16 nominations, 16 défaites : la terrible malédiction de Diane Warren aux Oscars
Diane Warren est la compositrice la plus nommée aux Oscars sans jamais avoir gagné. Avec 16 nominations et autant de défaites, son parcours est marqué par une série d’échecs aussi improbables que répétitifs. Retour sur la malédiction qui poursuit cette légende malheureuse de la musique de film.
Par Alexis Thibault.
Publié le 4 mars 2025. Modifié le 7 avril 2025.
La terrible malédiction de Diane Warren aux Oscars
Le scénario semblait écrit d’avance. Lorsque Diane Warren a été annoncée parmi les nommés de la catégorie
Meilleure chanson originale aux Oscars 2025 avec le titre The Journey extrait de The Six Triple Eight, long-métrage Netflix de Tyler Perry, personne ne s’attendait à un miracle. Et pour cause : à chaque fois que la compositrice de 68 ans se présente à la cérémonie la plus prestigieuse du cinéma… elle repart les mains vides.
Cette année encore, elle a vu la statuette lui échapper au profit de d’El Mal, morceau composé par Camille et Clément Ducol pour la bande originale du film Emilia Perez de Jacques Audiard. L’année passée, elle s’était inclinée face au What Was I Made For? de Billie Eilish et Finneas pour le Barbie de Greta Gerwig. Un dénouement prévisible mais cruel, qui renforçait alors un peu plus son statut de « grande maudite » des Oscars. Car si Diane Warren est une figure respectée dans l’industrie musicale, sa relation avec l’Académie tient davantage du calvaire que du couronnement.
Une première nomination qui aurait dû tout changer
Tout commence en 1988. Diane Warren décroche sa première nomination aux Oscars pour
Nothing’s Gonna Stop Us Now, chanson phare du film Mannequin interprétée par le groupe pop rock de San Francisco Starship. Un titre ultra efficace à la mélodie accrocheuse et aux arrangements typiques des power ballads
de la fin des années 80 qui poussaient la fosse à sortir son briquet en plein concert.
Son style, déjà bien affirmé, repose alors sur une combinaison redoutable : des montées en puissance progressives et des refrains redoutables taillés pour l’arène. Pourtant, cette première incursion dans la compétition ne se solde évidemment pas par une victoire. La statuette revient finalement à (I’ve Had) The Time of My Life de l’incontournable Dirty Dancing. La chanson deviendra culte. Le trophée sera pour un autre jour.
Les décennies suivantes, Diane Warren impose sa patte et enchaîne les tubes. Ses ballades, souvent interprétées par des artistes à voix, dégagent une intensité dramatique inimitable. On lui doit notamment Because You Loved Me interprété par Céline Dion –qui décroche toutefois un Grammy Award – I Don’t Want to Miss a Thing d’Aerosmith (Armageddon, 1998) ou encore There You’ll Be de Faith Hill (Pearl Harbor, 2001). À chaque fois, l’Oscar lui résistera…
Des défaites mythiques et une résilience à toute épreuve
Parmi ses nominations les plus notoires, celle de I Don’t Want to Miss a Thing en 1999 reste la plus
incompréhensible. Ce titre, immense succès commercial et véritable symbole de la fin des années
90, semblait inarrêtable. Pourtant, c’est When You Believe de Whitney Houston et Mariah Carey (Le
Prince d’Égypte) qui l’emporte. Plus récemment, en 2021, Io Sì (Seen), qu’elle écrit pour Laura
Pausini et le film La Vie devant soi, semblait être sa grande chance : une chanson sobre, poignante,
en italien, parfaite pour une récompense de prestige. Mais l’Académie lui préfère alors Fight for You de
H.E.R. extrait du long-métrage Judas and the Black Messiah.
Face à ces déconvenues répétées, Diane Warren adopte un ton fataliste mais toujours mordant en interview.
“Je devrais avoir une carte de fidélité aux Oscars”, ironisait-elle en 2020. Après sa nouvelle défaite, en 2023,
elle glissait : “J’espère qu’ils mettent mon nom sur un siège à la cérémonie. Autant que j’y sois confortablement installée !” Une auto-dérision qui cache mal une frustration palpable. D’autant plus que, malgré ces échecs, elle continue d’alimenter Hollywood.
Ironie du sort, en 2022, l’Académie lui décerne un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière. Un prix qui récompense son impact sur la musique de film mais qui ne brise pas la malédiction : Diane Warren demeure, contre toute attente, l’une des plus grandes compositrices à n’avoir jamais gagné de vrai Oscar en compétition. Un paradoxe fascinant qui, au fond, ne fait que renforcer sa légende.