Pourquoi Dario Argento est-il si culte ?
À l'occasion de la sortie du remake de “Suspiria” avec Tilda Swinton et Dakota Johnson, le cinéma français célèbre la maestria de Dario Argento au cours d'une rétrospective en six films projetés en salle. Numéro revient sur le culte autour du réalisateur, maître du cinéma d’horreur italien.
Par Antoine Ruiz.
Maître incontesté du cinéma italien de la psycho-horreur, Dario Argento a révolutionné le septième art populaire dans son pays natal entre les années 1970 et 1980. Réalisateur de nombreux chefs-d’œuvre terrifiques, il est devenu un emblème du giallo (“jaune” en italien), un genre de films d'exploitation, principalement italien, à la frontière du cinéma policier, du cinéma d'horreur et du cinéma érotique. Tirant son origine d'une collection de romans policiers aux couvertures jaunes, et publiés par les éditions Mondadori, ce courant cinématographique s'inspire des romans d'énigme classiques du début du XXe siècle et des nouvelles de type whodunit (provenant de la phrase anglaise “who has done it?” [qui l'a fait?]).
Fasciné par les peintres baroques, expressionnistes et maniéristes, Dario Argento puise dans ses obsessions artistiques pour produire des films au dénouement tortueux, aussi labiles que visionnaires. Avec une filmographie riche d'une vingtaine d'œuvres, il a marqué le cinéma italien, notamment grâce à une esthétique d’épouvante fantasque souvent centrée sur des femmes séductrices cibles de tueur. Psychanalytiques, érotiques, fantaisistes et violents, ses films parfois fétichistes mêlent meurtres et mystère avec aisance.
Proposée par Les Films du Camélia, une rétrospective célèbre ainsi la maestria de Dario Argento, par une sélection de six films projetés sur grand écran en version restaurée :
L'Oiseau au plumage de cristal (1970), son premier film et l'un des plus caractéristiques du genre giallo. Un écrivain américain de passage à Rome assiste à une agression dans une galerie d’art. Après avoir été interrogé par la police, il décide de mener lui-même son enquête et suit la trace d'un tueur mystérieux, dissimulé sous une tenue en cuir noir, qui ne semble s’en prendre qu'à des femmes à l’arme blanche.
Le Chat à neuf queues (1971), un autre film emblématique du genre italien. Lorsque le gardien d'un institut spécialisé dans la recherche génétique est agressé, un journaliste mène l'enquête, aidé d'un aveugle. Tous deux découvrent que certains chercheurs de l'institut travaillaient sur le facteur XYY, soupçonné d'être présent chez les personnes enclines à la violence et à la criminalité.
Les Frissons de l'angoisse (1975), projeté en réédition. Un pianiste américain est témoin du meurtre d'une médium. Après avoir quitté la scène de crime, il a l’impression qu’un détail très important lui a échappé, la potentielle solution pour démasquer l'assassin, qui semble d'ailleurs s'en prendre à lui.
Suspiria (1977). Une jeune américaine arrive dans une prestigieuse école de danse à Fribourg où des phénomènes étranges et inquiétants se produisent, en lien avec une histoire de sorcellerie. Le réalisateur de Call Me By Your Name, Luca Guadagnino, est aux rênes d'un remake du film, avec un casting éclectique composé de Tilda Swinton, Dakota Johnson ou encore Chloë Grace Moretz.
Phenomena (1985). Une adolescente américaine arrive dans un pensionnat suisse pour poursuivre ses études. Lors d’une crise de somnambulisme, elle assiste au meurtre d’une étudiante. Parallèlement, elle développe un pouvoir extrasensoriel lui permettant d'entrer en communication avec les insectes.
Opera (1987). À la suite de la défection forcée de la cantatrice principale, une jeune chanteuse la remplace au pied levé dans le rôle-titre de Lady Macbeth, malgré la réputation de malchance qui hante le rôle. Elle devient évidemment la proie d'un mystérieux fan psychopathe avec lequel elle semble avoir un lien.
La rétrospective sur Dario Argento, proposée par Les Films du Camélia, est diffusée dans certaines salles pendant tout le mois de juillet.
Le remake du film Suspiria, par Luca Guadagnino, sortira le 7 novembre.