7 mai 2021

7 films à ne pas manquer à la réouverture des salles

À quelques jours de la réouverture des salles de cinéma en France, dont la date a été fixée au 19 mai, Numéro a sélectionné des films qui lui sont chers, dont certains sont des nouveautés et d’autres sont des reprises, puisque déjà sortis sur une courte période en octobre dernier. 

1. Drunk (2021) de Thomas Vinterberg, en salle le 19 mai 

 

Labellisé “Cannes 2020” et vainqueur de l’Oscar du meilleur film international, Drunk a créé l’évènement cette année. En cause ? Le tandem génial formé par son réalisateur et son acteur principal, et la thématique qu’il aborde… Signé Thomas Vinterberg – légende du cinéma underground européen et instigateur, avec Lars von Trier, du courant cinématographique Dogme95, dans les années 90 –, le film danois qui met en vedette Mads Mikkelsen en prof de lycée complètement déprimé qui décide, avec trois de ses collègues, de boire de l’alcool chaque jour pour devenir plus créatifs, plus aimables et plus courageux a révélé un nouveau duo de cinéma éclatant. En effet, l’acteur révélé par les Pusher, de Nicolas Winding Refn, avait tourné une seule fois avec l’auteur de Festen, dans La Chasse – pour lequel il a d’ailleurs remporté le Prix d’interprétation masculine à Cannes. Avec Drunk, les deux hommes se retrouvent et l’alchimie est encore palpable à l’écran… À ce propos, Thomas Vinterbeg déclarera à Numéro lors d’un entretien : “Nous sommes devenu très proches sur ce tournage : son personnage est très vulnérable et je l’étais dans la vie à cet instant précis, ça a créé quelque chose de particulier…

 

Retrouvez l’interview de Thomas Vinterberg dans son intégralité. 

2. Falling (2021) de Viggo Mortensen, en salle le 19 mai

 

Sans cesse repoussé, lui aussi, pour cause de pandémie, le premier film de Viggo Mortensen en tant que réalisateur sortira finalement en salle le 19 mai. Labellisé “Cannes 2020“, il aurait eu beaucoup de chances de remporter la Palme d’or, si le festival avait vraiment eu lieu. Et pour cause : racontant la relation tumultueuse entre un père vieillissant et violent et son fils homosexuel, Falling est extrêmement puissant. Sans jamais céder au jugement, Viggo Mortensen cinéaste réussit à portraiturer l’immense écart entre deux générations, oppose brillamment conservatisme et progressisme et traite de la démence due à l’âge sans jamais tomber dans le misérabilisme. Une chronique familiale sensible et touchante, à voir absolument. 

3. ADN (2021) de Maïwenn, en salle le 19 mai

 

Dans ses films intenses et inventifs, Maïwenn transcende son vécu douloureux et joue volontiers avec le format de l’autofiction. Dernier opus de la réalisatrice et actrice, ADN la met en scène dans la recherche de ses origines algériennes, et croise son histoire personnelle avec des problématiques brûlantes de l’Histoire. À travers un personnage qu’elle incarne elle- même, le cinquième film de Maïwenn touche aux fractures intimes rouvertes à la mort de son grand-père algérien, il y a quelques années. Autour d’un casting puissant  – composé de Louis Garrel, Marine Vacth, Fanny Ardant et Dylan Robert –, la réalisatrice de Polisse et de Mon roi plonge dans un drame familial autour du deuil et de l’identité, avec sa franchise et son énergie coutumières. Déjà sorti fin 2020, le film est de nouveau disponible en salle dès le 19 mai. 

 

Retrouvez l’interview de Maïwenn dans son intégralité. 

