13 mai 2024

Cannes 2024 : les actrices-réalisatrices, stars du festival, de Noémie Merlant à Laetitia Dosch

Noémie Merlant, Céline Sallette, Laetitia Dosch ou encore Judith Godrèche… Au Festival de Cannes 2024, les actrices deviennent réalisatrices pour présenter des films loin du male gaze. Des aventures cinématographiques tout sauf anodines…

C’est l’une des tendances phares de ce Festival de Cannes 2024. Cette année, de nombreuses actrices présentent leurs films en tant que réalisatrices. Céline Sallette sera sur la Croisette pour défendre le très attendu Niki, un biopic sur l’artiste Niki de Saint Phalle, Noémie Merlant pour Les Femmes au balcon (qui se passe à Marseille, en pleine canicule), Laetitia Dosch pour Le Procès du chien et Ariane Labed pour September Says. Judith Godrèche dévoilera un court-métrage sur les violences sexuelles, Moi aussi. Et la présidente du jury est aussi une comédienne devenue cinéaste : Greta Gerwig

 

Noémie Merlant, Céline Sallette, Laetitia Dosch… Les actrices-réalisatrices, stars du Festival de Cannes 2024

Le phénomène n’est pas récent. Asia Argento, Valeria Bruni-Tedeschi, Nicole Garcia, Hafsia Herzi, Monia Chokri, Mélanie Laurent, Emmanuelle Bercot, Zabou Breitman, Sophie Marceau, Agnès Jaoui, Julie Delpy, Valérie Donzelli, Sandrine Kiberlain, Valérie Lemercier et Maïwenn sont toutes passées de la comédie à la réalisation. Mais le fait que de plus en plus de femmes passent derrière la caméra pour donner leur vision des choses, loin du male gaze, n’est pas anodine. Elle coïncide avec l’importance prise par le mouvement #MeToo. Les femmes ne veulent plus être les objets d’un regard ou d’un désir masculin mais proposer leurs propres récits et leurs héroïnes, souvent plus nuancées que celles nées de l’esprit d’un cinéaste.

La fin de l’actrice-femme objet aux mains d’un réalisateur tout puissant ?

 

Comme nous le disait récemment la réalisatrice Anissa Bonnefont : « Il y a eu aussi et il y a encore des hommes qui savent et qui aiment raconter les femmes merveilleusement. Il y a aussi de plus en plus de cinéastes femmes qui aujourd’hui commencent à prendre de la place et à représenter la femme différemment au cinéma. C’est rassurant d’être témoin de cela, même si on est encore très très loin de l’égalité femmes/hommes dans notre industrie. Aujourd’hui, on voit des films de réalisatrices où les femmes sont racontées dans toute la beauté et la puissance de leur complexité et il faut que ça arrête de faire peur. »

 

Avec l’avènement de figure de l’actrice devenue réalisatrice, il s’agit d’une manière d’entériner une ère de la comédienne-objet. De l’instrument aux mains d’un créateur tout puissant. Comme le disait l’actrice Juliette Binoche à propos de ces débuts dans le cinéma dans Libération : « Quand la jeune actrice, mutante, hésitante se donne à travers un rôle, elle se tend vers son réalisateur pour avoir son approbation. Entière, elle est à lui, à elle-même, au monde. Cette demande de la jeune actrice ne donne-t-elle pas l’illusion au cinéaste que tout est pour lui ? N’a-t-il pas perçu que cet extrême désir de l’actrice en cache un autre, qui n’est pas forcément charnel, mais invisible, intouchable, un désir d’absolu qui le dépasse et la dépasse ? » En 2024, en s’emparant d’une caméra, les comédiennes reprennent définitivement le pouvoir. De la même manière que lorsque Margot Robbie déclamait à la fin de Barbie (2023), dans une séquence métaphysique : « Je ne veux plus être une idée. »

 

Les films Niki de Céline Sallette, September Says d’Ariane Labed, Le Procès du chien de Laetitia Dosch, Moi aussi de Judith Godrèche et Les Femmes au balcon de Noémie Merlant sont présentés au Festival de Cannes en mai 2024.