19 oct 2018

Comment tourner un film après sa mort ?

À Los Angeles, de plus en plus d’acteurs et d’actrices se tournent vers la numérisation de leur silhouette pour poursuivre leur carrière sur grand écran après leur mort. 

Extrait de l’Episode IX de Star Wars avec la version virtuelle de Carrie Fisher.

Tel un pied de nez à la fatalité, certaines stars hollywoodiennes n’hésitent pas à recourir à la technologie pour continuer à apparaître dans de nouvelles productions même après leur disparition. Pour assurer le succès et la pérennité des blockbusters américains, il est maintenant possible voire souhaitable d’engager des stars éternelles, selon un article du MIT Technology Review. C’est ce qu’a compris la société californienne d’effets visuels Digital Domain qui a notamment travaillé avec deux grandes séries : Ready Player One et Avengers: Infinity War. Digital Domain compterait déjà dans ses fichiers entre 50 et 60 personnalités. Si aucun nom de célébrités participantes n’a filtré, le coût du processus par personne serait d'environ un million de dollars, somme qui reste modique au vu des cachets des acteurs et actrices à Hollywood. Cette méthode innovante permet de préserver l’image de la jeunesse de l’acteur défunt, mais aussi d’assurer un revenu à ses proches, grâce à une licence préalablement signée avec la société de production.

 

 

"Nous capturons la façon dont le flux sanguin peut changer la teinte du visage", explique Darren Hendler, le directeur de Digital Domain et de sa filiale Digital Humans Group.

 

 

Grâce à un système de numérisation ultra précis et des centaines de lampes LED disposées en sphère, les visages célèbres sont scannés sous tous les angles. Les images sont enregistrées en quelques secondes et permettent de décrypter tous les traits du visage qu’il s’agisse des rides, des pores de la peau ou de la carnation. "Nous capturons la façon dont le flux sanguin peut changer la teinte du visage", explique Darren Hendler, le directeur de Digital Domain et de sa filiale Digital Humans Group. Les lumières émettent différentes couleurs pour reproduire au plus près les modifications du visage liées aux changements climatiques. Il faut deux jours pour que cette technique puisse comprendre et enregistrer la manière dont les expressions du visage évoluent, mais aussi la façon dont les individus bougent et se déplacent, pour éviter l’effet faussement réel.

 

L’acteur Paul Walker dans le film « Fast and Furious 7 »

Ces clones virtuels susceptibles de survivre à leur modèle ont été inspirés par plusieurs cas qui ont fait parler d’eux. En 2013, durant le tournage de Fast and Furious 7,  la mort de Paul Walker a ainsi contraint le réalisateur James Wan à faire appel aux frères de l’acteur comme doublures plateau. En 2016, l’actrice Carrie Fisher (la princesse Leia) version 1977 est réapparue dans l’Episode IX de la nouvelle trilogie de la saga Star Wars. La même année, l'acteur Peter Cushing a aussi miraculeusement fait son retour, vingt-deux ans après sa mort, grâce aux performances des techniciens 3-D de Rogue One: A Star Wars Storydans le rôle du Grand Moff TarkinCette résurrection virtuelle s’inscrit de plus en plus dans les habitudes des grosses productions cinématographiques ou musicales américaines. En 2019, un hologramme ressuscitera d’ailleurs la chanteuse Amy Winehouse pour une tournée en version numérique. Une initiative qui ne réjouit pas tout le public de la star, mais qui s’inspire clairement de l’hologramme du rappeur Tupac à Coachella en 2012, initié, là encore, par Digital Humans Group.