4 mai 2020

“Hollywood” sur Netflix: les dessous d’une industrie pervertie

Habillée d'un vernis glamour et sophistiqué, “Hollywood”, la nouvelle série de Ryan Murphy dépeint pourtant l'horreur d'une industrie pervertie. Un message puissant disponible sur Netflix depuis le 1er mai.

En 2018 sur la chaîne de télévision américaine FX, Ryan Murphy proposait sa nouvelle création, Pose, dont le casting composé d’une majorité d’actrices transgenres afro-américaines et hispaniques a électrisé le petit écran. Au-delà d’immerger le spectateur dans l’univers glamour et impitoyable des Ball Rooms, la série évoque également avec émotion et toujours sans pathos la stigmatisation de la communauté LGBTQ+ face à l’épidémie du SIDA qui a frappé New York à la fin des années 80. Si à travers la variété de ses programmes (Nip/Tuck, Glee ou encore sa série d’anthologie American Horror Story), Ryan Murphy s’est imposé comme le maître de la fiction sur petit écran, le showrunner américain s'est aussi distingué par des créations originales engagées, capables de soulever les problèmes de notre société actuelle à travers leur évocation passée… C’est exactement le même procédé que l’on retrouve dans la mini-série Hollywood, diffusée sur Netflix depuis le 1er mai. 

 

Les travers d'Hollywood mis à nus

 

Misogynie, racisme, homophobie, white-bashing, harcèlement sexuel et prostitution… Dans cette satire féroce, tous les vices de l’industrie hollywoodienne sont abordés, soulignant avec force son manque d'évolution depuis la fin des années 40. Derrière sa photographie glamour et sophistiquée, édulcorant l’horreur de certaines situations, Hollywood dévoile ainsi le parcours semé d’embûches de ses protagonistes, rêvant à tout prix de gloire et de succès. Toute l’intrigue de la série repose sur la réalisation du film Meg par Raymond Ainsley (Darren Criss) basé sur le scénario de Archie Coleman (Jeremy Pope) – scénariste homosexuel et afro-américain – et mettant en scène, Camille Washington (Laura Harrier), actrice afro-américaine cantonnée au rôle de servante, Jack Castello (David Corenswet), jeune premier qui se prostitue pour subvenir au besoin de sa famille, Rock Hudson (Jake Picking), harcelé sexuellement par son agent et forcé de cacher son homosexualité et Claire Wood (Samara Weaving), fille de magnats de l’industrie dont les parents refusent qu’elle n’évolue dans ce milieu perverti.

 

Des personnages aux comportements borderline

 

Si cette joyeuse bande de jeunes aux étoiles plein les yeux attire la sympathie par sa candeur et sa fraicheur – ainsi que sa moralité mise à mal à plusieurs reprises au cours de la série –, ce sont bien les personnages secondaires, grands pontes de l’industrie hollywoodienne, qui font le sel de l’histoire. De la géniale Patti Lupone, femme du plus puissant directeur de studio de Los Angeles aux moeurs libérées et propulsée malgré elle PDG, à Joe Mantello, un directeur de production droit et honnête qui veut changer les choses, en passant par Dylan Mc Dermott, ancien acteur devenu maquereau au grand coeur et surtout Jim Parsons, agent tordu et glaçant qui n’hésite pas à harceler ses poulains innocents ou faire appel à la mafia quand il le juge nécessaire, Ryan Murphy nous offre, comme à son habitude, une série de personnages hauts en couleurs qui en font parfois trop et dont les comportements borderline nous gênent autant qu'ils nous satisfont. C'est pourtant grâce à eux et leurs actions communes que le film Meg, petit bijou d'inclusivité, verra le jour.

 

Si l'on peut reprocher à la série son manque évident de subtilité ainsi qu’un dénouement gentillet voire mièvre, il semble que le propos de Ryan Murphy se place au delà d’un scénario réaliste et fidèle à l’histoire du cinéma américain de la fin des années 40. Plutôt que de dépeindre l’âge d’or hollywoodien, le scénariste surdoué vient questionner – en miroir – ce que serait l’industrie du cinéma aujourd'hui, si ceux qui la dirigent s'impliquaient collectivement pour la changer en profondeur. 

 

Hollywood (2020) de Ryan Murphy, disponible sur Netflix.