Rencontre avec Géraldine Nakache : « Les maquilleuses n’arrivaient plus à nous raccorder car je pleurais de rire »
Franche, bosseuse, drôle et émouvante, l’actrice et réalisatrice française Géraldine Nakache occupe une place à part dans le cinéma français. On est attachée, depuis une dizaine d’années, à l’artiste de Tout ce qui brille et de J’irais où tu iras comme à une amie. Alors qu’elle joue l’assistante réalisatrice de Pierre Niney dans la nouvelle série hilarante de Netflix, Fiasco, elle nous confie ses meilleurs et ses pires souvenirs de tournage.
propos recueillis par Violaine Schütz.
L’interview de l’actrice Géraldine Nakache sur la série Netflix Fiasco avec Pierre Niney
Qu’est-ce qui vous a donné envie de jouer dans la série Fiasco qui raconte l’histoire d’un homme qui tente de réaliser son premier film, sur sa grand-mère résistante, mais qui rencontre de nombreux obstacles ?
Géraldine Nakache : Le talent de ces gens (la série est créée par Igor Gotesman, le réalisateur de Five et par Pierre Niney, et elle met en scène François Civil, ndlr) et l’aventure du collectif pendant plus de trois mois avec cette équipe qui performe à chaque nouveau projet. Mais aussi la rigolade, bien entendu et le challenge. J’aime l’idée que ce ne soit pas de l’entre-soi et qu’on parvienne à fédérer et à faire rire le plus de gens possible.
La série parle d’un tournage qui se passe mal. Le tournage de Fiasco s’est-il bien passé?
C’était la joie de fabriquer cette série : vous n’avez pas idée ! Les camarades de jeu étaient tous plus inventifs les uns que les autres. C’était un formidable tournage. D’abord parce que Pierre Niney est un parfait « bon camarade », qu’il veut qu’on se lâche et qu’on s’amuse. Alors c’est vrai, parfois ça a été contre-productif car il était impossible de s’arrêter de rire. Les maquilleuses n’arrivaient plus à nous raccorder car je pleurais littéralement de rire… Bref, l’enfer !
Quelle était votre technique pour éviter les fous rires sur le tournage ? Notamment dans les scènes avec Pierre Niney…
Pas de technique : l’idée est de résister et ne pas s’enfoncer dans le rire qui paralyse le plateau : celui qui nous fait attendre 20-30 minutes avant de pouvoir repartir correctement. Igor, le réalisateur, veillait au grain là-dessus. En revanche, si vous avez une méthode, je la veux bien !
« Les galères sont le lot quotidien de tous les films. Il pleut : il faut changer de décor. L’acteur a une gastro : il faut repousser la scène du baiser. » Géraldine Nakache
Comment décririez-vous le personnage que vous incarnez, Magalie, l’assistante réalisatrice de Raphaël (joué par Pierre Niney), dans la série ?
Elle tient le plateau et tente de faire en sorte que le navire ne prenne pas plus l’eau que ce n’est déjà le cas. Ça peut me ressembler ça, en effet, d’essayer de ménager tout le monde et de faire avancer le Barnum. Après comme Igor (Gotesman, le réalisateur de la série) et Pierre (Niney) adorent raconter des personnages pas complètement héroïques, nous avons tous notre pathologie, si j’ose dire. Mon personnage, par exemple, a un appétit sexuel qui me dépasse (rires).
Vous avez été assistante réalisatrice à vos débuts. À quel point avez-vous puisé dans votre expérience pour Fiasco ?
Oui j’étais en effet assistante réalisatrice, notamment pour Les Guignols de l’info et j’hurlais une fois le moteur lancé « Pas d’humains dans le champ ! ». Se faire entendre, je savais le faire. Et je m’en suis souvenue immédiatement quand j’ai dû interpréter Magalie. Mais le mieux, c’était d’avoir sous les yeux, quotidiennement, Mathilde, la véritable première assistante de Fiasco.
Dans la série, le réalisateur enchaîne les problèmes sur le tournage de son premier film. Avez-vous également rencontré des soucis en tournant vos longs-métrages en tant que réalisatrice ?
Oui, c’est le lot quotidien de tous les films. Il pleut : il faut changer de décor. L’acteur a une gastro : il faut repousser la scène du baiser. Un décor nous lâche la veille du tournage… Mais jamais comme sur la série Fiasco, où les personnages enchaînent vraiment des galères impossibles ! Des galères qui favorisent certes grandement la comédie mais qui semblent ingérables.
« Sur le film L’Ex de ma vie, l’acteur avec qui je partageais l’affiche a vampirisé le plateau et nous a fait vivre un enfer. » Géraldine Nakache
Et en tant qu’actrice, y-a-t-il eu des tournages qui ont viré au « fiasco » ?
Oui bien sûr, sur le film L’Ex de ma vie, réalisé par Dorothée Sebbagh que j’adore et qui est ultra talentueuse, l’acteur avec qui je partageais l’affiche a vampirisé le plateau. Il nous a fait vivre un petit enfer quotidiennement avec ses caprices. Un vrai fiasco pour le tournage et pour le film lui-même qui n’est d’ailleurs pas resté dans les mémoires et c’est tant mieux.
Vous êtes aussi à l’affiche du film Paternel, l’histoire d’un prêtre qui découvre qu’il est père. Pouvez-vous nous en dire plus sur ce projet plus dramatique que Fiasco ?
C’est un grand écart artistique par rapport à Fiasco. Comme pour tous les projets auxquels je participe, il est de plus en plus important pour moi, lorsque je fais l’actrice, de porter une parole (comme pour Paternel) ou une humeur (comme pour Fiasco). Faire décompresser le public ou le faire réfléchir participe du même état d’esprit pour moi. Paternel montre le quotidien d’un homme de foi qui se débat entre le dogme et sa réalité. C’est un film porté par l’immense Grégory Gadebois, avec lequel j’ai adoré jouer. J’ai eu de la chance, cette année, entre Vincent Dedienne, Pierre Niney, Oussama Kheddam et Grégory Gadebois. Ce sont des partenaires de fiction extraordinaires dans des projets aux antipodes de ce que j’ai pu faire avant et que j’ai autant aimé tourner que voir. Pourvu que ça continue ainsi !
Fiasco (2024), créée par Igor Gotesman, avec Pierre Niney, Géraldine Nakache et François Civil, disponible sur Netflix. Paternel (2024) de Ronan Tronchot, avec Grégory Gadebois et Géraldine Nakache, actuellement au cinéma.