Philippine Leroy-Beaulieu : rencontre avec l’égérie L’Oréal Paris qui bouscule les clichés
Actrice française et icône de mode à l’aura internationale, Philippine Leroy-Beaulieu, nouvelle ambassadrice France L’Oréal Paris, revient sur son parcours, de ses débuts discrets à sa place dans Emily in Paris. Entre franchise et simplicité, elle évoque son rapport à la mode, à la beauté et à la célébrité.
propos recueillis par Léa Zetlaoui.
Philippine Leroy-Beaulieu, nouvelle ambassadrice France de L’Oréal Paris
Que L’Oréal Paris choisisse Philippine Leroy-Beaulieu comme nouvelle ambassadrice France n’a rien d’une surprise. Révélée à 22 ans par Trois Hommes et un couffin (1985), qui lui vaut une nomination au César du meilleur second rôle, elle poursuit une carrière discrète mais marquante. Elle va notamment collaborer avec des grands noms du cinéma européen tels que Roger Vadim, Jean-Jacques Annaud ou Andrzej Wajda.
Trente ans plus tard, Philippine Leroy-Beaulieu devient une icône pour une nouvelle génération. D’abord, en 2015, avec son rôle d’épouse bafouée mais jamais victime dans Dix pour cent, puis surtout grâce à Emily in Paris, lancée en 2020.
Autant adorée que critiquée, la série Netflix créée par Darren Star (Sex and the City) devient un véritable phénomène mondial. À tel point qu’aux côtés de l’actrice principale, Lily Collins, elle propulse certains talents français – dont Lucas Bravo, Camille Razat et bien sûr, Philippine Leroy-Beaulieu.
Dès lors, son personnage de Sylvie Grateau, directrice d’une agence marketing spécialisée dans le luxe, devient une figure incontournable d’Emily in Paris. Ni caricature, ni simple archétype de la “femme française”, elle séduit par son audace et sa complexité. Loin de la froideur qu’elle affiche en apparence au premier abord, elle révèle un mélange d’imperfection et de force qui fait toute sa richesse.
Grâce à son rôle dans la série, Philippine Leroy-Beaulieu s’érige en véritable icône de mode. Qu’elle soit désormais plébiscitée par des maisons prestigieuses comme Saint Laurent et Schiaparelli n’est pas un hasard. Ce qui la rend unique, c’est sa capacité à jouer avec les codes tout en restant fidèle à son caractère. Une élégance décalée et un glamour sans prise de tête.
Lors de notre rencontre à l’hôtel Lutetia, l’actrice de 61 ans nous séduit un peu plus par son humilité et sa franchise. Sans aucun doute, avec Philippine Leroy-Beaulieu, L’Oréal Paris n’aurait pas pu trouver meilleure ambassadrice.
L’interview de Philippine Leroy-Beaulieu
Numéro : Pourquoi avez-vous accepté ce rôle d’ambassadrice L’Oréal Paris ?
Philippine Leroy-Beaulieu : D’abord, j’étais très surprise qu’ils me le demandent. Ensuite, j’ai accepté car je trouve que c’est une belle maison qui donne la parole aux femmes et ce, d’une manière assez approfondie. Avec notamment plusieurs manières de communiquer. Et je trouve que c’est joli d’avoir l’opportunité de partager des idées et des points de vue.
Ça vous plaît qu’on vous donne l’opportunité d’exprimer vos points de vue ?
Oui, mais je n’aime pas m’exprimer à tort et à travers sur tous les sujets. Je ne suis qu’une actrice. Cependant, en tant que femme, ou simplement en tant que personne, il m’arrive parfois d’avoir des réflexions et des idées sur le monde.
Que représente ce rôle pour vous ?
Justement, peut-être que je pourrais m’engager à parler un peu plus. Mais je fais attention à ce que je dis, car nous vivons une époque où tout le monde s’exprime sur tout et n’importe quoi. Les propos sont repris, coupés et déformés. Il est donc essentiel de veiller à la manière dont on s’exprime et aux sujets que l’on choisit d’aborder. Je ne prétends pas maîtriser tous les problèmes du monde, mais lorsqu’on est curieux de la vie, on apprend certaines choses. Et il y a toujours quelques éléments que l’on peut partager.
Quelle valeurs et images associez-vous à L’Oréal Paris ?
Cette envie d’être aux côtés des femmes. Et aussi une exigence, qui se ressent jusque dans leurs produits.
Une vision personnelle de la beauté
Quelle est votre relation à la mode, la beauté et à l’image en général ?
Oui, mais ce rapport à l’image, à la mode et à la beauté, dans un sens purement esthétique, n’est important que dans mon travail. Cela étant, la mode a très tôt fait partie de ma vie car ma mère travaillait dans cette industrie. Mais j’ai eu un gros rejet. Forcément, quand on baigne dedans, il y a des moments où on n’en peut plus. Puis, c’est revenu avec mon métier, et surtout avec Emily in Paris.
Quelle est votre définition de la beauté ?
Pour moi, la beauté, c’est bien plus que de belles jambes ou une jolie bouche. C’est une attitude envers la vie, ce qu’on peut offrir. Les gens qui me touchent, ce sont ceux qui donnent. Je trouve que quelqu’un qui est bienveillant avec vous, qui vous apporte quelque chose ou qui vous fait du bien, est une personne belle.
Vous aimez chercher de la beauté autour de vous.
