les salles américaines démentielles.

5. Le retour difficile de Frank Ocean sur la scène de Coachella

 

“Chaotique” est certainement le terme qui revient le plus souvent lorsque l’on évoque la prestation de Frank Ocean au festival californien Coachella, au mois d’avril. Une entrée avec une heure de retard, un artiste amorphe et presque invisible sur scène, un concert au milieu duquel un DJ reprend la main sans raison et, en filigrane, un souvenir trop douloureux : Frank Ocean a perdu son frère en 2020. Il l’évoquera d’ailleurs, au micro, partageant sa peine à tous les festivaliers. Mais en dépit de l’amour que les mélomanes portent à cet artiste, tous attendaient le retour de l’homme de l’ombre dont l’opus Blonde (2016) reste une référence inégalable. Pour couronner le tout, la tête d’affiche du festival annule sa seconde performance prévue quelques jours après, blessé, (deux fractures et une entorse à la jambe gauche). Il sera remplacé au pied levé par le groupe Blink-182.