Comment Margaret Qualley est devenue l’une des actrices les plus passionnantes d’Hollywood
Margaret Qualley n’est pas que la fille d’Andie MacDowell. Époustouflante dans le torride film de Claire Denis Stars at Noon et dans le road movie lesbien nommé Drive-Away Dolls, elle est à l’affiche du film féministe gore The Substance de Coralie Fargeat, ce mercredi 6 novembre 2024. Portrait d’une future grande qui a déjà séduit Quentin Tarantino, Lana Del Rey et la maison Chanel.
par Violaine Schütz.
Les publicités filmées pour les parfums montrent souvent une jolie fille qui court dans les champs ou s’allonge dans le lit satiné d’un hôtel de luxe, attendant un homme mystérieux. Si la beauté des images subjugue, on apprécie aussi quand les réalisateurs sortent de cette zone de confort pour innover.
Une actrice talentueuse découverte dans une publicité
C’était le cas de Spike Jonze qui imaginait en 2016 une vidéo anticonformiste pour l’essence Kenzo World. Une jeune femme en robe vert émeraude enchaînait en solo des pas de danse saccadés, entrant dans une sorte de transe exaltante, loin de la muse évaporée.
Entre chorégraphie tribale, breakdance et ballet, cette prestation magnétique ne laissa alors personne indifférent. Il faut dire que la ballerine effrénée au regard bleu perçant a de qui tirer. Margaret Qualley, 30 ans, est la fille de l’actrice américaine Andie MacDowell et de Paul Qualley, mannequin et musicien. Fière de son patrimoine, l’artiste n’a eu de cesse, durant sa jeune carrière, de faire honneur à son illustre pedigree.
Margaret Qualley marche dans les pas de sa mère, Andie MacDowell
Adolescente, elle se fait déjà remarquer par sa stupéfiante beauté (quelque part entre Jennifer Connelly et Isabelle Adjani) lors d’une apparition tournoyante au Bal des débutantes, à Paris. Pratiquant la danse dans des compagnies américaines réputées, elle possède une grâce, une prestance et une souplesse qui lui permettent de se mouvoir dans l’espace en électrisant toute sorte d’assemblée.
Celle qui a étudié la comédie à Londres avant un détour par une université new-yorkaise sera finalement rattrapée par ses gènes. D’abord mannequin, comme son père, défilant pour la Fashion Week dès l’âge de 16 ans, c’est finalement le chemin maternel qu’elle suivra.
Et pour ne pas qu’on la suspecte de n’être là que parce qu’elle est « la fille de », Margaret Qualley vit toute seule alors qu’elle n’est pas encore majeure et choisit avec soin tous ses projets. On la voit dans le film indépendant Palo Alto (2014) de Gia Coppola avec James Franco, dans la série métaphysique de HBO The Leftovers (2014–2017), dans la comédie d’action piquante The Nice Guys aux côtés de Ryan Gosling ou encore dans Seberg (2019) avec Kristen Stewart. De la religieuse à l’héroïne de manga en passant par la survivante d’un monde apocalyptique, l’actrice s’avère toujours juste, dégageant une aura à la fois forte et fragile qui prend souvent aux tripes.
Une hippie dangereuse chez Quentin Tarantino
Mais c’est surtout le rôle de Pussycat qu’elle interprète dans le Once Upon a Time… in Hollywood (2019) de Quentin Tarantino qui va aimanter tous les regards. Aux côtés de Leonardo DiCaprio, Brad Pitt – avec lequel elle flirte à l’écran – et Margot Robbie, l’actrice débutante joue une hippie sexy et dangereuse en top en crochet et micro short qui appartient à la secte de Charles Manson.
Dans la vraie vie, Margaret Qualley semble posséder une part de cette folie et un tempérament aussi indépendant que farouche et déterminé. Après avoir fréquenté l’acteur et humoriste américain Pete Davidson, elle est sortie avec l’acteur Shia LaBeouf. Mais en apprenant que FKA twigs, son ancienne petite amie, avait déposé plainte contre lui en décembre 2020 pour des agressions sexuelles, elle met fin à leur relation. L’ambassadrice et égérie Chanel en couple avec le musicien Jack Antonoff – proche collaborateur de Lana Del Rey qui a dédié une chanson à l’actrice sur son dernier album – a également choisi de faire passer des messages sur les comportements déplacés envers les femmes à l’écran.