Je pense que ‘La beauté sauvera le monde‘. Et cette phrase de Dostoïevski a quelque chose de très juste. Finalement, la beauté, c’est dans le vrai, dans ce qui nous touche profondément. Parce que, quand c’est vrai, notre cœur le reconnaît
Sa relation avec la mode
Pour en revenir à votre mère, qui a donc travaillé dans la mode, quels conseils vous a-t-elle donnés en matière de style ?
Ma mère me disait souvent qu’il était essentiel d’avoir des basiques. Pour ensuite, s’amuser avec les accessoires. Et surtout, ne pas acheter des pièces qu’on va vite regretter au bout de quelques mois. Elle avait raison. Même si de temps en temps, on a envie de porter des looks un peu plus originaux, rien ne vaut un beau basique qui va durer dans le temps.
Comment est-ce que vous définiriez votre style au quotidien ?
Au quotidien, c’est un bon jean, une veste, une chemise et des chaussures dans lesquelles je suis confortable. C’est un style très simple, surtout par manque de temps, mais aussi parce que j’ai beaucoup d’événements pour lesquels je dois m’habiller.
Et pour un tapis rouge ?
Là, c’est autre chose ! Je travaille avec Clément Lomellini, avec qui je partage une vraie complicité, et surtout un sens de l’humour. On aime choisir des looks très beaux et féminins, mais toujours avec un petit twist. Il ne faut pas trop se prendre au sérieux avec ces robes glamour.
Sa carrière d’actrice et son rôle dans Emily in Paris
Vous faites partie des actrices à être toujours au premier plan et à prouver qu’il y a une vie et une carrière au cinéma après 50 ans. Comment est-ce que vous vivez ce rôle et le fait que ça vous arrive ?
Arrêtons de parler de tranches d’âge, car c’est cela qui nous enferme. La vie est un changement perpétuel : on n’est pas la même personne à 5 ans, à 10 ans, à 20 ans ou à 30 ans. J’ai commencé à travailler à 18 ans, traversant des périodes de succès et d’autres plus difficiles. Aujourd’hui, je vis à nouveau un très beau moment dans ma carrière, mais c’est arrivé par surprise, tout comme ma collaboration avec L’Oréal Paris. Peut-être que ces opportunités se présentent lorsqu’on est prêt à les accueillir. Et puis, on a toujours quelque chose à offrir. Les acteurs, après tout, sont souvent ceux qui donnent tout… jusqu’à leur dernier souffle sur scène.
Quand vous parlez de surprise, pensez-vous à Emily in Paris ?
Oui, c’est une vraie surprise de me retrouver dans la série Emily in Paris, un succès immense qui a changé ma trajectoire. Mais les acteurs travaillent sans relâche tout au long de leur vie. Certains projets rencontrent un succès fulgurant, d’autres passent inaperçus.
À quel point le personnage de Sylvie dans Emily in Paris vous ressemble ?
Elle ne me ressemble pas du tout, même si je lui ai donné quelques petits traits de ma personnalité, mais très peu. En réalité, elle me fait bien plus penser aux femmes que j’ai côtoyées à travers ma mère lorsqu’elle travaillait chez Dior. Ces figures des années 80-90, fortes et intransigeantes, qui cachaient derrière leur détermination une certaine peur. Sylvie, au fond, est une femme qui a peur.
Depuis Emily in Paris, comment sentez-vous que le public vous perçoit ?
En général, ceux qui n’aiment pas la série ne s’expriment pas. En revanche, ceux qui l’apprécient sont adorables et très enthousiastes. Ce qui m’a le plus surprise, c’est leur attachement à Sylvie. Au début, elle est pourtant une vraie ‘bitch’ ! Je ne m’attendais pas du tout à un tel engouement.
Au fur et à mesure de la série, on perçoit chez elle une fragilité très attachante.
Oui, mais dans les deux premières saisons, elle est quand même assez impitoyable ! Ce n’est que plus tard qu’elle gagne en nuance et en complexité.
L’évolution du personnage vous plaît-elle ?
Oui, ça me plaît beaucoup. Elle ne va pas s’arrêter d’être qui elle est. Au contraire, elle va en remettre une couche. Mais aussi, j’aime bien qu’elle soit un peu plus sexy.
Aimez-vous Paris autant qu’elle ?
Oui, j’adore Paris. Plus je voyage, plus je mesure la chance que j’ai d’y vivre. Il y a tant de choses merveilleuses dans cette ville !
Une partie de la dernière saison a été tournée à Rome. Êtes-vous heureuse de ce changement de décor ?
Oui ! Et nous y retournons bientôt, ce qui me ravit. J’ai un attachement profond pour Rome, la ville de mon enfance. D’autant que mon père a eu des enfants italiens, j’y vais donc souvent. Mais oui, ça me rappelle toujours des souvenirs quand je suis là-bas.
Pourriez-vous nous parler de votre prochain film, 100 Days ?
Je joue la mère du navigateur brésilien Amyr Klink. Il est le premier à traverser l’Atlantique Sud à la rame dans les années 80. Et depuis, il est devenu un héros national. Nous avons tourné au Brésil, et le film se déroule sur le bateau pendant qu’il rame. Mais il y a beaucoup de flashbacks qui expliquent pourquoi il a fait cette traversée. Et mon personnage l’encourage énormément. C’est une mère très aimante et très douce. Rien à voir avec Sylvie !
Ça vous plaît de jouer des rôles aussi différents ?
Nous, les acteurs, on aime ça. Jouer des personnages très différents. C’est pour ça qu’on fait ce métier. En réalité, tous les acteurs adorent et détestent rejouer des personnages qui ont eu du succès.
Emily in Paris, disponible sur Netflix. 100 Days, prochainement au cinéma.