De Jacques Demy à JR, plongez dans l’intimité des lettres d’Agnès Varda
Toute sa vie, Agnès Varda a entretenu une relation fusionnelle avec des artistes comme Chris Marker, Calder, plus récemment JR et bien sûr avec son célèbre mari, le cinéaste Jacques Demy. Le Palais Idéal du facteur Cheval – un musée auquel la réalisatrice de “Cléo de 5 à 7” était très attachée – rend hommage à cette pionnière de la Nouvelle Vague dans une exposition qui met à jour son goût pour les relations épistolaires, ses collections de cartes postales anciennes et de nombreux témoignages de spectateurs qui ont aimé ses films passionnément.
Par Lucas Aubry.
Tout au long de sa carrière – récompensée par un Oscar d’honneur en 2017 – Agnès Varda a offert dans son oeuvre cinématographique et documentaire une place privilégiée aux facteurs-postiers, qu’elle décrivait comme les “complices du destin”. C’est donc sans surprise que l’on apprend l’attachement de la réalisatrice au Palais Idéal du Facteur Cheval situé à Hauterives dans la Drôme, chef d’oeuvre d’architecture naïve achevé en 1912 par le facteur Ferdinand Cheval, qui a construit ce temple d’Angkor miniature à partir de galets récoltés lors de ses tournées pendant 33 ans.
Jusqu’au 6 septembre, ce monument historique si singulier accueille donc le volet introductif d’une trilogie d’expositions consacrée à Agnès Varda qui se déploiera sur trois ans. Intitulé Agnès Varda Correspondances, celui-ci nous offre dans un premier temps une plongée dans les archives personnelles de la cinéaste : tout au logng de sa vie jusqu’à sa disparition il y a un an et demi, cette dernière a entretenu des relations amicales et épistolaires avec de nombreux artistes comme les réalisateurs JR et Chris Marker et son mari Jacques Demy, l’artiste bruxelloise Kikie Crêvecœur, le facteur Jacky Patin ou encore avec son illustre voisin Alexander Calder, sculpteur et peintre majeur de XXe siècle. De nombreux inconnus ont aussi alimenté ce plaisir postal tout au long de sa vie.
À travers cette collection de lettres inédites, d’enveloppes décorées, d’objets quotidiens – notamment un petit meuble où Agnès Varda rangeait son courrier et une planche de timbres Magritte –, de photographies en lien avec ses films et de cadeaux de spectateurs entreposés dans ce lieu unique, l’exposition témoigne des liens extrêmement étroits tissés par la grande réalisatrice avec son entourage, non moins illustre. Dans la Villa Alicius – ancienne maison du Facteur Cheval transformée en salle d’exposition – se dessine un autre ensemble qui retrace l’amour d’Agnès Varda pour les pommes de terre, immortalisé dans ses documentaires Les glaneurs et la glaneuse (2000) et Deux ans après (2002).
Agnès Varda : Correspondances, jusqu’au 6 septembre 2020 au Palais Idéal du Facteur Cheval, Hauterives.