How Rami Malek conquered the world
Autrefois figurant, désormais star d'Hollywood, Rami Malek vient de remporter l’Oscar du meilleur acteur pour sa performance dans “Bohemian Rhapsody”. Retour sur une ascension fulgurante entre son amour pour Kirsten Dunst et ses débuts à la télévision en pirate informatique.
Par Marion Ottaviani.
1. De l'Égypte à Hollywood
Né à Los Angeles précisément quatre minutes avant son frère jumeau Sami, Rami Malek est élevé par un père assureur et une mère comptable, tous deux égyptiens expatriés aux États-Unis. Après une enfance très pieuse vouée à la religion copte (une branche de l’Église orthodoxe égyptienne), il rejoint la Notre Dame High School de Sherman Oaks en Californie où il fait ses classes aux côtés de Rachel Bilson ou encore Kirsten Dunst. S’il est d’un an son cadet, ils assistent ensemble au même cours de comédie musicale, et Malek développe même un léger faible pour celle qui deviendra l’héroïne du film Virgin Suicides. Étudiant déjà passionné de comédie à l’université, il décroche son bachelor of fine arts, et commence à enchaîner des apparitions dans des théâtres d’art et d’essai et des pièces off-Broadway présentées à New York. C’est seulement en 2004, lorsqu’il décide de retourner tenter sa chance dans sa ville natale, que les rôles plus ou moins notables vont petit à petit se succéder.
2. Du weird kid à la voix du jeu vidéo
Complexé par son physique oriental très typé, le comédien en devenir est convaincu que ce détail sera un frein à sa carrière. “Lorsque je me rendais aux auditions, je me disais : ‘Je n’ai aucune chance. Ils vont choisir quelqu’un au physique plus conventionnel, quelqu’un que la société acceptera plus facilement.’” Difficile de faire sa place à Hollywood, où il se retrouve en concurrence avec des néo-Brad Pitt aux proportions rêvées. À la télévision, où la porte lui semble plus ouverte, il accepte donc une apparition dans le rôle du weird kid dans la très populaire série Gilmore Girls – un épisode qu’il avoue avoir du mal à assumer aujourd’hui, notamment sur le plan capillaire. Dans le jeu Halo 2, il prête sa voix à l’un des personnages, sans même être crédité au générique final. À force d’acharnement, cette suite de petits boulots alimentaires le mène enfin au monde du cinéma, où son aura atypique se change finalement en atout le temps de quelques prestations.
3. La révélation The Pacific sur HBO
King Ahkmenrah dans La Nuit au musée, le vampire égyptien Benjamin dans la saga à gros budget Twilight… Il incarne des personnages certes clichés, mais qui lui permettent de poser un pas solide sur les terres hollywoodiennes. La vraie révélation viendra avec The Pacific – mini-série d’HBO devenue la plus chère de l’histoire avec un budget moyen de 20 millions de dollars par épisode –, dans laquelle il prend les traits de Snafu, un jeune soldat embarqué dans l’horreur de la guerre au sein de la première division des marines. C’est la première opportunité qui lui est offerte de montrer l’étendue de son jeu d’acteur, et il apporte les nuances indispensables à ce rôle d’un homme détruit par le combat, qui collectionne les dents en or des ennemis japonais qu’il abat. Le programme connaît un succès relativement confidentiel, mais lui permet d’acquérir une visibilité à grande échelle qui propulse sa carrière vers de nouveau horizons.
4. La nouvelle égérie Dior Homme
De Battleship de Peter Berg jusqu’au très mauvais remake du film Old Boy par Spike Lee, les rôles s’enchaînent bien, mais pas toujours dans des longs-métrages mémorables. Petite exception à la règle, The Master lui permet en 2012 de s’illustrer aux côtés de Joaquin Phoenix et de Philip Seymour Hoffman, et d’être dirigé par Paul Thomas Anderson, peu après There Will Be Blood. Deux ans plus tard, c’est le personnage d’Elliot Anderson, rôle-titre de la série Mr. Robot, qui lui tombe sur le coin de la tête. Un jeune informaticien vivant à New York, en proie à l’anxiété sociale et à la dépression, qui se change petit à petit en hackeur obsessionnel. Malek est séduit par le scénario, le fondateur de la série, Sam Esmail, est séduit par l’intensité et l’épaisseur du jeune acteur et l’embarque immédiatement avec lui sur le projet. Pourtant loin des codes traditionnels des séries américaines, le programme diffusé sur USA Network va exploser tous les records : sacré aux Golden Globes, aux Critics’ Choice Television Awards, aux Emmys… Et Malek de finir par devenir la nouvelle coqueluche de Hollywood. Passé premier choix pour les productions les plus ambitieuses, on l’attend en 2017 sous les traits de Freddie Mercury dans Bohemian Rapsody, et dans le remake du film Papillon aux côtés de Charlie Hunnam. Dior Homme l’a même désigné pour devenir la nouvelle égérie de sa campagne été 2017, aux côtés de Boy George et d’A$AP Rocky notamment. Une consécration méritée qui laisse espérer le meilleur.
5. Le héros des Golden Globes
Le hacker le plus connu d'Hollywood abandonne finalement le sweat difforme pour le cuir et la moustache, puisqu'il incarne Freddie Mercury dans Bohemian Rhapsody, biopic de Dexter Fletcher (Elephant Man, Kick-Ass, Terminal) qui suit l’ascension fulgurante du groupe Queen. Une performance exceptionnelle qui lui vaut le Golden Globe du meilleur acteur, devant Bradley Cooper réalisateur et interprète de l’autre musical de l’année, A Star Is Born qui a doit se contenter du trophée de la meilleure chanson originale. Son physique oriental n'aura finalement pas été un frein, à 37 ans, il s’impose comme la nouvelle coqueluche d’Hollywood : il vient de remporter l’Oscar du meilleur acteur devant Christian Bale (Vice).