2 fév 2022

Monica Vitti, muse d’Antonioni, en 3 films inoubliables

La sublime actrice italienne était la muse et la compagne du célèbre cinéaste Michelangelo Antonioni ainsi que l’une des plus grandes icônes du cinéma des années 60. Elle s’est éteinte à 90 ans, après s’être retirée de la vie publique. L’occasion de (re)voir quelques-uns de ses films iconiques.

1. L’Avventura (1960) de Michelangelo Antonioni

 

Dans ce film qui révèle le talent et le charme fascinant – un regard myope troublant et un nez romain impérial – de Monica Vitti, l’actrice joue le rôle de Claudia, la meilleure amie d’Anna, fille d’un homme riche éprise d’un architecte nommé Sandro. Alors qu’Anna disparaît mystérieusement, Claudia se rapproche de Sandro. Pour donner vie à ce personnage d’amoureuse tourmentée qui culpabilise de succomber au compagnon d’une amie avant de se laisser dévorer par la passion, Monica Vitti fait preuve d’une présence tout en contrastes et subtilité. Michelangelo Antonioni disait de sa muse qu’elle avait « le visage de l’angoisse. » Avec sa blondeur diaphane et son élégance froide, elle incarnait en tout cas à merveille les femmes contrariées, névrosées ou blessées.

 

2. La notte (1961) de Michelangelo Antonioni

 

Dans ce chef-d’œuvre intello sur la difficulté à communiquer dans le couple, Monica Vitti est encore la tentatrice qui fait oublier, lors d’une éphémère étreinte sensuelle, sa femme (Jeanne Moreau) au héros déjà pris (Marcello Mastroianni). Comme ce dernier, le personnage de Valentina interprété par  Monica Vitti, essaie, par un moment d’érotisme, de fuir son ennui et son vague à l’âme. Une attitude qui fait écho à l’existence de Monica Vitti. Si l’Italienne possédait beaucoup d’humour, un vrai sens de la comédie et de la fantaisie, elle était aussi de nature mélancolique. Elle voulut très jeune devenir actrice « pour ne pas mourir » ainsi que pour introduire du rire et du spectacle dans son quotidien. Consciente du fait que son physique tranchait avec celui des beautés italiennes de l’époque (brunes et plantureuses), elle aspirait aussi à devenir une autre, le temps d’un film ou d’une pièce de théâtre.

 

3. L’Éclipse (1962) de Michelangelo Antonioni

 

Ce long-métrage récompensé par le Prix spécial du jury à Cannes complète la trilogie d’Antonioni sur l’incommunicabilité comprenant L’Avventura et La notte. On suit une jeune Romaine instable, Vittoria (Monica Vitti), qui se sépare de son compagnon pour vivre une histoire d’amour avec un beau courtier en Bourse (Alain Delon). Ce dernier incarne les penchants matérialistes de la société contemporaine. Et le contraste entre son appât du gain et l’attitude poétique de Monica Vitti errant dans une Rome très architecturale  donne au film une dimension métaphysique poignante. Mais au-delà de l’histoire et de la force esthétique de ce film majeur, son titre entre en résonance directe avec la vraie vie de l’actrice. Après s’être tournée vers les comédies à succès et l’écriture de livres, l’icône à l’aura empreinte d’étrangeté a disparu de l’espace médiatique à la fin des années 80. Toujours dans la thématique de l’oubli et de la disparition, l’artiste a souffert d’une maladie dégénérative (Alzheimer) avant de s’éteindre à l’âge de 90 ans. Sauf que, par la magie du septième art et d’un charisme rare, la reine du cinéma italien n’est pas prête de s’éclipser des mémoires.