3 choses à savoir sur Drôle, la série de la créatrice de Dix pour cent sur l’univers du stand-up
Après le succès de Dix pour cent, Fanny Hererro revient avec une nouvelle série sur l’univers du stand-up, disponible ce 18 mars sur Netflix. Entre humour, diversité et jeunes talents, voici trois choses à savoir sur cette fiction de 6 épisodes qui s’annonce plein d’espoirs et de fraicheur.
Par Elliot Mawas.
“Six épisodes délicats et réjouissants”. C’est en ces termes que l’intransigeant quotidien français Libération décrit la dernière série de Fanny Hererro, projetée en ouverture du festival Sériemania, à Lille. Après le succès de Dix pour cent, la créatrice et showrunneuse revient avec un projet ambitieux et novateur : Drôle, une fiction s’invitant dans les coulisses de l’univers du stand-up et de ses acteurs. Elle expliquait d’ailleurs, lors d’une conférence de presse organisée par Netflix ce 10 mars, avoir eu envie de se détourner des agents pour s’intéresser aux artistes eux-mêmes et, selon elle, d’être au plus près d’eux dans leurs galères quotidiennes. Création originale française, la série de six épisodes sera disponible dans cent quatre-vingt-dix pays, traduite dans trente langues et ce, grâce au mastodonte Netflix.
Drôle, c’est un quatuor de “stand-uper”, leurs doutes, leurs galères, leur humour et leur volonté. Ils sont prêts à tout pour conquérir les planches parisiennes. Nezir vit dans un HLM de banlieue avec son père malade et multiplie les boulots pour s’en sortir. Aissatou, elle, est une jeune maman, projetée en un éclair dans la notoriété après des années de galère. Bling, fils d’immigrés vietnamiens a eu son heure de gloire mais a perdu le “mojo”. Appoline est issue d’une famille de la haute bourgeoisie, mais tourne le dos à son brillant avenir à l’École du Louvre pour monter sur scène. On les voit ainsi évoluer, dans un délicieux mélange d’amour et de rivalité, sur les planches du Drôle, un comedy club de la capitale, et dans leurs vies, faisant de leurs turpitudes personnelles des éclats de rire universels.
1. Un casting de nouveaux talents pour incarner une jeunesse diverse
“Tu connais un peu le stand-up parisien ?” La question de Gad Elmaleh a piqué de curiosité la jeune créatrice qui n’était jamais allée dans un comedy club. La voilà donc au Paname, lieu historique de la scène humoristique parisienne dont elle découvre avec admiration la diversité : “Pendant longtemps, l’humour était tenu par une petite poignée de gens et maintenant ce sont des jeunes gens, ce sont des filles, des garçons, ils ont toutes les couleurs de peau, ils viennent de toutes les origines et c’est cela qui est passionnant en fait ”, confie Fanny Herrero au micro de France Inter. Le projet est né dans un “espèce de choc affectif et professionnel”, comme une déclaration d’amour pour ce milieu d’artistes qui créent des liens et qui incarnent, par la diversité de leur parcours et de leur milieu, une sorte de portrait de la jeunesse française.
Pour incarner cette diversité, rien de tel que de nouveaux visages encore inconnus du grand public aux parcours aussi différents que leurs personnages. Si Mariama Gueye (Aïssatou) a déjà été aperçue sur nos écrans – au cinéma, dans Selfie et à la télé dans Gloria –, Younès Boucif (Nezir) est originellement rappeur, Jean Siuen a joué dans la série Un homme d’honneur (diffusée sur Disney+) et Elsa Guedj (Apolline) vient du théâtre (actuellement, dans A l’abordage ! d’Emmanuelle Bayamack-Tam). Malgré leur jeunesse, ces talents surprennent par leur naturel et leur fraicheur de vivre qui suinte de tous les côtés.
2 – Un beau travail d’équipe
Pour ce projet ambitieux, Fanny Herrero a su s’entourer d’une belle équipe. Elle a notamment fait appel à des professionnels de l’humour pour la partie stand-up tel que Shirley Souagnon (connue pour sa participation à On n’demande qu’à en rire), Fanny Ruwet (chroniqueuse et humoriste belge), Thomas Wiesel (humoriste suisse dont la tournée de son spectacle « Ça va » touche à sa fin) ; Jason Brokerss (humoriste, membre du Jamel Comedy Club) ou encore Marina Rollman (chroniqueuse à France Inter) qui font d’ailleurs quelques apparitions dans la série. Par ailleurs, la jeune créatrice a sollicité l’aide de deux metteurs en scène : Farid Bentoumi (réalisateur de Good Luck Algeria et de Rouge) et Bryan Marciano (réalisateur, scénariste et acteur de la série Vingt-Cinq sur OCS).
3 – Entre réel et fiction, apprendre à ne pas jouer
Si la showrunneuse voulait s’éloigner de l’ambiguïté vrai/faux qui caractérisait Dix pour cent et se plonger dans la fiction, sa phase d’immersion dans le milieu du stand-up lui a permis de l’ancrer dans un réalisme qui ajoute encore au naturel de la série. Le premier épisode montre une longue séquence où Nezir et son père peinent à trouver de l’argent. Pour être au plus près de la réalité, Fanny Herrero confie au Monde avoir appelé une amie d’enfance qui travaillait à la Sécurité sociale : “C’est très important : cette série raconte le monde contemporain et pour l’y ancrer, il faut des chiffres”.
Au-delà des parcours individuels des protagonistes, Drôle s’emploie à faire découvrir l’atmosphère et les coulisses de ce milieu, encore trop peu connu. Elle permet de comprendre le travail qu’il y a derrière les rires et la scène, l’importance de l’écriture et du peaufinage. Les comédiens ont été confiés à la coach Shirley Souagnon, qui a fondé et dirige le Campus On Time Comedy, avec un défi de taille : apprendre à ne pas jouer. Pas de personnage derrière lequel se cacher sur scène, c’est sa propre vie qui est mise à nu. Alors que la salle était fermée pendant la pandémie, le quatuor a ainsi découvert les surprises et le trac du one man show, avec des textes qui n’étaient pas les leurs et qu’ils ont donc dû s’approprier. “L’intérêt de l’humour, c’est de soulever les couvercles, gratter les plaies, s’amuser à partir de quelque chose de grave, un peu sérieux, un peu gênant, et d’amener de la légèreté et même de la trivialité”, résume Fanny Herrero.
Drôle (2022), de Fanny Herrero. Disponible dès vendredi 18 mars sur Netflix.