À Paris, l’humoriste Dave Chappelle fait un show trash à l’américaine avec le gratin du hip-hop

À chaque Fashion Week parisienne, les superstars américaines créent l’évènement avec des apparitions savamment orchestrées. On a donc eu droit, cette semaine, à l’arrivée en grande pompe de Kanye West et de sa nouvelle dulcinée Julia Fox au défilé Kenzo, tous deux assis en front row avec les complices du rappeur, de Pharrell Williams à Tyler, The Creator. En parallèle des évènements mode de la semaine était programmé un spectacle qui a réuni autant de sommités du showbusiness : celui Dave Chappelle. L’humoriste et comédien américain qui a fait beaucoup parler de lui ces derniers mois parce qu’accusé de faire preuve de transphobie dans son spectacle The Closer – diffusé sur Netflix et visionné plus de dix millions de fois dix jours après son lancement le 5 octobre 2021 – est venu présenter, pour quatre dates, du 19 au 23 janvier, un one man show inédit.

 

Entre une apparition aux côtés de Naomi Campbell au défilé Dior Homme par Kim Jones et une autre, avec Kanye West (encore lui), dans une soirée organisée par Rick Owens, le comique américain a littéralement enflammé le Trianon. Enchaînant clope sur clope, la star amie des superstars déboule sur scène après une bonne heure et demi d’attente meublée par Jeff Ross (qui enchaîne les vannes sur sa judéité et les coucheries de la reine Elizabeth et du prince Philip) et Michelle Wolf (dont le spectacle aussi disponible sur Netflix compile des blagues ultra efficaces sur le concept très américain du vivre ensemble entre Noirs et Blancs). Il dégaine tout de suite, avec, à ses côtés, son acolyte Thundercat, bassiste chouchou du hip-hop américain : sur quelques accords, Dave Chappelle fait son entrée face à une assemblée aussi excitée qu’une bande de midinettes qui aurait croisé par hasard Justin Bieber au coin d’une avenue du 8e arrondissement. Bras levés, cris exhortés, applaudissements à n’en plus finir… Le public, composé à moitié d’expatriés américains et de français assez curieux ou passionnés pour débourser entre 120 et 150 euros pour un show de presque trois heures, exulte. Le comique donne tout de suite le ton : aussi célèbres que critiquées, ses blagues jugées transphobes ou homophobes continuent de peupler ses sketchs. 

 

Entre ses piques envoyées à Lil Nas X – de son homosexualité à son tube country planétaire Old Town Road (imitation à l’appui) – et celles, plus virulentes, lancées à Hannah Gadsby, une humoriste lesbienne australienne qu’il ne trouve tout simplement pas drôle, surtout lorsqu’elle le tacle, mais dont le spectacle, il est sûr, affichera complet dans cette même salle la semaine suivante, Dave Chappelle n’a rien perdu de sa superbe… ni de son piquant. Manifestement loin d’être sobre, le comique de 48 ans semble avoir bien bossé pour son passage à Paris, adaptant ses sketchs au public de bobos qui s’est offert une parenthèse onéreuse en pleine semaine de la mode. Il reste pourtant fidèle au traditionnel show à l’américaine : en guise d’interlude, il invite le duo Black Star, composé par les légendes du hip-hop Yasiin Bey (Mos Def) et Talib Kweli. La scénographie, quant à elle, se résume à la présence de Thundercat, sobrement assis sur une chaise, sur scène, durant tout le show. Le clou du spectacle : les sœurs Olsen débarquent à l’issue des trois heures pour un seflie très fashion victim. Adulé ou détesté, l’humoriste, en bon américain, tient à prouver qu’il est adoubé par une bonne (voire majeure) partie du showbiz. Et lorsqu’il rend hommage à Bob Saget, son ami comédien décédé début janvier, en diffusant l’un des derniers messages que ce dernier lui a laissé peu de temps avant de mourir, on atteint là l’apothéose du drama typiquement hollywoodien… Dave Chappelle, séchez ces larmes que l’on ne saurait voir : vous n’avez rien perdu de votre mordant.