Margaret Qualley, héroïne incendiaire du Stars at Noon de Claire Denis
En 2021, dans Maid, série produite par Margot Robbie et diffusée en ce moment sur Netflix, Margaret Qualley incarnait Alex, une jeune femme maltraitée par le père de sa fille. Ce bourreau semble pourtant, au départ, bien sous tous rapports, ce qui montre à quel point on ne doit pas se fier aux apparences en matière de violences. Alex devient femme de ménage dans des maisons cossues pour subvenir aux besoins de son enfant tout en rêvant de la vie des propriétaires des lieux ou de celle d’une auteure à succès.
Face aux désillusions de l’American Dream, elle ne se laisse jamais abattre, trouvant de la poésie dans l’observation des jouets pop et kitsch de sa fille ou dans un rendez-vous Tinder basé sur des mensonges. Plein d’humanité, ce mélo d’auteur met en lumière son regard intense, qui en un seul plan, le tout premier de l’épisode d’ouverture, a dû donner des idées à bien des réalisateurs du petit et du grand écran. Et pas seulement dans son pays d’origine.
On a en effet vu l’actrice dans le dernier film de la Française Claire Denis, Stars at Noon (Des étoiles à midi), sorti en juin 2023 au cinéma. Une histoire passionnelle et moite entre un homme d’affaires anglais mystérieux et une journaliste américaine sans passeport, qui se prostitue, dans le Nicaragua actuel. Pour Claire Denis, la comédienne a quelque chose de sauvage, joyeux et fantasque, dans la lignée de la pétillante Paulette Goddard des Temps modernes de Charlie Chaplin.
Une actrice audacieuse vue dans Kinds of Kindness et Drive-Away Dolls
Après le film de Claire Denis, l’actrice a enchaîné avec de nombreux autres projets excitants. On a pu l’admirer (furtivement) dans Pauvres Créatures, avec Emma Stone et en avril 2024, elle impressionnait dans un registre tout aussi barré.
Dans le premier film de fiction en solo d’Ethan Coen (l’un des frères Coen), un road movie déjanté intitulé Drive-Away Dolls, elle joue une jeune femme lesbienne qui drague sans vergogne sa meilleure amie tout en tentant d’échapper à des truands. Une aventure sulfureuse, aux côtés de Pedro Pascal, Miley Cyrus et Matt Damon qui démontre son sens de l’audace.
En juin 2024, c’est dans la comédie noire et cynique Kinds of Kindness de Yórgos Lánthimos que Margaret Qualley démontre encore une fois son talent et sa versatilité.
Une performance choc dans The Substance face à Demi Moore
Mais si on devait retenir une seule de ses performances cette année, ce serait celle de l’actrice dans The Substance, qui sort au cinéma ce mercredi 6 novembre. Dans ce film d’horreur féministe choc signé Coralie Fargeat, qui a remporté le prix du scénario au dernier Festival de Cannes, elle joue Sue, une créature engendrée par une expérience futuriste tentée par la star d’Hollywood et du fitness sur le déclin Elisabeth Sparkle (Demi Moore).
Dans ce long-métrage très sanglant aux côtés burlesques, Margaret Qualley incarne une jeune femme aux dents longues, prête à mettre en danger sa matrice pour s’amuser, briller en société et être aimée du plus grand nombre.
Tour à tour sexy, drôle et menaçante, elle passe avec brio des expressions faciales tendres et innocentes d’une apprentie star ingénue au regard et au sourire cruels d’une arriviste flirtant avec le monstrueux. Un rôle hors des sentiers battus qui devrait lui permettre de se tracer un sillon scintillant dans les collines d’Hollywood.
The Substance (2024) de Coralie Fargeat, avec Demi Moore et Margaret Qualley, au cinéma le 6 novembre 2024.