 

4. Mandibules (2021) de Quentin Dupieux, en salle le 19 mai

 

Monde surréaliste, personnages monomaniaques et tendrement stupides, esthétique léchée qui semble tout droit sortie d’une époque bien définie – sans que l’on puisse pourtant la définir – Mandibules, en salle début 2021, contient tous les ingrédients du cinéma de Quentin Dupieux. En filmant le duo comique Grégoire Ludig et David Marsais du Palmashow, le cinéaste semble même avoir trouvé les héritiers d’Eric et Ramzy, filmés en 2007 dans Steak. Mais c’est une mouche géante trouvée dans le coffre d’une voiture qui vole la vedette. Quentin Dupieux a même tenu à ce que la mouche soit physiquement en plateau, animée par un marionnettiste à l’heure ou la modélisation 3D aurait pu faire le boulot plus tard, sur ordinateur. “Pour les comédiens, c’est très compliqué de jouer face à un coussin vert, je trouve ça très dangereux et, surtout, pas très intéressant” remarque Quentin Dupieux, qui opère ici avec la joie enfantine et l’esprit de bidouille de ses débuts. Produit par Hugo Sélignac, l’homme derrière nombre de succès du cinéma français, le film affiche un casting tout aussi étonnant que son intrigue, d’Adèle Exarchopoulos à Roméo Elvis. 

 

Retrouvez notre interview du producteur Hugo Sélignac dans son intégralité. 

 

 

5. À bout de souffle (1960) de Jean-Luc Godard, en salle le 19 mai

 

 

De tous les films affiliés à la Nouvelle Vague, À bout de souffle (1960) est celui qui a le plus changé le visage du 7e art. Profitant d’un petit budget et du quasi-anonymat des membres de l’équipe, Jean-Luc Godard s’offre pour son premier long-métrage une liberté totale de création. Parrainé par ses illustres collègues aux Cahiers du cinéma Claude Chabrol et François Truffaut – à qui l’on doit le scénario de cette fuite en avant de deux amants responsables de la mort d’un policier –, À bout de souffle connaît un succès immédiat à sa sortie. Encore inconnu avant le tournage, Jean-Paul Belmondo brille aux côtés de l’actrice Jean Seberg, inventant une nouvelle manière d’être séduisant, plus brutale, plus instinctive, qui contraste avec la beauté convenue des vedettes de l’époque. Extrêmement spontané, ce film ressort en salle le 19 mai dans une sublime version restaurée en 4K signée Carlotta Films.

6. Médecin de nuit (2021) d’Elie Wajeman, en salle le 16 juin

 

Dernier projet de l’auteur du très décevant Les Anarchistes (2015), Médecin de nuit est un immense film noir, qui brille par son suspense haletant, le jeu se son acteur principal et la justesse avec laquelle il aborde une thématique de société, le trafic de fausses ordonnances de Subutex. Mikael est un médecin parisien pommé, commettant l’adultère et qui passe ses nuits à aider les toxicos du 19e arrondissement. Embourbé dans un business louche avec Dimitri, son cousin, il se retrouve à devoir gérer les interlocuteurs de ce dernier, qui ne sont pas prêts à le laisse raccrocher… Porté par le génial Vincent Macaigne – et plus généralement, le trio qu’il forme avec Sara Giraudeau et Pio Marmaï –, Médecin de nuit est un long métrage quelque peu anxiogène et ultra condensé – l’intrigue se déroule sur une nuit à peine – qui procure de sensations pures de cinéma. 

7. Minari (2021) de Lee Isaac Chung, en salle le 23 juin

 

Produit par Brad Pitt, Minari a beaucoup fait parler de lui cette année. Le film, qui raconte l’enracinement d’une famille d’origine coréenne dans un coin paumé de l’Amérique a secoué les Oscars, où il a été nommé cinq fois et pour lequel l’actrice Youn Yuh-jung a remporté la statuette de la “meilleure actrice dans un second rôle”. Il faut dire que, bien qu’extrêmement sobre, le long-métrage autobiographique signé Lee Isaac Chung (à l’origine du film rwandais Munyurangabo, peu distribué en France) marque le spectateur. Portant à la fois sur l’intégration, sur la famille, sur l’immigration, sur l’Amérique puritaine et sur les problèmes liés à la fertilité des sols, Minari sublime le talent d’un cinéaste de l’intime, qui a tout pour devenir grand.