11 avr 2022

Johnny par Johnny : que retenir de la série documentaire Netflix sur Johnny Hallyday ?

Après avoir proposé des documentaires sur Lady Gaga, Angèle et Beyoncé, Netflix a dévoilé, le 29 mars, une série de cinq épisodes sur la vie et la carrière de Johnny Hallyday. Si on n’apprend rien de nouveau sur le rockeur, le programme, très rythmé et truffé d’images d’archives rares, a tout de même le mérite de nous rappeler des faits essentiels sur ce mythe hexagonal aux excès légendaires.

1. Une enfance compliquée

 

Fils d’une mannequin cabine et d’un artiste de cabaret, Jean-Philippe Smet (alias Johnny Hallyday), né en 1943 à Paris, a très rapidement été abandonné par ses deux parents, qui, trop occupés, l’ont confié à une tante. Le garçon va donc passer son enfance puis son adolescence près de ses sœurs, danseuses, trimballé dans le milieu du spectacle, et voyageant un peu partout en Europe (notamment à Londres). Si le mari de sa cousine, le chanteur et danseur américain Lee Halliday, va devenir son père de cœur, Johnny Hallyday va souffrir toute sa vie de l’absence de son géniteur, qui ne refera surface que pour des raisons pécuniaires. De quoi expliquer pourquoi l’interprète de Vivre pour le meilleur a l’air si mélancolique et affiche un regard si perdu sur les images d’archives touchantes montrées par les deux premiers épisodes de la série Johnny par Johnny, disponible sur Netflix depuis le 29 mars.

 

2. Des mensonges en pagaille

 

Au début de sa carrière, Johnny Hallyday s’invente un personnage, voire des personnages. Aux nombreux journalistes qu’il croise, il prétend qu’il est américain, qu’il a été « blouson noir » et qu’il a déjà parlé à son idole, Elvis Presley. Il adore jouer les cow-boys et imite les rockeurs américains à la perfection. Jusqu’au jour où Charles Aznavour (qui hébergea le jeune Johnny Hallyday débutant chez lui) lui conseille d’arrêter de jouer à fond la carte de l’ »américanisme » pour sortir des morceaux aux textes français plus poétiques tels que Retiens la nuit.

 

3. Un pionnier en termes de scénographie de concert dantesque

 

Dès la fin des années 60, Johnny Hallyday rompt avec la tradition des concerts sages, donnés dans des music-halls et alors appelés des récitals. Le rockeur adulé qui a collaboré avec Jimi Hendrix imagine des concerts « à l’américaine » dans d’immenses salles comme le Palais des sports de Paris. Pour épater le public, il empile des phares de voitures sur la scène, utilise des écrans géants, des bombes de confettis et des canons lançant des fleurs. Johnny Hallyday, véritable bête de scène, veut proposer plus qu’un live : un spectacle total. Il ne lésine donc pas sur les invités, conviant des cracheurs de feu, des cascadeurs, des jongleurs, des danseuses, des boxeurs et un fakir à se produire lors de ses prestations enflammées. Spectateur de l’un des shows de Johnny dans les années 60, Mick Jagger, qui se trouve dans la salle, en ressort très impressionné.

4. Des morceaux souvent autobiographiques

 

Si à la fin de sa vie, Johnny Hallyday apparaissait comme un personnage taiseux, il s’est en fait beaucoup confié sur sa vie en chansons, comme le rappelle le documentaire Netflix. Dans Je suis né sans la rue (1969), il déclame, dans un couplet déchirant : « Je n’ai pas eu de père / Pour me faire rentrer le soir / Et bien, souvent ma mère / Travaillait pendant la nuit / Je jouais de la guitare / Assis sur le trottoir / Le cœur comme une pierre / Je commençais ma vie. » On redécouvre également que Noir c’est noir (1966) sort la même année que sa tentative de suicide, à 23 ans. À cette époque, le chanteur est épuisé par ses tournées sans fin, le fait d’être accusé de troubler l’ordre public en important en France « la musique du diable » et la demande de divorce de sa femme (et mère de son enfant, David), Sylvie Vartan.

 

5. Tout sauf un idiot

 

À la fin de sa vie, Johnny Hallyday, disparu en 2017, a souvent été caricaturé et dépeint comme un benêt moqué pour sa façon, erratique, de s’exprimer, et ses excès en tout genre (alcool, dépenses, motos, petites amies, coupes de cheveux…). En ressuscitant de nombreuses interviews filmées de l’artiste, on redécouvre l’humilité, les doutes et la timidité d’un jeune homme à la fois naturel, émouvant, instinctif et cash. Loin de sa marionnette dans les Guignols ou du cliché du rockeur en Harley, l’écorché Jean-Philippe Smet renaît dans toute sa splendeur (et candeur) sur l’écran. 

 

Johnny par Johnny (2022) de Jonathan Gallaud, disponible sur Netflix.